Valencia. 17 mars. Pérou : 3. Espagne : 1.

IMG_10001 (114)Il ne s’agit évidemment pas du résultat d’un match de coupe du monde de foot mais du nombre d’oreilles coupées lors du première mano a mano de la Feria des Fallas de Valencia.

Mais résumer la corrida d’hier à ce résultat abrupt serait oublier la bonne performance d’Alejandro Talavante qui s’est montré à la hauteur de ce duel de générations. Les toros de Victoriano del Rio et Toros de Cortes n’ont certes pas été les collaborateurs attendus de par leur mansedumbre et les aspérités de leur comportement qui pourrait faire craindre au ganadero que les figuras se détournent de son fer, comme ils le firent il n’y a pas si longtemps pour Jandilla ou Fuente Ymbro.

IMG_9647Le premier du jour n’était pas un bonbon et le banderillero Santi Acevedo l’apprit à ses dépens (cornada de 25 cm dans la partie haute du fessier). Talavante, sans se démonter, composa une première faena vaillante, en s’exposant, finissant par mettre le bicho dans sa muleta pour tirer quelques bonnes séries, principalement à gauche. L’estocade en deux temps, longue d’effet, le priva d’un possible trophée.

Face au maniable troisième, l’extremeño tenta de convaincre mais sa faena évolua a menos au fil des forces déclinantes de son opposant. Mal à la conclusion, Talavante se retira en silence.

Il ne restait qu’un toro au garçon pour redresser la barre, surtout après les deux oreilles de Roca Rey qui bousculèrent son amour propre. Talavante mit donc tout son coeur à l’ouvrage, s’agenouillant pour une série de derechazos, puis baissant la main avec classe, à droite comme à gauche, aguantant la charge brute de son opposant. Après quelques bonnes tandas gauchères, le torero termina par une lame desprendida et coupa l’oreille du rachat.

IMG_9784Que dire de Roca Rey si ce n’est que sur sa lancée américaine le garçon risque de tout casser sur le sol de la vieille Europe ? Sûr de lui, artiste jusqu’au bout des doigts, le jeune péruvien est capable de réduire un adversaire et de le mettre très vite à sa main. Ce qu’il fit face au second de la tarde qui n’était pas un bonbon et qui très vite chercha l’abri des tablas. Roca Rey foula le sable de ce terrain miné pour aller arracher des muletazos pas gagnés d’avance. Vaillant, décidé, il fit le maximum et conclut d’une lame desprendida qui lui valut de salut après pétition.

C’est face au quatrième que le garçon donna la pleine mesure de son talent. La faena, débutée par passes cambiadas, crut en intensité au fur et à mesure de l’emprise grandissante du garçon sur l’animal qui dut se rendre à la volonté du piéton. Une fois le manso dans sa muleta, Roca Rey alterna les deux cornes, les séries gauchères s’avérant d’un niveau supérieur. Final dans les tablas par bernadinas et une estocade en décomposant les temps qui fit très vite apparaître deux mouchoirs au palco, le public en demandant un troisième qui resta sagement à sa place.

Le sixième, manso lui aussi, fut très vite capté par la muleta magique du péruvien, mais le bicho délaissa très vite le combat et se mit à fuir l’étoffe. Roca Rey dut lui courir derrière pour lui voler de méritoires muletazos avant d’en finir d’une bonne estocade qui lui valut un trophée supplémentaire.

Les deux toreros alternèrent aux quites, ce qu’on ne voyait plus depuis quelque temps dans de précédents mano a mano où chacun restait à sa place sans véritable competencia.

Reseña : Paco (devant sa télé). Photos : Joël Buravand (à Valencia bien sûr)