Novillada-concours sans picadors avec des élevages du Sud-Ouest. Grosse demi-arène, température un peu fraîche à ne pas mettre un Mexicain (la famille Lagravère) dehors, et pas d’avantage un Gascon… Mais ils étaient tous là pour deux heures quinze de spectacle.
Successivement en piste, un Astarac (J-L Darré) plutôt bien et compliqué, un Lartet (Paul et Jérôme Bonnet) pas facile, mais de belle noblesse ; un Malabat (Pascal Fasolo) bien présenté, un peu de faiblesse malgré une bonne présence en piste ; un Alma Serena (Les frères Bats) plutôt agréable, un Camino de Santiago (J.-L Darré), complet, agressif et noble, sans faiblesse, vuelta al ruedo et un Casanueva (José et Guillaume Bats) de noblesse conquérante… Tous d’une présentation parfaite, excellente image de marque pour l’élevage du Sud-Ouest.
- Baptiste Cissé (rouge et or), au premier (Astarac), une entière, une demi-lame, un descabello, salut ; au quatrième (Alma Serena), une demi-lame, deux descabellos, oreille.
- Andrés Lagravère « El Galo » (tabac blond et azabache), au deuxième (un Lartet), une entière, deux demi-lames, deux descabellos, silence ; au cinquième (Camino de Santiago), une entière, un descabello, deux oreilles et vuelta au toro.
- Antoine Madier (marron et or), au troisième (un Malabat), deux pinchazos, trois-quarts de lame, deux entières, un descabello, silence ; au dernier (Casanueva), deux entières, trois descabellos, une oreille et vuelta au toro.
Le prix du meilleur novillo partagé entre le Camino de SAntiago et le Casanueva.
André Lagravère «El Galo» a hombros sur les épaules de Bernard Ducousso pendant que Jean-Louis Darré et Guillaume et José Bats se partageaient le prix du meilleur novillo, dernières images de la novillada sans picadors concours de Castelnau-Rivière-Basse. Une rencontre qui, avec les quatre derniers erales, Malabat, Alma Serena, Camino de Santiago et Casanueva a pris une dimension rarement atteinte au cours des dix dernières années. Trois oreilles, deux au Camino par André Lagravère et une au Casanueva par Antoine Madier, la novillada de Castelnau a éclaté et demeurera dans les anales.

Baptiste Cissé ouvrait la course qui ne commençait pas sous les meilleurs auspices. L’Astarac qu’on lui proposait, un sérieux gaillard à en faire reculer beaucoup. Mais Baptiste demeura présent, sachant baisser la main et tirant de longues séries avec certaines passes éternelles, ou presque. Une faena un peu morne dont il se rachetait avec son second adversaire, d’Alma Serena. Bon tercio de cape où il gagnait du terrain avant de se positionner en vainqueur aux banderilles. Sa faena n’innovait pas, mais elle était construite avec rigueur et précision parfaites au point de déclencher la musique et de permettre à Baptiste de se faire de grands plaisirs sur la main gauche. En fait un moment taurin parfait.

El Galo le talonnait. Les deux ados de la novillada de Vic-Fezensac se retrouvaient. Le franco-mexicain, très appliqué devant un premier adversaire compliqué (Lartet), démontrant les immenses recours dont il a le secret, se réservait pour sa seconde sortie… un véritable feu d’artifice. L’imagination à la base des toutes ses séries, presque toujours applaudies. Enorme dans ses naturelles, incroyable dans ses pechos… disons aussi que son adversaire, un Camino de Santiago, avaient toutes les qualités pour lui permettre ce toréo d’enfer. Andrés nous a fait pleurer de bonheur, tant on était heureux de le voir toréer avec autant de plaisir et de réussite. Dans le dernier pli de la muleta de ce garçon, alors que plus rien ne devrait exister, il sait extraire un ultime geste, un dernier moment qui font de lui le grand torero que l’on espère et il partagera sa vuelta avec Jean-Louis Darré, l’éleveur.

Antoine Madier…. Attention, je suis là j’arrive. Car bientôt il faudra compter avec le protégé de Patrick Varin. Il n’y a pas de tercio où Madier ne soit pas intéressant. Avec un Malabat, bien présenté et avec beaucoup de présence, il se situe au-dessus du toro sans toutefois le maîtriser totalement. Mais lorsque sort cet excellent Casanueva, Antoine Madier comprend qu’il a de l’or dans la muleta et il ne tarde pas à le transformer en vermeil, avec ses inimitables changements de mains. C’est un véritable sorcier qui est sur le sable de Castelnau… Mais son toro, ce beau Casanueva a sa part du succès qui finalement sera distingué du mouchoir bleu pour une vuelta. Et l’on verra Antoine et José Bats partager une sympathique vuelta. Et toujours, en mémoire, Antoine qui tire chaque passe jusqu’au bout de la figure. A droite à gauche, peu importe, il s’offre quelques figures sans l’épée. Nous ne savons pas jusqu’où ira Antoine… Mais hier il a franchi le péage de l’autoroute du succès.

Qui peut affirmer que l’on ne croisera pas bientôt sur une autre planète, Galo et Antoine ? Et pour la remise des prix, surgit, tel un petit diable, Adrien Salenc pour une nouvelle touche à cette novillada.
Reseña et photos : Jean-Michel Dussol