La Feria de la Faïence de Samadet approche et deux jeunes toreros ont une carte importante à y jouer.
Manolo Vanegas devra lancer sa temporada et confirmer tout le bien qu’on pense de lui après une saison 2015 riche en succès.
De son côté, Tibo Garcia, dont ce sera le passage à l’échelon supérieur, devra lui aussi mettre en avant les qualités aperçues en sans picadors pour remplir son carnet de contrats.
Nul doute que les deux garçons vont mettre le paquet et viser le triomphe. De nombreux aficionados ont prévu d’aller les soutenir et des bus partiront du sud-est, où siègent les peñas respectives des deux novilleros, pour converger vers la placita de Samadet.
Mercredi dernier, à l’occasion de la présentation de la temporada lunelloise, nous avons rencontré Manolo Vanegas pour faire le point sur sa carrière avant ce rendez-vous des plus importants pour lui.
torobravo : Manolo, tu viens d’arriver en France après un hiver au Vénézuéla dans ta famille. Comment s’est passé ton séjour en Amérique ?
En vérité un peu triste parce que je n’ai pas beaucoup toréé. Une fois au Vénézuéla en novembre, une date importante pour ma carrière car je voulais terminer par un succès à la Feria de Valencia. C’était un mano a mano avec un autre vénézuélien qui s’appelle Jésus Colombo et nous avons triomphé tous les deux en coupant trois oreilles chacun. Je pense que les miennes ont eu plus de poids car on m’a déclaré triomphateur de la feria. J’étais très content parce que ça finissait comme je l’avais voulu. C’était une bonne fin pour la temporada passée qui fut très importante pour moi. J’avais passé une paire de temporadas où je n’avais toréé que deux ou trois novilladas, et l’an dernier j’en ai toréé dix-sept en coupant cinq oreilles dans des plazas de première comme je l’ai fait à Madrid, Arles ou Vic. Je crois que ça a été ma meilleure temporada jusqu’à maintenant. J’espère qu’en 2016 ça va être encore mieux, que je pourrai profiter de chaque tarde pour en apprendre davantage.
torobravo : Ce succès au Vénézuéla t’a-t-il apporté des contrats ?
Ce succès au Vénézuéla m’a apporté beaucoup au niveau de la reconnaissance car j’étais resté cinq ans sans toréer dans mon pays, et revenir au Vénézuéla et y triompher dans une feria aussi importante m’apportera sûrement beaucoup de contrats. Maintenant je veux faire ma temporada européenne comme tous les ans, en profiter, et garder le Vénézuéla, qui est un marché important pour moi, pour l’année qui vient, en espérant que la temporada qui débute soit meilleure que celle de l’an passé pour revenir au Vénézuéla avec le niveau que j’ai atteint.
torobravo : Que représente pour toi la novillada de Samadet ?
Elle représente beaucoup. C’est le début de la temporada et nous misons beaucoup sur elle car elle peut nous ouvrir beaucoup de portes dans cette région où les gens me connaissent déjà, notamment grâce à la novillada de Vic en fin de temporada où j’ai triomphé. Je crois qu’il fallait revenir dans le sud-ouest pour frapper à nouveau un grand coup pour que d’autres personnes me connaissent et m’ouvrent les portes de leurs arènes.
torobravo : As-tu d’autres contrats pour la temporada ?
Oui, grâce à Dieu, j’en ai plusieurs. Après Samadet nous avons Arles, Vergèze. Nous allons aussi dans la région de Madrid en mai mais je ne me souviens pas du nom de la ville. Nous sommes en discussion pour Madrid. Pour le moment nous avons signé pour une dizaine de novilladas dont les cartels vont être annoncés petit à petit. Tout dépendra de cela mais je pense qu’il y en aura plus et il faudra que je les gagne à chaque tarde.
torobravo : Tu es en contact avec des grandes plazas du sud-ouest comme Dax, Mont de Marsan ou Bayonne ?
Oui, ils nous ont appelés, ce qui prouve qu’ils nous ont pris en compte. Pour le moment, il n’y a rien d’arrêté mais nous espérons que ça va aboutir, parce que ce sont des plazas importantes où on a envie d’aller. De toute façon, je souhaite aller dans toutes les plazas, y compris celles des pueblos car elles m’ont beaucoup aidé jusqu’à présent. Et maintenant je vais faire le maximum pour être dans les ferias importantes.
torobravo : Côté sud-est, as-tu des contacts avec les arènes de Nîmes ?
En ce qui concerne Nîmes, c’est assez dur. On ne peut pas dire que ça ne va pas s’arranger, mais pour le moment c’est dur. On va voir si on peut entrer à Nîmes au mois de septembre car c’est une plaza où je serais enchanté d’aller pour l’aficion qu’il y a, pour ce que représente l’amphithéâtre de Nîmes. Mais bon, j’aimerais y aller, comme dans toutes les plazas. Ça va se faire petit à petit, tout se gagnera peu à peu, tarde après tarde.
torobravo : Ton contrat à Madrid peut-il t’en apporter d’autres ?
En vérité, Madrid est avec Manolo Vanegas. J’ai prouvé lors de mes débuts le 12 juillet que j’étais capable, j’ai coupé une oreille, j’ai été valorisé et ils m’ont répété le 2 août suivant. J’avais même un troisième contrat mais je n’ai pas pu l’honorer à cause du coup que j’ai reçu à Arnedo. Madrid a envie de revoir Manolo Vanegas et on est sur le point de signer quelque chose de bon pour Madrid.
torobravo : La temporada qui débute va-t-elle se conclure par ton alternative ?
Oui, c’est l’objectif. On nous avait offert l’alternative pour le début de la temporada mais on n’a pas voulu parce qu’on préférait se roder davantage, mettre à profit ce qui s’était passé l’année dernière, faire encore une temporada en novillada pour être prêt pour l’alternative. On verra petit à petit suivant comment va se dérouler cette temporada.
torobravo : Dans quelle plaza souhaiterais-tu prendre l’alternative ?
J’aimerais beaucoup Nîmes, car c’est une plaza importante où il y a eu beaucoup d’alternatives. Mais ça m’enchanterait aussi à Arles. J’y suis allé l’an dernier et l’aficion d’Arles m’a enchanté. Mais une autre plaza importante en France me conviendrait très bien. Ce que se souhaite, c’est que ce soit un grand jour et que je puisse en profiter.
torobravo : Quelle ganaderia souhaiterais-tu pour cette alternative ?
L’an dernier, j’ai toréé de tout. J’ai triomphé avec des ganaderias dures comme celle de Miura, celle de Partido de Resina, celle de Victorino face à laquelle j’ai triomphé il y a deux ans à Galapagar. J’ai toréé des ganaderias dures, et d’autres plus douces. Il y a eu de tout. Et avec toutes je me suis senti a gusto. Le jour de l’alternative est un jour très important pour un torero et j’aimerais en profiter au maximum, alors si ça pouvait être une ganaderia de garantie, ça serait bien.
torobravo : Quel parrain d’alternative souhaiterais-tu avoir ?
Il y en a plusieurs. Juli, Perera me plairaient beaucoup. Ce sont des toreros qui se rapprochent de mon toreo. Castella aussi, Lopez Simon qui est un torero qui est monté petit à petit et qui a réussi à s’imposer dans ce monde si difficile. Il a triomphé aussi à Lunel comme novillero, et surtout à Madrid et dans pas mal d’autres endroits. Il a beaucoup de mérite.
torobravo : Est-ce qu’il y a une competencia entre toi et d’autres novilleros ?
Non, pas vraiment. L’an dernier, il y a eu une petite competencia entre Ginés Marin et moi à Vauvert et à Lunel, et j’ai triomphé. Mais lui il avait un statut de figura et moi j’étais au bas de l’échelle. On sait bien que dans ce cas, ceux qui sont figuras te regardent de haut et te dédaignent un peu. Mais maintenant, il n’y a aucune competencia avec aucun novillero. J’espère que durant cette temporada il va se créer une competencia avec un autre novillero car c’est une chose qui motive, qui te motive à toi comme torero, et qui motive le public qui vient aux arènes. Les gens aiment voir de la rivalité en piste, voir de vrais mano a mano. Ça serait très bien, non ?
torobravo : On te verra sûrement à plusieurs reprises cette saison avec Tibo Garcia. Que penses-tu de lui ?
Pour le moment, je suis annoncé à deux ou trois endroits avec Tibo. Pour le moment il n’y a pas encore de rivalité entre Tibo et Manolo Vanegas mais je pense que pour la France ce serait quelque chose de positif. En plus comme personne, c’est quelqu’un de très bien, et comme torero je l’aime beaucoup. Il a un bon concept du toreo, un concept de toreo de verdad. Après tout se joua dans la plaza. Dans la vie nous sommes amis mais dans l’arène, il faut qu’il y ait une rivalité. Ce sera une bonne chose.
torobravo : Qu’attends-tu de cette temporada ?
J’aimerais triompher un peu partout et surtout laisser une bonne impression indépendamment des oreilles. Comme à Beaucaire l’an dernier où on m’a refusé une oreille méritée. Je crois que Beaucaire représente une tarde spéciale dans ma temporada passée. Sans couper d’oreille le public était avec moi et m’a fait faire deux vueltas. Et quand les gens sont sortis de la plaza, tout le monde parlait de Manolo Vanegas. Et donc j’aimerais une temporada comme celle-là où tout le monde parlerait de Manolo Vanegas. Que les gens sortent des arènes satisfaits et contents d’avoir payé une place et d’en avoir eu pour leur argent. C’est ce qui me plairait le plus. Les oreilles sont nécessaires pour grimper à l’escalafon, pour que les gens qui lisent les comptes-rendus voient que j’ai été bien. J’aimerais avoir une temporada redonda (trad : pleine, complète), que les novillos ou les toros répètent et que le succès soit au rendez-vous.
torobravo : Pour l’Espagne, à part Madrid, est-ce que tu souhaiterais toréer dans une arène en particulier ?
Oui, bien sûr, Sevilla. On a été sur le point d’y aller, puis il y a eu un changement au dernier moment, il y a un novillero qui a eu deux postes (NdR : Pablo Aguado) et ça ne s’est pas fait. On espère que si ce n’est pas pour cette feria, ça sera pour une autre. Un jour ou l’autre, il faudra bien qu’on y aille. Avec la même envie, en s’entrainant tous les jours, en se préparant, en apprenant chaque fois qu’on torée, on espère qu’on y arrivera. On mettra ce contrat à profit pour que les gens de Sevilla se demandent pourquoi on n’avait pas programmé ce torero avant.
Merci, Manolo, et comme toujours le mot de la fin sera le même : Suerte !
Ci-dessous le programme de la Feria de la Faïence.