Aire sur l’Adour. 19 juin. Lamelas s’impose dans la course du danger et de la peur.

unnamed-2Arènes Maurice-Lauche, autour d’une demie entrée, temps nuageux, deux heures cinquante de spectacle.

Trois toros de Juan-Luis Fraile et quatre de Palha, le Fraile sortant en troisième position changé pour faiblesse par un Palha. Les deux fers particulièrement difficiles et apres. Toros dangereux et assassins de une à deux piques, le quatrième, un Palha, trois châtiments. Charges violentes et généralement braves. A la muleta les deux fers furent compliqués et souvent intoréables.

  • Luis Miguel Encabo (bleu ciel et argent), au premier, un quart de lame et quatre descabellos, silence ; au quatrième, une demi-lame, un pinchazo, une entière, deux descabellos, silence.
  • Antonio João Ferreira (rouge et argent), au deuxième, une entière silence ; au cinquième, un mete y saca, une entière, silence.
  • Alberto Lamelas (bleu marine et or) au troisième, trois-quart de lame, un descabello, avis, salut ; au dernier, une demi-lame, quatre descabellos, deux avis, silence.

unnamed-3Lourde, pesante, par moments angoissante, cette corrida d’Aire-sur-l’Adour qui voyait le retour sur le sable d’Alberto Lamelas… Avec un grand cœur et beaucoup de conviction qu’il a chaque fois manifesté cape en main, parvenant à canaliser la violence de ses deux adversaires, deux toros de Palha, son premier, un Fraile ayant été renvoyé au corral pour faiblesse. Pas rancunier Alberto, qui a brindé son premier toro à l’éleveur français Couturier assis en barerra. Si par moments Alberto parut débordé par le Palha de réserve, vraiment rien d’étonnant tant la mala casta s’échappait des naseaux de l’animal. Mais Lamelas eut le mérite de parvenir à s’imposer ou d’en donner l’impression. Un combat de courageux, mais qui ne fut rien à côté de la rencontre suivante. Dernier toro, un Palha aux aspects de Saltillo avec lequel il allait longuement se jour la vie. Un faena de courageux dans une lutte mortelle. Dur tout de même à supporter et soulagement lorsque l’animal s’écroula. Mais Lamelas n’aura pas manqué son retour, s’inscrivant définitivement dans la cour des belluaires capables de se rire des cornes les plus agressives.

unnamedUn calme à faire pâlir les plus sages… débordant de tranquilité et jamais, ou presque ne reculant. Luis Miguel Encabo fut l’autre grand de cette course. Sa quiétude pouvait passer pour de l’indolence. Non, il était chaque fois dans une attitude calme devant les cornes, que ce soit avec le Fraile, aux allures parfois décastées, ou avec le Palha, un toro avec lequel il sut rompre le combat dans d’élégants et impressionnants pechos. Une de ces faenas à l’ancienne, un peu difficile à suivre et à apprécier pour un public de fête. Mais l’aficionado aura reconnu le courage et le pundonor d’un torero exceptionnel.

unnamed-1Antonio João Ferreira torée trop peu souvent un bétail pareil, l’enfer sur terre, pour finir en vainqueur. Chaque fois il aura été appliqué, très technique, mais obligé de rompre avec le Fraile sorti en cinquième, lui aussi de caste douteuse. Mais le garçon aura eu le courage de lui servir quelques naturelles, moments quasi-suicidaires.

Dimanche dans les arènes d’Aire les cornes des Fraile et des Palha ont déclenché un vent de peur et d’horreur, mais pas un des trois toreros n’aura cédé à la panique, la course du courage.

Reseña et photos : Jean-Michel Dussol

Reportage photos : Romain Tastet.