Les toros d’Adolfo Martin, très bien présentés, très armés, sont sortis compliqués les quatre premiers, noble le cinquième sans transmission, meilleur le sixième qui fut le toro de la course.
C’est précisément devant ce sixième Adolfo que Paco Ureña a laissé libre cours à sa conception du toreo. Sobre, classique, sincère, le murciano a composé un trasteo profond avec des séries gauchères de face qui resteront dans les mémoires au point que l’émotion envahit le torero lui même qui se mit à pleurer durant la faena. A droite il courut la main à la perfection, signant des derechazos longs et templés. Pas de fioriture à l’exception d’un superbe changement de main. La Puerta Grande s’entrouvrait, les deux oreilles semblaient acquises, ne restait qu’à parachever le travail d’un grand coup d’épée. Le garçon s’engagea derrière la lame et pincha, il se remit en place pour laisser finalement une lame sous-cutanée. Vint un troisième assaut décisif mais hélas trop tardif. La bonne estocade ne venant qu’au troisième assaut, le rêve était rompu, la Puerta Grande s’était refermée. Ne restait qu’à profiter d’une vuelta fêtée par un public reconnaissant du travail accompli.
Paco Ureña avait auparavant toréé avec autant de sincérité un toro compliqué et violent qui jamais ne se livra. Le murciano l’avait accueilli par une bonne série de véroniques et demie. On pensa alors que le bicho allait collaborer, mais il finit de plus en plus compliqué, et les efforts du diestro, qui fit une voltereta puis qui se fit bousculer, furent vains. Pinchazo sut tentative de recibir, bonne entière avec un coup dans les côtes au passage. Salut au centre.
Rafaelillo ouvrit la tarde par la lidia d’un toro dangereux qui ne se fixa pas dans le capote pour commencer, puis qui développa beaucoup de sentido dans la muleta. C’est un à un que le diestro de Murcia dut arracher les muletazos, travail valeureux d’un guerrier habitué aux exigences de ses adversaires. Entière contraire au second assaut. Ovation et salut au tiers.
Le quatrième, court de charge, obligea Rafaelillo à un nouvel effort. Belles véroniques de réception genou ployé, bons doblones d’ouverture dans la même position, puis quelques séries ambidextres où la corne se promenait tout près du torero qui jamais n’abandonna la partie. Trasteo valeureux conclu d’une quasi-entière après pinchazo, la corne ouvrant la taleguilla au niveau de la taille. Ovation et salut.
Fernando Robleño eut lui aussi pour premier adversaire un toro compliqué, de charge courte et qui s’arrêtait à mi-passe. Le madrilène testa les deux cornes, mais l’Adolfo ne proposait aucune option. Il s’en défit d’une bonne entière. Silence.
Le quinto offrait plus de possibilités. Noble, il fut soso dans la muleta de Robleño qui composa une faena de correcte facture sans pouvoir passer la vitesse supérieure. Silence après une bonne lame.
Reseña : Paco (devant sa télé). Photo : Javier Arroyo.