Contrairement à leurs précédentes sorties madrilènes qui avaient redonné de l’intérêt pour la ganaderia, les toros de Saltillo n’ont pas fait hier honneur à leur devise, se montrant compliqués, mansos, fuyards, le quatrième illidiable étant même condamné aux banderilles noires.
Le ton fut donné par le premier de la tarde, un animal manso qui ne laissa que bien peu d’options à Sanchez Vara qui à force d’insistance laissa ça et là quelques muletazos isolés. Silence après une lame habile.
Le quatrième fut le prototype du manso intégral, compliqué et dangereux. Il vint sur l’homme dès les premières passes, puis sauta au cou du cheval sans laisser au lancier la possibilité de le piquer. Le président le condamna aux infamantes banderilles noires que le subalterne Raul Ramirez posa avec habileté. Dans l’impossibilité de composer une faena, Sanchez Vara se montra professionnel, positionnant très vite le bicho pour l’estocade. Bronca au Saltillo et palmas pour le torero.
Alberto Aguilar toréa en premier un toro qui afficha son caractère de manso dès le premier tiers, se montrant à peine plus mobile sur la corne gauche lors d’une faena à base de muletazos isolés dont certains de bonne facture malgré les conditions. Silence après échec aux aciers.
Le quinto ne valut guère mieux. De charge décomposée, sans humiliation, il s’afficha lui aussi manso au cheval puis très exigeant au dernier tiers. Le madrilène, vaillant et volontaire, se joua la peau devant les cornes, parvenant à lier quelques bonnes séries, droitières notamment, sans obliger son adversaire. Salut après un nouvel échec lors de la suerte suprême.
Le troisième fut dans la ligne générale de l’encierro : manso, chargeant par fusées, tête haute, s’intéressant à tout sauf aux étoffes, fuyard. Bref, toute la panoplie du toro illidiable. José Carlos Venegas ne se laissa pas impressionner et fit le maximum, tirant quelques muletazos estimables sur la corne gauche. La mise à mort fut compliquée, le Saltillo refusant de baisser la tête, d’où une demi-lame et quelques essais infructueux de descabello. Après deux avis, le torero reprit l’épée pour une estocade trasera et tendida. Le troisième avis sonna lorsque le garçon reprenait le descabello et c’est entouré des cabastros que le toro quitta les lieux pour finir sa vie dans l’ombre. Le public ovationna Venegas qui salua depuis le callejon.
Le sixième resta dans la tonalité de l’ensemble. Fade, compliqué, gardant la tête haute, il retint ses charges et n’offrit rien au piéton. Ce dernier tenta l’impossible avec professionnalisme puis renonça, jugeant avec raison qu’il n’était pas nécessaire de s’exposer pour rien. Silence.
(Photos : Julian Lopez – aplausos.es)