Un temps incertain avec quelques gouttes en cours de corrida, mais heureusement pour les organisateurs, le soleil fit quelques apparitions et les aficionados qui garnissaient aux deux tiers les gradins ont pu assister au spectacle dans de bonnes conditions.

Le festejo du jour opposait six élevages tricolores à une terna composée par le sévillan Salvador Cortes, le natif de Cadiz Perez Mota et l’arlésien Roman Perez. Les conditions d’une corrida-concours, bien que baptisée competencia, étaient en place avec un picador situé à l’opposé du toril et des marques sur le sable pour positionner les toros de loin en loin.

Des piques il y en eut près d’une quinzaine, trop peut-être pour certains cornus qui accusèrent une baisse de régime au dernier tiers, le quatrième, des Héritiers de Christophe Yonnet, sortant même handicapé d’une première bien trop appuyée.

Salvador Cortes débuta la tarde par la lidia d’un toro des frères Tardieu. Après réception quelconque, le bicho prit trois piques dans un bon style avant de se ressentir un peu du châtiment dans la muleta du sévillan qui cria beaucoup (c’est pénible), dessina quelques tandas correctes de la droite et se croisa peu sur le bord opposé, ne profitant pas à fond des qualités de noblesse et d’humiliation du Tardieu qui aurait mérité meilleur sort. Salut après une trois-quart latérale.

Le second adversaire de Cortes était un toro des Héritiers de Christophe Yonnet. Après correctes véroniques et demie de réception, le torero l’envoya vers le cheval pour une rencontre bien poussée mais très longue et assassine dont le bicho sortit très diminué (en a-t-il eu peur ?). Muleta en mains, le sévillan dessina une faena ambidextre de note très moyenne (quelques détails cependant quand le diestro courut la main) conclue cependant par une bonne lame. Silence.

Perez Mota fut pour moi le torero le plus séduisant du cartel. Il reçut ainsi son premier adversaires, des frères Jalabert, par de jolies véroniques et demie, mais ne parvint pas ensuite à le garder dans le capote pour le mettre correctement en suerte face au picador, d’où une première puya trasera en partant seul vers le lancier, puis une seconde tout aussi approximative. Le bicho manso et distrait lorgna de plus en plus vers les planches au point d’y entrainer le torero qui dut le toréer en querencia quand il ne tournait pas les talons, refusant le combat. Face à ce bicho fuyant, le garçon arracha quelques derechazos et parvint non sans mal à tirer quelques naturelles de bonne facture. Demi-lame delantera et descabello pour envoyer le Jalabert (sifflé à l’arrastre) vers les prairies célestes et salut au tiers pour le piéton.

RAS au capote face au Pagès-Mailhan sorti en cinquième position, puis un bon tiers de varas avec un Francisco Vallejo très motivé qui piqua très bien par quatre fois l’animal positionné de plus en plus loin de sa monture, un toro qui cependant afficha plus de sentido et de méchanceté que de réelle bravoure. Musique et ovation à la sortie du uhlan. Débutée sur la droite par des séries de bonne facture, un peu précipitées et maladroites certaines au point de s’envoyer un peu le bicho dessus. Il se fit notamment serrer une paire de fois, le sentido prenant le dessus, le Pagès-Mailhan se retournant plus vite et les cornes se faisant chercheuses. Mais le torero ne se dégonfla pas et alla chercher à gauche une valeureuse série de naturelles. Après une dernière série à droite de qualité, Perez Mota parapha son trasteo d’une demi-lame en place et se vit octroyer un double trophée (peut-être un peu généreux mais logique après l’oreille accordée à Roman Perez. Il fallait bien marquer la différence). Vuelta au toro (un peu généreuse vu les raisons précédemment citées) et salut du ganadero Pascal Mailhan.

Roman Perez tomba sur un premier toro noble et maniable, porteur du fer des frères Gallon, qui offrait ses oreilles sur un plateau pour qui était capable de les lui ravir. Après quelques véroniques, chicuelinas et demie, il s’élança vers le cheval pour une première pique bien administrée où il poussa un peu mais dont il sortit seul avant d’y revenir pour une seconde ration correcte. Quite de Roman Perez par navarras et demie, puis une troisième rencontre en partant du centre. Brindée à Marco Leal, la longue faena ambidextre fut des plus profilée, l’arlésien mettant une grande distance entre lui et son adversaire. L’ennui s’installa sur les gradins, le bicho se dégonfla en fin de faena. Bref, rien de palpitant si ce n’est la grande estocade qui coucha le Gallon, justifiant peut-être l’oreille locale accordée au garçon.

Le Granier qui clôturait la tarde sortit du toril en affichant des problèmes de coordination dans ses déplacements. Accueilli par une larga de rodillas au fil des planches et quelques capotazos sur le voyage, il fut maintenu en piste et son fond de race le fit aller de l’avant malgré le petit handicap affiché. Après deux piques et deux bonnes paires de banderilles de Morenito d’Arles (appelé à saluer), Roman Perez nous servit le même trasteo que précédemment, alignant des muletazos distanciés sans parvenir à susciter le moindre intérêt dans les gradins. Le bicho aurait mérité meilleur sort. Pinchazo, tiers de lame, six descabellos. Silence après deux avis.

Sortie a hombros pour Perez Mota.

Reseña et photos : Paco