Arènes pratiquement combles, soleil parfois voilé et température agréable avec une légère brise, deux heures vingt-cinq de spectacle.
Six toros de Los Galos (Marie Sara), lot inégal, le premier, quatrième et cinquième, sans surcharge pondérale et plutôt anovillados et avec de la faiblesse, les trois autres d’un gabarit plus acceptable et d’armure très honnête. Tous une pique prise avec une belle bravoure pour certains à l’image des deuxième, quatrième et dernier. A la muleta d’une belle noblesse, généralement toréables tout en gardant un certain piquant.
- Thomas Joubert (bleu marine et or), au premier, un pinchazo, un quart de lame, silence ; au quatrième, une entière, avis, silence.
- Thomas Dufau (rouge vif et or), au deuxième, une entière foudroyante, une oreille ; au cinquième, une entière, cinq descabellos, avis, salut. Récompensé du prix du meilleur quite pour ses chicuelinas au cinquième toro.
- Mathieu Guillon «El Monteño» (blanc et or), au troisième, une entière rapide d’effet, une oreille; au dernier trois-quarts de lame, applaudissements.
Après une alternative mouvementée et une absence de plusieurs années des arènes Mathieu Guillon revenait en costume de lumières sur le sable de Villeneuve-de-Marsan. Un pari du président Jacques Grué et de ses amis… Mais un pari réussi qui a permis à un jeune torero d’espérer une belle carrière malgré ses premiers déboires.
Mathieu Guillon, un garçon qui est tout de suite apparu bien dans sa tête, contrôlant ou assumant les moindres détails de ses combats. Les pieds bien au sol, le compas ouvert, il attend à la cape son premier adversaire, un des lourds de la course, pour lui servir trois ou quatre véroniques très lentes et profondes… Un autre torero que celui que l’on croyait connaître.
Fini les hésitations passées. Il se saisit des banderilles pour une pose parfaite et un violin spectaculaire… Il le prouvera par la suite, le torero n’a rien perdu de son pouvoir avec les bâtonnets.
Ce premier toro, qu’il brinde à Jacques Grué, il l’attaque par une séduisante série à droite. Rien de spectaculaire, mais une série de passes lentes, muleta très basse, et données avec suavité et harmonie. A gauche, c’est un peu plus compliqué. Mais dans l’ensemble le lot de Los Galos n’avait rien d’intéressant sur cette corne. Brouillon par instants, il se rattrape en deux ou trois muletazos… Une excellente épée : voilà enfin l’oreille dont rêvait Mathieu.
Les choses seront plus compliquées avec l’animal de clôture, mobile, rapide, violent et agressif à sa sortie. Mais pas un instant Mathieu ne se laissera impressionner, que ce soit par le gabarit ou la charge. On pouvait espérer un grand moment, mais une vuelta de campana lors du tercio de piques est probablement à l’origine d’un toro qui finit tardo, qui fuit la muleta et se défend seulement dans sa querencia où Mathieu Guillon lui volera une série. Les Landes possèdent un deuxième torero. Désormais, c’est aux arènes à l’inviter !
Thomas Joubert qui avait ouvert la tarde s’est montré en petite forme. Beaucoup avaient le souvenir d’un torero fin, combattif et aux gestes précis. Thomas Joubert n’est jamais parvenu à trouver le sitio… Accroché à la cape et plusieurs fois à la muleta, le garçon a réduit à néant les quelques bons moments qu’il a su dessiner. Certes un premier adversaire compliqué à souhait sur la main gauche lui permet de se rattraper sur l’autre main… On retiendra de sa sortie, une excellente série de statuaires et de passes changées qui ouvraient sa dernière sortie. Il y eut aussi quelques muletazos très lents et harmonieux, mais on attendait plus.
Thomas Dufau se promenant dans son jardin ! Sûrement pas. Il aborda cette course avec un étonnant tercio de cape, des véroniques efficaces ralentissant la charge du fauve. Un festival surligné d’une série de chicuelinas. Puis s’ouvrit une faena d’un grand classicisme sur la main droite. Mais du beau Thomas Dufau, avec temple, sérénité, saupoudrant un peu d’émotion avec quelques passes changées dans le dos. Il devait espérer beaucoup du dernier «Los Galos» qu’il reçut dans un crépitement de véroniques entrecoupé d’une larga à genoux. Le toro ne lui a pas permis la faena qu’il espérait. Il a tout fait pourtant pour arracher les dernières passes à un tardo qui s’éteignait et tentait un dernier recours avec une série de derechazos sans épée… ces naturelles de la main droite popularisées par Joselito.
Mais à l’arrivée une course soutenue… avec un élevage parfois compliqué.
Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.
Reportage photos : Romain Tastet.