La traditionnelle Tourada du 15 aout mettait à l’affiche deux jeunes cavaliers espagnols qui effectuaient leur présentation en France. Heureuse initiative que cette programmation qui permet au public de voir de nouvelles têtes et à ces jeunes rejoneadors de s’exprimer.
Deux personnalités différentes : Juan Manuel Munera a été formé initialement chez Mendoza avant de suivre les conseils actuellement de Ventura. C’est dire l’empreinte que ces deux mentors peut avoir sur le style de ce jeune garçon. La qualité de sa cavalerie est assez impressionnante, on y retrouve des chevaux du fer du Navarrais. Il y a même des fils de Chenel ou de Donnatelli. Il possède également des éléments qui portent la marque de Ventura, pour preuve un gris pommelé arabisé utilisé pour la salida de son deuxiéme opposant.
Je voudrais retenir quelques détails concernant ce jeune cavalier au style classique. Notamment avec un bel isabelle avec lequel il posa les deux premières farpas de poder à poder en donnant le maximun de chance à son premier toro. Un noir de banderilles nous rappela Chenel dans ses déplacements latéraux ainsi que dans ses approches de face. Certes Juan Manuel n’a pas atteint la perfection de ses célèbres mentors mais il a la volonté de bien faire.
Sébastian Fernandez, avec un style plus campero, n’a pas démérité. Ses chevaux sont en majorité des croisés dont le type se retrouve dans les chevaux de doma vaquera. Son équitation est aussi imprégnée de cette culture traditionnelle andalouse. Je veux garder en mémoire la démonstration à la garrocha qui précèda la salida de son deuxième bicho.
Il brinda à Laury Tisseur et reçut a porta gayola avec la garrocha. Spectaculaire poursuite de plusieurs tours de piste à la limite de la chute tant le toro poussait fort. Farpas et banderilles en main il sera moins classique mais tout aussi efficace.
Seul bémol, qui a été un dénominateur commun aux deux cavaliers, ce sont les farpas qui ne pénètraient pas le cuir du toro et qui pouvaient passer aux yeux du public pour de la maladresse lorsque les harpons se trouvaient au sol. Il me souvient avoir subi le même inconvénient en Arles dans les années 80 alors que je toréais un exemplaire de Pinto Bareiro de 630 kg. Il faut savoir que le matériel portugais est fourni par l’organisation à l’inverse des caisses de rejones qui sont la propriété des rejoneadors. J’ai vu passer dans le callejon un harpon tordu et qui semblait mal aiguisé….
Les toros de Los Gallos étaient bien présentés, entre 450 le premier et 520 Kg pour le dernier. Ils ont donné un jeu différent, souvent brusques, un peu quérenciosos, se laissant faire pour certains, sans être des plus pratiques. Le meilleur fut le quatrième. Le cinquième fut toréé por collera par les deux cavaliers qui ont respecté, en partie, les règles. Seul le cavalier qui est dans l’action doit être armé.
Bonne prestation des Forcados du Ribatejo qui ont réussi de belles pegas par trois fois à la première tentative et deux fois au second essai.
Dans le callejon, un spectateur de marque en la personne du colonel Patrick Tessereinc, en vacances dans la région. L’écuyer en chef du Cadre Noir semblait suivre attentivement les débats de sa première Tourada.
En résumé bonne soirée, avec des gradins bien garnis, pour cette unique corrida portugaise de la saison dans le sud-est.
Reseña : Freddy Porte. Photos : Martine Clément.
Diaporama : Jean-Paul Chambon (JP Camargue)