Rencontre avec Thomas Joubert.

Capture d’écran 2016-01-10 à 10.59.41

A l’occasion de la tienta à la ganaderia du Scamandre, rencontre avec Thomas Joubert avant une saison qui pourraît être celle de l’éclosion d’un grand torero.

torobravo : première question Thomas, comment vas-tu ?

TJ : très bien, j’en profite pour vous présenter mes meilleurs voeux ainsi qu’à vos lecteurs, et que vous passiez une bonne temporada.

torobravo : comment s’est passé cet hiver au niveau de ta préparation ?

TJ : la préparation a été entamée dès la mi-novembre et fixée sur la prochaine saison.

torobravo : en quoi consiste ta préparation ? Tientas ? Toros lidiés en privés ? Toreo de salon ?

TJ : il y a eu beaucoup de toreo de salon, un entrainement spécifique sur le physique et des tentaderos quand j’ai l’opportunité d’en faire. D’ailleurs je tiens à remercier les ganaderos qui me font confiance en me donnant l’opportunité d’en faire quelques uns.

torobravo : comment analyses-tu la saison dernière où tu as toréé trois fois, une fois à San Martin de Crau dans des conditions qui n’étaient pas idéales, puis deux fois qui se sont soldées par des triomphes,  Istres et Saint-Gilles ? Une temporada de retour dans le milieu taurin.

TJ : Après 2014, j’avais annoncé que je revenais et j’étais conscient qu’après avoir arrêté, ça serait compliqué. Je suis très content que des empresas m’aient fait confiance et à partir de là, j’ai donné le meilleur de moi-même à chaque fois. La corrida de Saint Martin de Crau m’a malgré tout beaucoup servi car c’était des conditions difficiles mais ce sont des choses qui font avancer, qui servent pour après. Globalement content de ce qui s’est passé mais je ne peux pas dire que je suis satisfait. Mon but c’est de toréer et de faire plaisir aux gens.

torobravo : est-ce que ces deux corridas où tu as triomphé, et notamment Istres, t’ont valu des contrats pour cette saison ?

TJ : apporté des contrats, c’est un bien grand mot. Istres m’a surtout apporté une satisfaction personnelle, de vivre une émotion particulière avec le premier toro. Ce sont des choses arrivent une fois tous les je ne sais pas combien. C’est pour ça que ça vaut le coup de s’entrainer tous les jours, de se lever tous les matins pour vivre des émotions comme ça et en plus de pouvoir les partager avec les gens. C’est extraordinaire. Maintenant en terme de contrats ma saison se résume à deux corridas et un festival, donc je ne peux pas dire que ça m’ait apporté grand chose. Mais le circuit est comme il est, et l’actualité taurine fait aussi que c’est compliqué. Je considère qu’il faut que je m’entraine et je me le gagnerai un jour.

torobravo : la temporada 2016 commence bientôt. Tu es d’ores et déjà annoncé à Arles. Y a-t-il d’autres contrats signés ?

TJ : il y en a un autre qui est signé mais je ne peux pas encore en parler. Sinon, rien pour l’instant.

torobravo : y a-t-il des éléments de ton toreo que tu t’es appliqué à améliorer ou à corriger ?

TJ : des problèmes il y en a tout le temps et on cherche toujours à s’améliorer. On n’est jamais satisfait. Tous les toreros cherchent la faena parfaite. Elle existe dans nos rêves et c’est ça qui nous pousse à nous entrainer tous les jours pour arriver à la dessiner un jour. Toréer une vache ou un toro a gusto, c’est ce qui nous remplit de joie. On cherche toujours à s’améliorer. Je suis loin d’avoir un statut de figura ou de grand torero.

torobravo : en analysant ton toreo, quels seraient ton point fort et ton point faible ?

TJ : Mon point faible, je sais que je ne suis pas un grand tueur. Des points faibles, il y en a énormément. Mais je suis juste heureux d’être moi même dans la vie de tous les jours et surtout dans l’arène. A partir de là, parler de mon toreo, ce n’est pas ce que j’aime, parce que me définir, je laisse ça aux aficionados. Au plus il y aura de gens qui viendront me voir et au plus je serai content.

torobravo : l’an dernier tu avais un préparateur. Est-il toujours auprès de toi cette année ?

TJ : je n’ai pas forcément pris un préparateur. Du moment où j’ai décidé que je revenais, en janvier 2014, j’ai fait une conférence de presse avec Maria Aguila de Domecq et Carlos Avila de Borba (voir article) qui est avant tout un ami, et c’est un préparateur avec qui je travaille depuis deux ans.

140130JS-ThomasJoubert_CP_007_IMG_7852_rsz_blg
Maria Aguila de Domecq, Thomas Joubert et Carlos Avila de Borba (Photo : Jiès)

torobravo : tu continues donc à travailler avec eux ?

TJ : oui, il y a une très bonne relation avec eux, et aussi avec Alain Montcouquiol. Je pense que je suis vraiment chanceux, parce que c’est des gens de grande qualité humaine et qui se complètent très bien et qui m’apportent beaucoup de par leur expérience. Ils ont vécu des choses extraordinaires dans leur vie et je suis un privilégié de pouvoir écouter plein d’histoires.

torobravo : Alain est-il officiellement ton apoderado ?

TJ : c’est à la fois officiel et officieux. Lui dit qu’il est la personne qui me cherche un apoderado. C’est un peu la relation qu’on a. Mais c’est difficile de répondre à cette question.Ce serait plus à lui de répondre (NdR : Alain était malade le jour de l’interview et je n’ai donc pas pu lui poser la question). Ce que je peux dire, c’est que c’est vraiment un enchantement de partager le quotidien avec lui.

torobravo : est-ce que vous envisagez de mettre les pieds en Espagne ?

TJ : on aimerait mettre les pieds partout mais c’est malheureusement très compliqué. La temporada est longue, c’est bien d’avoir un ou deux contrats de signés. On verra ce qui se passe avec ça. Le reste, il faut se le gagner dans l’arène. Alain m’apporte beaucoup, on se complète bien dans cette relation humaine qu’on a nouée. Pourvu que ça dure. L’aventure est compliquée, avec des obstacles, mais elle est surtout très belle.

Capture d’écran 2016-01-10 à 11.26.57

torobravo : que peut-on te souhaiter pour cette temporada ?

TJ : de partager des émotions avec les gens dans des arènes, de toréer des toros a gusto et que les gens prennent plaisir à me voir toréer. Le plus important pour moi, c’est d’essayer de régaler les gens.

torobravo : on peut te souhaiter aussi beaucoup de contrats.

TJ : si Dieu le veut, même si je ne suis pas croyant (rires). Si ça doit venir, ça viendra, je ne suis pas pressé. Je suis bien dans mes baskets et j’avance.

torobravo : tu as fait une pause dans ta vie de torero, durant laquelle notamment tu as fait de l’humanitaire. Qu’est-ce que ça t’a apporté moralement ?

TJ : c’est rigolo, parce que tout le monde me parle de l’humanitaire. J’en ai fait durant cette pause, mais je n’ai pas fait que ça. Ça été surtout très bénéfique pour moi pendant deux ans de me découvrir en tant qu’homme hors du circuit taurin. C’est pour ça que quand je suis revenu, j’ai voulu m’annoncer en tant que Thomas Joubert parce que je m’étais affirmé dans la vie. Ce que je trouve dans l’arène aujourd’hui, c’est Thomas Joubert, comme il est dans la vie, juste heureux de faire son métier et d’assouvir sa passion.

torobravo : dernière question, la confirmation à Madrid, on en rêve ou on peut raisonnablement y penser ?

TJ : c’est beau les rêves, il faut toujours rêver ! J’en rêve, j’y pense, mais je ne crois pas que ce soit si facile d’y accéder. Il y a beaucoup de prétendants. Beaucoup de toreros qui ne toréent pas beaucoup rêvent de passer par Madrid pour déclencher. Madrid, si ça doit venir un jour, ça viendra. Je ne vais pas faire des pieds et des mains pour y aller. On verra bien, la temporada est très longue? Ça me rappelle en 2009 où je n’avais aucun contrat en début d’année et au final on est allés deux fois à Madrid, deux fois à Séville. On ne comprenait pas du tout. Alors juste penser à demain, et à l’entrainement. Ça me suffit amplement avant Madrid

torobravo : merci pour ces quelques minutes que tu as bien voulu nous consacrer, et le mot de la fin sera comme toujours : SUERTE !

(Propos recueillis par Paco à la ganaderia du Scamandre le samedi 9 janvier 2016 à l’issue de la tienta)