Après un début des plus moroses, la Feria d’Avril de Séville connaît un final triomphal avec des succès qui s’enchaînent, parfois où on ne les attendait pas.
Hier, Séville a assisté au come-back d’un torero qui, après une grave blessure et un retour placé sous le signe de l’empathie du public, vivotait (tout est relatif car ses temporadas étaient tout de même bien remplies) dans des cartels populaires. Après la terrible cogida de Zaragoza, on avait suivi pas à pas les progrès réalisés à force de courage et de volonté par le « cyclone de Jerez » qui était revenu sur le devant de la scène handicapé mais toujours positif dans son comportement. Un exemple !
Le garçon avait occupé les avant-postes de l’escalafon (curiosité malsaine ou capital sympathie, ou les deux à la fois ?) avant de poursuivre (voire de se laisser enfermer) dans ce que j’appelle des cartels « populaires », des affiches grand-public pas forcément du goût des aficionados de verdad, souvent en compagnie de toreros comme El Fandi ou El Cordobés peu goûtés par les amateurs cartésiens que nous sommes (d’où leur présence discrète, voire leur absence des affiches tricolores).
Juan José Padilla a frappé un grand coup hier et pourrait bien finir triomphateur du cycle sévillan après avoir coupé trois oreilles aux toros de Fuente Ymbro et ouvert la Puerta del Principe.
Le pundonor et l’entrega l’ont poussé par deux fois à aller s’agenouiller devant la porte des chiqueros pour accueillir ses adversaires, comme si, après tant d’années de lutte, il avait encore des choses à prouver. Le premier un peu tardo finit par se livrer dans une première faena volontaire et laissa une oreille dans l’affaire après une lame trasera.
Le quinto, à l’embestida plus vive et bien que chargeant à mi-hauteur, permit au bouillant jerezano une seconde faena vibrante, toute d’aguante et de sincérité, un trasteo où jamais le garçon ne lâcha son adversaire, même lorsqu’au final il baissa un peu de ton. Grande estocade dans tout le haut en rentrant droit et deux oreilles de ley. Chapeau l’artiste.
Finito de Cordoba, chef de lidia du jour, hérita d’un premier toro soso qui ne se livra pas, obligeant le torero à arracher les passes une à une. Quelques détails dans un ensemble fort médiocre. Silence.
Le quatrième pouvait servir, bien que manquant de fond. Finito tenta une minimum, sans forcer. Toro et torero se confondirent dans la médiocrité. Nouveau silence.
El Fandi reçut lui aussi son premier adversaire par deux largas de rodillas, puis comme de coutume se montra brillant au second tiers avant que son adversaire ne s’éteigne au final. Pas grand chose à en tirer avant final par quasi-entière. Silence.
Le sixième fut certainement le meilleur de la course, combattant avec beaucoup de transmission. Accueilli a porta gayola, bien banderillé, il permit au granadino de toréer par moments avec une relative lenteur. Oreille après une lame caida.
(Photos : Joël Buravand)