Mugron. Trois-quart d’arène, nuages, soleil et vent, deux heures vingt-cinq de spectacle.

Six novillos de Murteira Grave, bien présentés, lourds et bien armés, tous deux piques à l’exception du premier et du dernier, un seul châtiment. Tous témoignèrent une belle bravoure au cheval. Très compliqués à la muleta.

• Joaquim Galdos (rose et or), au premier, une entière, salut ; au quatrième, une entière foudroyante, une oreille.
• Pablo Aguado (violet et or), au deuxième, trois pinchazos, trois-quarts de lame, silence ; au cinquième, un mete y saca, un pinchazo, deux descabellos, avis, vuelta.
• Luis David Adame (vert et or), au troisième, une entière basse, silence ; au dernier, une entière, une oreille.

Pablo Aguado en pleurera de rage. Une fois encore, l’épée lui a été fatale et le prive de trophées. Il signe pourtant la meilleure faena de la novillada avec l’excellent toro Aguila de Murteira Grave. Même s’il avait été hésitant à la cape, il donnait le ton dès les premiers muletazos avec une somptueuse série sur la gauche. A chacun de ses meilleurs moments, olés et applaudissements montaient au-dessus des gradins. Très vite, il avait su trouver la bonne distance et toréait en parfaite harmonie avec son adversaire. Une muleta très templée, lente et maniée avec beaucoup de rigueur. Pas de gestes inutiles. Pablo Aguado toréait comme on imagine que le font les anges. Mais comme lors de sa première sortie où il avait été parfait, mais avec moins de réussite, il échouait une seconde fois à l’épée.

Joaquim Galdos ne connaît pas de tels problèmes avec l’acier. Lors de sa première sortie, il se battait avec un adversaire bien fade. Il essaya une fausse douceur, mais rien à faire, la faena demeurait gentillette et n’intéressa personne. Par contre Caminante manifesta une force étonnante qui, malgré deux fortes piques, dut encore être réglée par des passes de châtiment, genoux à terre. La parfait domination à laquelle il arrivait lui permit de faire savourer quelques séries sur la main gauche, toujours d’une lenteur irréelle, avant de terminer par quelques passes aidées par le haut, de fort belle composition.

Luis David Adame a beaucoup de qualités, et le courage n’est pas la moindre. Mais le garçon est encore vert et son manque de technique lui valut d’être débordé en milieu de faena. Par contre, avec son dernier toro, il avait surpris par quelques faroles à genoux avant de dessinner quelques véroniques profondes et lentes… Mais sa faena donna une impression de laborieux. Pour se racheter, il donna toute sa puissance dans une estocade, véritable monument de courage, de décision et de précision. Un geste qui valait largement l’oreille qui lui fut accordée. Dommage que les Murteira Grave n’ aient pas eu un peu plus de piquant… On aurait alors assisté à une immense novillada. Mais ne gâtons pas le plaisir de cet après-midi de toros très séduisante !

Reportage : Jean-Michel Dussol.

Reportage photos : Romain Tastet.