Une ganaderia inédite en France, voilà qui avait de quoi attirer l’attention des aficionados. Ajoutez-y la présence du presque local Thomas Joubert, celle d’Ivan Fandiño, peu vu dans nos contrées et celle de Paco Ureña, auteur d’une temporada intéressante, l’ensemble explique un taux de remplissage confortable des gradins.
Hélas, la course n’a pas tenu ses promesses, à cause d’un bétail de joli contenant mais de pauvre contenu. Ces toros de Mollalta, d’origine Torrealta, bien présentés, manquèrent tous de race et distillèrent l’ennui sur les étagères. Fort heureusement le sixième exemplaire de la devise, un manso con casta exagérément primé de la vuelta al ruedo, réveilla les aficionados et permit à Thomas Joubert de signer un nouveau succès.
Ivan Fandiño est passé par Saint-Gilles sin pena ni gloria. Face à son premier, il dessina quelques véroniques et demie de bonne facture avant d’envoyer son adversaire vers le cheval pour deux piques de moyenne intensité prises sans s’employer. La faena ambidextre qui suivit fut des plus correctes, le torero d’Orduña prenant quelques précautions en début après un extraño du Mollalta qui s’éteignit au final. Entière contraire après manoletinas de clôture, trois descabellos. Salut au tiers.
Le castaño sorti en quatrième position afficha, comme les deux suivants, une présentation supérieure, mais au niveau du contenu, le compte n’y était pas. Une unique rencontre sans grande intensité avec le lancier après quelques véroniques, puis une faena, brindée au ganadero, qui fut, comme la première, d’un niveau satisfaisant mais sans approcher, loin s’en faut, l’excellence. La fadeur du Mollalta n’ajouta rien à l’ensemble. La lise à mort plus rapide par entière caida et descabello fit apparaître un mouchoir au palco. Pourquoi pas ?
Paco Ureña est passé lui aussi sin pena ni gloria. Le garçon fut transparent, alignant des passes avec application sans que rien ne monte en direction des gradins, sauf une sensation d’ennui qui dut en faire bailler plus d’un. Il est vrai que l’opposition fut si insignifiante que l’ensemble résulta soporifique. Peu à signaler lors de la réception du premier qui prit une pique sans entrain, fit une vuelta de campana avant un quite du titulaire par véroniques, puis chargea de façon désordonnée au dernier tiers. Tardo sur les sollicitations, il accélérait sur les muletazos pour aussitôt après se remettre sur sa réserve. Ureña s’appliqua, laissant quelques muletazos de bonne facture dans un ensemble bien terne. Mansote, le bicho se dégonfla au final et lorgna vers les planches. Très long à cadrer après un pinchazo, il reçut ensuite une ration de fer atravesada et perçante vite enlevée par un peon. Entière contraire après deux pinchazos, descabello après que le puntillero ait relevé le bicho. Silence.
Ce ne fut guère mieux face au quinto. Ras au capote puis une unique ration de fer prise en cognant dans le matelas. Enfin une seconde faena ambidextre tout aussi dénuée d’intérêt que la première et qu’il serait fastidieux de décrire. Entière en place pour refermer la page. Salut.
Thomas Joubert sembla, lors de son premier combat, voué au même sort que ses compagnons de cartel. Gêné par le vent, il chiffonna ses véroniques, puis signa un quite par chicuelinas et revolera entre deux piques insignifiantes. Débutée par une passe cambiada, la faena fut contrariée par le vent et par les charges désordonnées du Mollalta. Thomas s’appliqua mais ne parvint à faire décoller son travail. Mise à mort un peu longuette par pinchazo suivi de deux naturelles de face (!!) puis deux autres pinchazos, demi-lame en place et deux descabellos. Salut.
La tarde semblait bien compromise quand le dernier toro entra en piste. Morphologiquement différent de ses frères (on eut trois physiques différents sûrement donnés par trois sementales : identiques les trois premiers, puis les 4° et 5°), il le fut aussi par son comportement. Après quelques véroniques, il mit les reins lors de la première rencontre lorsqu’il sentit le cheval en déséquilibre, finissant par le renverser. Ce manso con casta se réserva ensuite, obligeant Olivier Riboulet à passer les lignes, ce qui ne fut pas du goût du public qui hua à tort le picador lors de sa sortie. A noter que lorsqu’il sentit la morsure du fer pour la deuxième fois, le bicho s’enfuit à l’opposé du lancier. Entre les deux piques, l’arlésien composa un quite par tafalleras et faroles alternés. Débutée par derechazos de rodillas, la faena eut un impact certain sur des gradins maintenant réveillés. Thomas baissa joliment sa main gauche tandis que l’orchestre entamait « Caridad del Guadalquivir », une marche précédemment jouée pour Enrique Ponce à Istres lors de la lidia du cinquième toro. Porté par la musique et par son public, le garçon joua lui aussi sa partition, toréant le corps relâché, la main basse, à droite comme à gauche, mêlant avec bonheur classique et fioritures (cartucho de pescao, circulaires inversées), se perdant un moment dans son toreo pour se retrouver l’instant d’après par des derechazos de face. Une lame quasi-entière après pinchazo fit apparaître deux mouchoirs au palco, une récompense que l’on ne saurait contester. Nous n’en dirons pas autant du mouchoir bleu qui les accompagnait. Un palco qui s’est sûrement laissé emporter par l’euphorie générale …
Nouveau succès pour Thomas Joubert qui sortit logiquement par la Puerta Grande des arènes Emile Bilhau. Souhaitons que cette grande porte lui ouvre celles d’autres plazas, le garçon le mérite !
Note.
- Le baryton Frédéric Cornille interpréta l’Air du Toréador lors du paseo et la Messe Sévillane à l’issue de la lidia du troisième.
Reseña et photos : Paco.
Le matin s’est déroulée une classe pratique avec des élèves du CFT.
Face à des erales de Los Galos (Marie Sara), El Péré et Nino ont coupé une oreille tandis que Pierre Mailhan et Solalito faisaient une vuelta.