Deuxième mano a mano de la temporada nîmoise entre El Juli et un cavalier; à Pentecôte c’était Pablo Hermoso de Mendoza, pour les Vendanges c’est Diego Ventura qui s’y collait.
Avec bonheur d’ailleurs, car il sortait a hombros par la Porte des Consuls avec trois oreilles dans son escarcelle, El Juli quittant l’amphithéâtre à pieds et les mains vides. Il faut dire que les toros de Victoriano del Rio (2°) et Toros de Cortes (4° et 6°) n’ont pas beaucoup aidé le madrilène. Faibles, ils furent lidiés thérapeutiquement par un Juli qui, de plus, a payé son manque d’engagement à l’épée par de nombreux pinchazos.
Les toros de Hermanos Sampedro par contre ont collaboré au succès du jinete, la prime revenant au troisième qui, avec une charge régulière et templée, permit à Ventura de prouver qu’il est un des meilleurs rejoneadores de l’histoire.
C’est Diego Ventura qui ouvrit cette matinale par la lidia d’un bon toro qu’il sut intéresser dès le départ, clouant deux rejones des castigo entre deux poursuites en appuyers. Sur Roneo, il cita de face après avoir fait reculer sa monture sur une dizaine de mètres, cloua trois banderilles, tourna autour du toro en appuyers, puis sur Chalana en cloua deux de plus, reculant sur la moitié de la piste, citant de face et pirouettant devant les cornes, faisant au passage toucher (sans mal) sa monture. Sur Remate, il posa trois courtes, s’adorna en suerte du téléphone puis pincha par trois fois avant de laisser trois-quarts de lame. Descabello. Palmas.
Le meilleur vint avec la lidia du troisième, un jabonero sucio à la charge régulière et templée qui se prêta au jeu avec une bonté de première communiante. Sur Lambrusco il tenta la suerte de la garrocha mais le Sampedro se désintéressa de la situation et ne chargea le cheval qu’après le premier rejon de castigo. Un second conclut ce premier tiers dont le point fort fut une poursuite en appuyers parfaitement maîtrisée, les cornes de l’animal se maintenant sur une longue durée à une dizaine de centimètres du flanc de la monture. Enorme ! Sur Milagro il réussit des quiebros millimétrés après l’avoir fait reculer du centre de la piste jusqu’à la présidence. Il conclut enfin avec Remate par trois courtes al violin et une paire de banderilles à deux mains. Deux oreilles après une lame contraire foudroyante.
Le quinto ignora le cheval jusqu’au premier rejon de castigo, Ventura intéressant le bicho en le toréant avec le drapeau. Une seconde farpa compléta la première avant que le cavalier changea de monture et nous gratifie de deux quiebros sur Sueño qui évolua en appuyers tout autour du toro. Avec Nazari, il cita par levade, cloua deux banderilles supplémentaires puis fit avancer le cheval vers le toro avec un antérieur levé. Remate revint enfin en piste pour trois courtes al violin et une paire de courtes à deux mains. Pour les connaisseurs, il fit évoluer sa monture en faisant des changements de pieds au temps. Oreille après une entière.
El Juli ne parut pas au mieux de sa forme, notamment à la mort où il pincha huit fois en trois toros. Il faut dire que sa façon d’esquiver lors de la mise à mort ne lui facilita pas les choses. On serait en droit d’attendre plus de sincérité de la part d’un des leaders de l’escalafon.
Il reçut son premier par bonnes véroniques et demie, laissa son picador le coincer en carioca avant d’intervenir au quite par chicuelinas et demie pour enfin renvoyer le bicho vers le lancier … qui ne le piqua pas. Brindée au sobresaliente, Morenito de Nîmes (geste élégant de la part du madrilène), la faena fut d’inégale intensité, deux désarmés sur derrotes rompant le rythme de l’ensemble. El Juli eut du mal à canaliser les charges brusques de ce Victoriano et s’en défit d’une demi-lame latérale et tendida au troisième assaut. Silence après deux descabellos.
Le quatrième, abanto de salida, ne put être fixé par Julian qui parvint juste à glisser une demie dans sa réception. Après deux légères rations de fer, le garçon entama sa faena sur la corne droite par de beaux derechazos templés, mais le pensionnaire de Toros de Cortes s’afficha bronco et sans forces, accumulant les génuflexions. Juli entama alors un travail d’infirmier consistant à maintenir sur pied cet animal pour caser quelques muletazos qui auraient pu avoir plus de répercussion si le toro n’avait pas été à la limite de l’invalidité. Entière après quatre pinchazos. Silence pour le piéton et sifflets pour le quadrupède.
Julian tenta le tout pour le tout face au sixième qu’il accueillit par larga cambiada afarolada de rodillas, puis véroniques, chicuelinas et demie. Après une ration de fer et une vuelta de campana, le toro fut confié à Morenito de Nîmes qui composa un quite par trois faroles et une élégante larga cordobesa. Initiant sa faena par deux cambios por la espalda au centre, le madrilène alterna les deux bords mais le bicho ne tenait pas debout et l’ensemble resta dans les tons médiocres. Entière au second assaut. Silence.
Sortie a hombros de Diego Ventura par la Porte des Consuls.
Reseña et photos : Paco.