« Corrida de expectación, corrida de decepción », une formule qui sera souvent reprise dans les médias pour qualifier la tarde d’hier à Mexico.

Les 45 000 spectateurs présents hier dans la Monumental en furent donc pour leur frais (au propre comme au figuré, car les prix de certaines places au marché noir atteignirent des sommets). Au final, alors que la grogne montait dans les tendidos, c’est le local Joselito Adame qui rafla la mise en coupant les deux oreilles de l’ultime toro de la corrida.

Au menu des bichos porteurs des fers de Fernando de la Mora(2°, 3° et 5°) et Los Encinos (1°, 4° et 6°), plus un sobrero de Xajay (5° bis).

Face à un premier juste de race et de forces qui s’affala à mi-faena, José Tomas toréa avec temple, raccourcit les distances pour obliger son adversaire et parvint à laisser une série gauchère pour le souvenir. Bousculé à deux reprises, il termina d’une entière trasera et coupa une oreille protestée.

Faena de mas a menos face au troisième qui finit sans charge dans les planches. Deux séries droitières, une à gauche, et un final par metisaca, demi-lame et trois descabellos. Salut.

Le cinquième bicho, protesté par le public dès sa sortie, fut remplacé par un sobrero juste de présentation, protesté lui aussi. Le torero de Galapagar tenta de séduire la foule par un quite par chicuelinas mains basses mais la magie n’opérait plus et la désillusion s’était installée. Le manque de caste de l’animal n’arrangea pas les choses et Tomas finit par se résoudre à abréger. Estocade au troisième assaut, descabello et retour au callejon sous les sifflets.

Joselito Adame sut s’adapter à un premier toro qui chargeait à mi-hauteur et composa une faena intelligente, liée et templée, adaptée aux conditions de son opposant. Hélas il pincha et perdit ainsi de possibles trophées. Salut.

Exigeant et compliqué fut le quatrième, poussant le torero mexicain à l’effort. Trasteo intéressant d’Adame qui toréa avec autorité et calme, se mettant dans les cornes pour extraire les derniers muletazos que le toro aplomado avait du mal à concéder. Méritoire travail de l’aztèque qui, une nouvelle fois, perdit les trophées à l’épée. Silence.

Restait le sixième toro pour relever la tarde. Adame l’accueillit par deux largas cambiadas, le mena au cheval par chicuelinas et poursuivit par un quite par zapopinas. Le ton était donné et face au dernier bicho de l’encierro, le meilleur de la course, le jeune mexicain composa une faena profonde, cadencée, à gauche notamment où les naturelles furent longues et lentes. Final vibrant conclu par une lame a recibir et deux oreilles pour le garçon damant le pion à une figura au cachet vingt fois plus important que le sien.

(Photos : Emilio Mendez)