Cinquième et dernière corrida de feria, arènes combles, soleil et température agréable, deux heures quinze de spectacle.
Six toros de Miura parfaitement présentés, toujours très solidement armés, de deux à trois piques, quatrième et dernier, toutes prises avec bravoure et souvent avec force. Très compliqués à la muleta.
- Fernando Robleño (marron et or), au premier, une entière, silence ; au quatrième, un pinchazo et un mete y saca, salut et ovation. Son banderillero, Raùl Ruiz salue aux banderilles.
- Javier Castaño (bleu marine et or), au deuxième, une demi-lame tendue, trois quarts d’épée basse et un descabello, silence ; au cinquième, un quart de lame, une entière, quatre descabellos, silence.
- Alberto Lamelas (blanc et or), au troisième, un mete y saca, un pinchazo, une entière, avis, silence ; au dernier une entière, une oreille.
Il est des après-midi héroïques, des moments où le courage le dispute à la mort, des corridas qui entrent dans la légende par la seule vaillance de leurs acteurs. C’était dimanche, pour la dernière corrida de la Feria de La Madeleine, à Mont-de-Marsan avec un certain…
Alberto Lamelas, prince du « pundonor » Car il en fallait, avec de la volonté, et même une certaine dose d’inconscience, pour affronter et surtout faire plier ces Miura échappés de l’enfer. Par deux fois Alberto attend ses adversaires a porta gayola. Les choses se passent bien avec « Taladito » et à l’issue du farol il dessine un merveilleux tercio de cape où il parvient par moments à retarder la charge du fauve… Un long brindis avant une interminable faena qui a pu paraître laborieuse par instants mais qui était celle du bien vouloir faire.
Deuxième porta gayola de la course, toute aussi réussie, mais dans les véroniques qui suivent on sent Lamelas un peu moins maître, il est hâtif dans ses passes et ne voit pas qu’à chaque figure il se fait enfermer sur les planches. Soudain c’est le choc, le torero monte sous le coup de frontal, retombe lourdement, groggy, puis est repris au sol. Il s’en tirera bien. Des blessures superficielles au visage, dans le dos et à l’épaule. Comme les héros d’antan Lamelas reprend le combat. A chaque passe, il avance d’un pas. Jamais il ne reculera devant ce monstre de près de 600 kilos. Il fait face à tous les moments, essuyant de temps à autre, d’un revers de main, des gouttes de sang qui envahissent son visage. Alberrto Lamelas semble transfiguré, sur une autre planète où il est bien décidé à remporter la victoire. Soudain il se profile, s’élance et enfonce une magistrale épée. Une oreille de celles que l’on qualifie de vérité, une oreille que Lamelas conserve avec ferveur tout au long de sa vuelta alors que la foule scande « Torero, torero… »
Le petit andalou est entré dans la cour des grands, s’imposant par son courage et sa technique devant de redoutables Miura. Il a gagné son pari de faire plier le diable.
Fernando Robleño, dans de beaux instants de courage, ne parvient pas à trouver la bonne distance avec le Miura. A chaque passe il est obligé de reculer et abrègera rapidement son premier combat. Un deuxième adversaire d’enfer, long lourd, interminable qui s’offrira un petit tour de callejon. Les choses sont aussi compliquées. On a l’impression qu’il faut sauver sa vie à chaque passe, mais maintenant il ne recule plus. Le public a compris toute la valeur de cette faena.
Javier Castaño a souvent forcé le respect mais sans trouver la réussite… Mais pourquoi ces rares sifflets que l’on a pu entendre ? C’est de l’admiration que l’on aurait dû manifester devant ce courage sans faille. Toutefois, lors de sa seconde apparition, Castaño arrachera, volera une extraordinaire série sur la gauche, puis progressivement il finira par s’imposer sur le Miura qui l’obligera toutefois à respecter les règles de prudence.
Une excellente course de Miura avec tous les ingrédients que l’on attend de cet élevage de légende et de référence.
Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.
Reportage photos : Romain Tastet.