On exclura de ce titre un peu réducteur Guillermo Valencia qui assura sa place et se montra le plus aguerri des trois garçons.
Aguerri il fallait l’être face à des novillos de Manuel Vinhas (origine Santa Coloma via Joaquin Buendias) qui ont occupé le terrain, peu décidés à s’y laisser dominer par les piétons. A ce jeu donc, seul le jeune colombien Guillermo Valencia a pu jouer et gagner, le catalan Abel Robles et le vénézuélien Sébastian Castillo (dont c’était la première novillada piquée, à … 29 ans !!!) se montrant bien trop verts pour l’épreuve.
Le premier novillo de cette matinale fut un peu long à se fixer dans le capote de Guillermo Valencia et n’y entra que pour quelques véroniques éparses et une revolera. Par contre il entra dans le peto avec beaucoup de force lors de la première rencontre, levant le groupe, manquant de désarçonner le lancier et cassant les planches sous cette grosse poussée. Il s’assagit lors du second passage par le cheval après quelques hésitations. Bon début de faena du colombien par passes hautes templées puis un trasteo ambidextre de bonne facture où le garçon sut templer les charges de son opposant et judicieusement baisser la main par moments. Final par statuaires et entière delantera pour expédier le Vinhas. Salut après arrastre applaudi.
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C’est par deux largas cambiadas de rodillas que Guillermo salua le quatrième avant de se relever pour trois bonnes véroniques et demie. Le Vinhas fuit après une première pique sur le côté et le picador dut le coincer en carioca pour lui administrer deux rations de fer supplémentaires.
Bonne faena ensuite du colombien qui débuta à droite par trois séries bien construites, passa ensuite à gauche pour un travail à l’identique, l’ensemble agrémenté de bons pechos et autres desprecios bienvenus. Deux demi-lames tendidas et deux descabellos mirent un terme à la vie publique du novillo. Salut.
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Abel Robles sut placer quelques bonnes véroniques, demie et revolera lors de la réception du second qui poussa lui aussi le chaval jusqu’aux planches lors de la première rencontre, provoquant une demi-chute que picador et monture surent maîtriser. Suivirent trois nouvelles rencontres avec le lancier, les trois en partant du centre : pique correcte pour la seconde, trasera pour la troisième et picotazo pour le final.
Le catalan (qui n’est plus très jeune pour la catégorie – 26 ans) doubla bien son adversaire avant d’entamer sur la droite une faena qui tourna court après trois séries, l’essai à gauche s’avérant peu concluant. Le bicho semblait distrait, sortant de la muleta sans s’y fixer, regardant de tous côtés sans sembler s’intéresser à son adversaire. Un moment d’inattention du garçon nous montra que c’était faux. Ramassant une banderille pour la jeter plus loin, Robles perdit de vue un instant le novillo qui en profita pour le charger, lui faisant faire une belle voltereta qui fort heureusement n’eut pas de conséquences. C’est l’épée en main que le garçon afficha son peu d’expérience, entrant une demi-douzaine de fois a matar sans succès. Vint le troisième avis et le catalan dut laisser son adversaire rejoindre le toril sous l’ovation. Silence par la suite.
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Après quelques capotazos, le cinquième se jeta au cou du cheval par deux fois, recevant au passage un picotazo, puis une pique plus appuyée. Une troisième rencontre compléta ce premier tiers. Salut du banderillero (Diego Veloso ?) à l’issue du second tiers. La faena qui suivit se dilua dans une certaine médiocrité, le garçon faisant passer son adversaire sans lier les muletazos et gardant, notamment à gauche, une certaine distance de sécurité entre lui et son adversaire. Silence après une lame entière.
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Sebastian Castillo nous donna quelques inquiétudes lorsqu’il intervint pour un quite au second. Sa maladresse évidente sauta aux yeux de tous, et le public se demanda ce qu’il allait advenir de lui au troisième. Fort heureusement pour le garçon le troisième Vinhas se jeta contre les planches en rentrant dans le ruedo, les cassa et pénétra dans le callejon dont il ressortit très vite grâce à la présence d’esprit du portier qui lui donna la sortie vers le ruedo en quelques secondes. Suivirent des véroniques guerrières avant deux piques (une de trop) dont la première sans mise en suerte. Affaibli par ses exploits précédents, le bicho chuta à plusieurs reprises et le travail du vénézuélien s’en trouva facilité, car on se demande ce qui se serait passé si le Vinhas avait gardé tout son potentiel. Faena ambidextre volontaire, à mi-hauteur vu le contexte, et d’un niveau honorable conclue par une entière delantera latérale après pinchazo. Silence.
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Castillo donna quelques espoirs en gagnant du terrain sur les premières véroniques de réception du sixième, terrain qu’il perdit en une fraction de seconde, reculant puis jetant le capote pour fuir plus vite. Bonne poussée du Vinhas sur la première pique latérale terminée en carioca, puis une seconde puya trasera pour terminer le tiers. Techniquement trop juste, le vénézuélien ne sut peser sur son adversaire, à droite comme à gauche, et le novillo finit par lui venir dessus. Moins chanceux qu’avec le troisième, il ne parvint à loger une entière contraire qu’au troisième assaut, les deux essais précédents le voyant jeter les armes à chaque fois. Silence.
Une novillada qui aurait pu revêtir beaucoup plus d’intérêt si des lidiadors avaient été en poste.
Reseña et photos : Paco.