Joaquin Galdos avait dû rêver mieux que ce qu’il a vécu pour son alternative istréenne qui sur le papier pouvait paraître prometteuse, tant au niveau des partenaires que du bétail.
Hélas Eole s’invita au débat, et de toros il n’y eut point. Le lot d’El Pilar, juste de présentation, commode (voire douteux) d’armures, s’avéra invalide et insipide, l’un découlant peut-être de l’autre. Ne parlons pas des piques qui furent, une fois de plus symboliques, pour ne pas dire inexistantes.
Le toro de la cérémonie, « Buscagna« , n° 25, 535 kg sur la romaine, né en juin 2011, était un toro haut, au couvre-chef court. Il enferma Galdos dans les barrières dès la réception, lequel gagna ensuite le centre par des capotazos brouillons et guère dominateurs. Après une longue conversation avec son parrain, le jeune péruvien traversa la piste pour brinder à son père le premier toro de sa jeune carrière. Le Pilar avait une bonne dose de noblesse et Galdos en profita sur les deux bords, plus peut-être à droite où les muletazos furent d’un meilleur niveau. Le garçon sut allonger le bras pour donner par moments plus de fond à ses passes, terminant par esthétiques doblones genou plié. Un trasteo de correcte facture qui aurait pu être crédité de la première oreille de sa carrière de matador. L’épée en décida autrement : deux metisacas dans le flanc, puis une trois-quart caida limite bajonazo firent s’envoler tout espoir de trophée, limitant la récompense à un salut au tiers.
Le sixième toro goûta à de bonnes véroniques de réception lentes et templées rématées par demie, puis s’échappa des leurres pour un picotazo sur le picador de réserve et une « punition » identique sur le titulaire. Après un quite par chicuelinas et revolera, Galdos s’appliqua à faire garder l’équilibre à son opposant, lequel fut à plusieurs reprises près de choir. Quelques bonnes tandas droitières assorties de quelques naturelles correctes malgré un parcours plus limité à senestre. Entière caida pour la conclusion. Salut.
Le second était un invalide que José Maria Manzanares reçut par quelques véroniques et demie avant un picotazo sans mise en suerte. Le reste ne fut que génuflexions et chutes entrecoupées de quelques derechazos. Rien à faire. l’alicantin abrégea notre pensum d’une entière delantera et récolta quelques palmas (sûrement pour nous avoir débarrassé assez vite de l’ectoplasme).
Accueilli à l’identique, le quatrième n’était guère plus gaillard, mais la technique affirmée de Manzanares (habitué à ce genre d’exercice) parvint à le faire tenir sur ses aplombs. Douceur dans les gestes, muleta à mi-hauteur, le garçon toréa intelligemment et on aurait pu apprécier davantage si l’opposition avait été plus conséquente. Malgré le vent gênant, les détails entre-aperçus furent savoureux, notamment une tandas droitière qui sembla arrêter le temps. Beau recibir en place. Oreille.
Alberto Lopez Simon est prévisible pour qui l’a déjà vu toréer, car il propose la même faena à tous ses adversaires. Après véroniques de réception pieds joints, demie et revolera, le torero présenta le bicho au cheval que, surprise, il parvint à lever. Ce ne fut ensuite que généflexions multiples, au point que le public refusa le brindis du garçon. La faena d’infirmier qui suivit fut plus adressée au public qu’au toro, Lopez Simon jouant dans le répertoire tremendista une partition à laquelle les tendidos furent sensibles, au point de lui faire accorder une oreille (protestée quand même par certains) après les manoletinas finales.
Le cinquième reçut le même accueil et fit dans la foulée une vuelta de campana dont il sembla se remettre assez vite. La suite nous prouva que non. Après quelques séries de derechazos entrecoupées de chutes, le Pilar se cassa la patte avant droite. Le torero abrégea d’une entière tendida complétée par un descabello. Salut depuis le callejon.
Une corrida à ranger très vite dans les tiroirs de l’oubli !
Reseña et photos : Paco.