La corrida des Valverde, célébrée hier sous la pluie, nous ramena quelques années en arrière à l’époque où les toros du célèbre curé construisirent leur légende sur les bords du Gardon.

Les pupilles de Jean-Luc Couturier, outre leur remarquable présentation, ont maintenu un intérêt constant durant les trois heures que dura cette corrida, un spectacle où les Valverde actuels affichèrent cependant plus de noblesse que leurs aïeux. Il fallait simplement se mettre devant et ne pas douter, et à ce jeu la terna du jour fut à la hauteur des circonstances, trois garçons qui jouèrent leur peau avec une loyauté et une vaillance qu’on ne peut que louer.

Octavio Chacon, peu vu par chez nous, s’est montré lidiador confirmé et chef de lidia exemplaire, toujours présent où le besoin se faisait sentir. Il accueillit ainsi le premier toro du jour par des véroniques de bonne facture rématées genou à terre avant de le présenter par deux fois au cheval, jetant le groupe équestre au sol en le prenant par devant lors de la première rencontre puis poussant un peu mais sans vraiment s’employer sur la suivante. Après un quite par chicuelinas, le garçon mit à profit la noblesse du Valverde pour dessiner une bonne faena ambidextre où il courut bien la main, étirant ses bras pour donner une grande ampleur à ses muletazos. Bon trasteo du torero qui acheva par manoletinas avant de loger une entière en place après demi-lame et pinchazo, sortant bousculé  du troisième assaut, taleguilla déchirée. Oreille.

Le quatrième, bien accueilli par véroniques et revolera, s’avéra mansote au cheval, venant une première fois se faire trouer le cuir en deux endroits (pique trasera repositionnée plus avant), s’élançant une seconde fois et sortant seul après picotazo, cognant sans s’employer lors de la troisième rencontre. Il mit ensuite les banderilleros en difficultés en envoyant les cornes à chaque passage des piétons. Bien doublé par le bas, il fut ensuite conduit avec autorité dans plusieurs grandes séries droitières entrecoupées d’une brève série de naturelles. La musique vint tardivement et le garçon se sentit alors un peu obligé de poursuivre sa faena, toujours sur la corne droite, paraphant son travail par trois statuaires. Demi-lame en place après estocade sous-cutanée. Quatre descabellos. Silence après deux avis. Un garçon à revoir !

Le second toro de Valverde se jeta sur un burladero dès son entrée en piste et se brisa probablement la colonne vertébrale. Puntillé en piste, il fut remplacé par un sobrero du même fer.

Après réception par véroniques, Alberto Lamelas mena le 2°bis vers le lancier qui lui administra trois rations de fer. Le valverde poussa sur les deux premières, mais ne s’employa pas sur la troisième prise en venant du centre.

Après avoir doublé par le bas, le torero débuta par quatre séries droitières de bon niveau avant de passer sur la corne gauche pour deux séries de naturelles de facture équivalente. Désarmé sur la troisième, il revint sur la corne droite pour quatre manoletinas et un pecho avant de conclure par quasi-entière delantera et descabello. Malgré la pétition, le palco refusa de concéder un trophée. Quel manque de jugement quand on voit avec quelle facilité sont accordées les oreilles à des figuras qui ne verront jamais pareils adversaires en face d’elles. Vuelta fêtée.

Alberto revint tout aussi motivé face au cinquième qu’il reçut par bonnes véroniques et demie, le plaçant ensuite devant le uhlan pour deux piques sans s’employer et un picotazo sortant seul. Les cinq séries droitières qui suivirent furent toutes sincères avant un passage à gauche pour deux séries de naturelles du même tonneau. Hélas le garçon un instant quitta des yeux son adversaire, lequel en profita pour le charger et lui infliger une cornada derrière la cuisse droite (20 cm avec lésion de la saphène et d’autres vaisseaux). Octavio Chacon liquida le mauvais coucheur d’une entière en place au quatrième assaut.

Javier Cortes reçut par bonnes véroniques et demie le troisième Valverde qui vint fort dans le peto lors de la première rencontre mais qui s’y employa peu, revenant pousser un peu la pièce montée au second assaut. Alors que le toro était mis en suerte pour une troisième pique, le palco arrêta le tiers (nouvelle erreur de jugement pour le palco).

Après un quite par trois chicuelinas et demie, le madrilène débuta par statuaires une faena ambidextre de correcte facture face à un bicho qui chargeait à mi-hauteur et qui se dégonfla en fin de trasteo. On gardera pour le souvenir une naturelle lumineuse. Hélas Javier pincha par deux fois avant de laisser une demi-ration d’acier trasera et tendida. Salut au tiers après descabello a recibir.

Le dernier Valverde de la course, après quelques capotazos corects, prit deux piques sans vraiment s’employer, la seconde après maintes sollicitations. Dans la muleta le bicho se montra violent et de  charge incertaine, jouant des cornes, tricotant à droite comme à gauche. Face à la difficulté, Cortes s’arrima, tirant de méritoires muletazos sur les deux cornes avant d’en finir difficilement d’une quasi-entière tendida après pinchazo suivie de huit descabellos. Silence après deux avis.

Les deux toreros restants sortirent sous les applaudissements d’un public respectueux des efforts accomplis. L’authenticité de la Fiesta était hier dans les arènes du Tempéras. On attendra avec impatience la prochaine sortie des pupilles de Jean-Luc Couturier qu’il convient d’associer à l’hommage rendu aux trois toreros.

Reseña et photos : Paco.