Journée fraiche, plutôt froide, plus de nuages que de soleil et de ciel bleu. Bonne entrée, matin et soir pour le 22ème Bolsin du Cercle Taurin Soledad.
A l’issue des éliminatoires du matin avec dix vaches, intéressantes et parfois exceptionnelles de Jean-Louis Darré participaient à la finale de l’après midi avec cinq novillos remarquables, admirablement présentés de José Cruz :
- Rocio Romero (Cordoue, bleu et azabache), une entière, silence. Elle quitte le concours.
- David Salvador (Salamanque, bleu et or), au deuxième, une entière, trois pinchazos, une entière, salut avec de rares applaudissements ; au quatrième, deux entières atravesadas, un mete y saca, deux pinchazos, un quart de lame, neuf descabellos, deux avis, silence.
- Antoine Madier (bleu évanescent et or), au troisième, un quart de lame à recibir, un quart de lame, salut ; au cinquième une entière d’école, une oreille et vuelta au toro.
Vuelta du torero et du ganadero, Rafael Cruz.
Antoine Madier du Centre français de tauromachie (CFT) de Nîmes est devenu, dimanche 24 avril, le vainqueur du vingt-deuxième Bolsin de Bougue. Mais la décision fut longuement discutée. Les organisateurs du bolsin penchaient pour une non-attribution du prix mais le jury, émanation des cinq arènes qui vont embaucher le vainqueur dans leur novillada sans picadors, ont obtenu ce vingt- deuxième prix pour Antoine Madier.
Dès le matin, lors des éliminatoires, l’élève du CFT s’était montré parmi les meilleurs, le plus détendu avec une tauromachie naturelle. Certes il avait toréé la meilleure vache du Camino de Santiago de Jean-Louis Darré, une colorada magnifique qui allait revenir au cheval sans se faire prier, et à trois reprises, de très loin et avec un excellent galop. Il exploitait parfaitement son immense noblesse, avec beaucoup de profondeur. Ce fut un des grands moments de la tienta. Aussi était-il naturel de le retrouver en finale. Il était entouré de Rocio Romero, une jolie blondinette à la queue de cheval tressée au cordeau. Profondément sympathique, mais un peu débordée par son adversaire et perdant souvent du terrain. Venait ensuit David Salvador, un pamplonais, excellent élève de son centre de formation, mais manquant d’imagination et peut-être un peu de sens du toro.
Avec les excellents erales de José Cruz, l’après-midi, on a retrouvé les jeunes toreros du matin, mêmes qualités, mêmes faiblesses.
Pour la Cordouane Rocio Romero, un jeu de cape très étriqué et un peu d’aisance sur la main droite. La volonté de bien faire, mais souvent débordée avec un adversaire, tout de même très compliqué. Manifestement elle manquait de technique, ne serait-ce que pour trouver un bon sitio. Elle quittait la finale à l’issue de ce novillo, les deux garçon ayant à se départager avec deux erales.
Avec le premier, David Salvador perdait beaucoup de terrain à la cape. Il se rattrapait à la muleta et avec beaucoup de maîtrise parvenait à toréer sur un tout petit terrain. Une mise à mort calamiteuse le privait du moindre espoir de trophée. Il signe quelques bonnes véroniques avec son second, se met en valeur à la muleta, surtout sur la main droite, mais reste en-dessous de cet immense novillo qui revenait sans cesse avec une immense noblesse… Là aussi il perdait toute chance de trophée.
Antoine Madier, parfaitement conseillé par Patrick Varin, a fait beaucoup plus que de profiter de la malchance de ses compagnons. Avec son premier, il dessinait enfin les premières véroniques dignes de ce nom, amples, interminables, et ralentissant la charge de l’adversaire. A la muleta, avec une tranquillité déconcertante, il citait de loin, mettait en valeur cet excellent eral, montrait souvent beaucoup de recours comme un vieux briscard de la tauromachie. Il se régalait ensuit sur la main gauche. Emporté par l’euphorie, il tentait un recibir un peu hasardeux. Dommage ! Il recommençait sur le même rythme, avec un même style, avec le très noble dernier. Toujours ces cites de loin, cette aisance naturelle, mais sûrement, ce qu’on lui reprochera à la fin, de ne pas assez peser sur le novillo. Antoine Madier a le temps de se faire et de s’accomplir au cours de cet été qui s’annonce. Ne boudons pas notre plaisir, il y a là un beau vainqueur du Bolsin de Bougue. En dehors des arènes associées, il a déjà un contrat en poche pour une plaza plus modeste. Une dernière image, Rafael Cruz faisant la vuelta avec Antoine Madier.
Qu’il continue sur cette voie et l’on reparlera d’Antoine, on ne peut pas toujours demander aux jeunes d’un bolsin de toréer comme un maestro d’alternative.
Reportage : Jean-Michel Dussol
Les participants au bolsin :
- Jean-Baptiste Molas (Dax école du Puerto de Santa Maria)
- Fernando del Rocio (Ecole de Camas, Séville)
- Antoine Madier (CFT de Nîmes)
- Juan Antonio Romero (Colmenar Viejo)
- El Azabache (Ecole taurine d’Arles)
- Cristobal Reyes (Jerez de la Frontera)
- Rafael de Lucas (Arles)
- Rocio Romero (Cordoue)
- David Salvador (Salamanque)
- Clément Argous (Adour Aficion)