La tarde d’hier à Madrid est de celle qu’on peut qualifier d’historique.

Madrid avait failli enlever la vie à David Mora, Madrid a ressuscité le torero presque deux ans jour pour jour (20 mai 2014) après sa grave blessure par un toro d’El Ventorillo, une corrida cauchemard où le spectacle avait été arrêté après la mort du second toro, les trois diestros ayant fini à l’infirmerie.

C’est par une belle ovation à l’issue du paseillo que David Mora fut accueilli, le public l’appelant à saluer. Grand moment d’émotion partagée, signe que l’aficion sait reconnaître les siens.

Puis la tarde débuta par la lidia d’un premier Alcurrucen exigeant et encasté qui demandait un torero en pleine possession de ses moyens. Diego Urdiales répondit présent, mais ne fut pas vraiment à la hauteur de la rencontre, ne laissant que des muletazos isolés faute d’un réel engagement, très sûrement atteint par le doute. Ce toro, meilleur sur la corne droite, resta donc en partie inédit. Silence.

Le quatrième par contre était manso et distrait. Sans options, le garçon abrégea. Nouveau silence.

Pour son retour à Madrid, David Mora eut la chance de croiser « Malagueño » n°1, un negro chorreado de 563 kg, né en septembre 2010, brave au cheval et profond à la muleta. Il ne la laissa pas passer, dessinant de bons capotazos pour la réception, puis répondant par gaoneras et brionesa au quite de Roca Rey qui officia par saltilleras.

Brindée à l’équipe médicale, la faena débuta de façon dramatique, Mora subissant une voltereta lors d’une passa cambiada. Moment d’une intensité dramatique énorme qui fit remonter à la surface de bien mauvais souvenirs.

Heureusement, le torero indemne se releva et poursuivit son travail, dessinant une faena inspirée, profonde, liée. Bref, tout y était jusqu’à l’estocade finale en se jetant sur l’animal qui vint mourir à ses pieds. Vuelta pour le brave « Malagueño » et deux oreilles pour David Mora. Puerta Grande !

Hélas le garçon ne put récidiver face au quinto, un toro compliqué qui protesta dans les étoffes. Labeur digne du torero qui termina d’une estocade correcte. Silence.

Andrés Roca Rey avait tiré au sort un premier toro mobile qui chargeait avec transmission bien que sans grande classe. Le péruvien livra une faena volontaire, soutenant l’attention du public qui salua le travail du garçon par une belle ovation.

Le sixième était un animal compliqué et Roca Rey livra un nouveau combat volontaire et valeureux, s’imposant avec autorité à son adversaire. Faena toute d’engagement mais sans pouvoir briller. Silence après un bon coup d’épée.

(Photos : Ferdinand De Marchi)