Soleil et vent entre parenthèses. Une demi-arène. Seule corrida de Pentecôte au déroulement classique, enfin.
Véritable bouillabaisse de Mac-Domecq de Daniel Ruiz et de Torrealta de fond de tiroir, qui ont marché sur leur langue. Une partie du public a d’ailleurs réagi, certains ayant déployé une banderole “A quand des toros à Nîmes ?”.
Sébastien CASTELLA hérite d’un castaño de la ganaderia Daniel Ruiz déjà faible qui prend deux piquettes dans le dos. Pendant le quite de Miguel Angel PERERA, le cornu s’affale de nouveau et également pendant le tercio de banderilles. Le biterrois débute à droite mais son adversaire s’écroulant à nouveau il décide d’abréger par une demie concluante. Arrastre sifflé et enfin une bronca réclamant de vrais toros.
Son second est un Torrealta negro au petit cul dont il ne tire pas grand-chose au capote. Deux piques insignifiantes et un quite par chicuelinas et une revolera. Le toro chute aux banderilles. Sébastien CASTELLA tente de construire une faena majoritairement droitière souvent accrochée et finalement brouillonne, malgré une amélioration à la fin. Musique. Un avis, une entière plate et une oreille en solde, à peine réclamée par le public.
Le premier Daniel Ruiz de Miguel Angel PERERA est un tostado gras, arrêté, dont le maestro ne tirera pas grand-chose au capote. Vrai manso, il va prendre trois touchettes à la cavalerie. Quite de Andrés ROCA REY. Brindis au public. Il débute muleta main droite et genou ployé. Il va servir à ce véritable saucisson une tauromachie bien parallèle abusant du chasse-mouche et autres redondos. Le choix de la présidence de lancer la musique va être en partie hué. Il en finit par une entière d’effet long. Un avis. Arrastre sifflé et petit salut au piéton.
Son second Daniel Ruiz est un toro extrêmement quelconque qui va prendre deux piques symboliques et en sortant effectuer une vuelta de campana. Le péruvien ROCA REY réalise un quite. Une deuxième vuelta de campana aux banderilles réduit le tercio à deux paires. Brindis au public. Sans aucune originalité il commence sa faena par cambiadas et divers derechazos. On notera quelques moments furtifs sur la droite en début de faena. Rien à gauche et deuxième série droitière quelconque. Il réduira les distances à l’extrême avant une entière. Un avis et deux oreilles venues d’une autre planète. La présidence est en partie conspuée.
Andrés ROCA REY, auréolé de son triomphe de Madrid, était très attendu mais n’a pas forcé son talent avec son moche castaño commode d’armure, de chez Daniel Ruiz. Deux semblants de piques. Quite de Sébastien CASTELLA et quite de Andrés ROCA REY en réponse par gaoneras et une revolera. Brindis au public. Lui aussi débute par deux cambiadas. Deux derechazos et un pecho lancent la musique. Il continue par molinetes et redondos, le toro en reste arrêté. Quelques passes à gauche hors du sitio. Il en conclut par un laid metisaca dans les poumons. Arrastre sifflé à juste titre. Salut.
Son second est un Torrealta, véritable barrique bordelaise de 536 kg, qui s’affale déjà avant la sortie des lanciers. Deux vaccins de circonstance. Il débuta muleta main droite et pieds joints, mais le toro roule encore par terre. L’animal se décompose et, devant une tauromachie très superficielle, il a une charge courte, se défend sur place et finit par accrocher le péruvien au-dessus du genou. Lancement de la musique, très vite arrêtée face aux protestations du public. Le torero, restant sur le voyage, en termine enfin par une entière. Silence et bronca du public, gavé par la grande faiblesse des toros.
Cette corrida était une vraie punition pour tout aficionado a los toros, elle a enterré le toro-toro à Nîmes pour porter en triomphe la tauromachie spectacle où l’animal n’est qu’un faire-valoir.
Reseña : Christophe Dumond.
Photos : Jean-Pierre Souchon.