Deuxième et dernière corrida de la feria Toro y Salsa, arènes combles, temps couvert, température agréable, deux heures cinq de spectacle.
Six toros de Montalvo, bien présentés, de 480 à 540 kilos, bien armés dans l’ensemble, mobiles, agressifs mais sans vice. Tous deux piques à l’exception du quatrième, trois châtiments. A la muleta tous toréables.
- Juan Mora (vert bouteille et or), au premier, un pinchazo, un quart de lame, huit descabellos, silence ; au quatrième, trois-quarts de lame, applaudissements.
- José Maria Manzanares ( bleu nuit et azabache), au deuxième, une entière foudroyante, deux oreilles ; au cinquième, une entière a recibir, deux oreilles.
- Miguel Angel Perera (bleu marine et or), au troisième, une entière, salut et ovation ; au dernier, une entière, silence.
Les banderilleros Curro Javier et Rafael Rosa de la cuadrilla de Manzanares et Juan Sierra de la cuadrilla de Perera ont salué.
José Maria Manzanares, au sommet de son art, a fait chavirer l’arène de Dax. « Torero, torero… » scandaient les milliers d’aficionados qui emplissaient les arènes de Dax. Par deux fois avec des «faenóns» majeurs, Manzanares a montré qu’il était au sommet de son art pour exploiter deux toros de Montalvo, modèle du genre… A croire même qu’ils étaient nés, programmés pour ces deux faenas. Deux moments exceptionnels, des séries sur les deux mains, des changements constants et chaque fois beaucoup de temple, de sérénité et de lenteur.
Chaque fois qu’il se saisit de la muleta, pour des séries à droite ou quelques énormes muletazos sur la main gauche, c’était chaque fois l’excellence, le modèle, une sorte d’éternité qui faisait que l’on pouvait se retirer à jamais des arènes, alors que la foule scandait « torero, torero ». Des moments à laisser échapper ses larmes. Tout était vu !
Ses faenas se sont souvent déroulées au centre de la piste, comme pour offrir à son public la totalité de son art. C’est sur la gauche, surtout avec le second qu’on eut l’impression qu’il poursuivait le perfectionisme avec des séries complètes et dominatrices.Ses coup d’épées furent énormes, surtout le dernier, un recibir que l’on montrera longtemps dans les écoles comme un modèle de perfection. « Vinatero » et « Canguro » s’appelaient ses deux collaborateurs, à ce niveau on ne parle plus d’adversaires.
Manzanares a fait chavirer Dax dans le bonheur de la tauromachie.
Juan Mora nous a fait rêver par quelques étincelles et des muletazos éclairs dont il a le secret. Mais avec son premier toro, ce fut l’incompréhension avec le public. Les choses se sont mieux passé avec le second, surtout sur deux séries à droite parfaitement rematées sur d’excellents pechos. Deux séries très agréables qui mettront fin à sa sortie.
Miguel Angel Perera avait le lourd handicap de toréer après les immenses faenas de Manzanares. Difficile de convaincre, surtout au cours de sa première sortie. Il montra d’avantage d’ambition avec le dernier, mais son toro alla rapidement a menos et finalement fut un soso auquel il fallait arracher ses passes.
Manzanares aura fait chavirer l’arène de Dax. Il s’est inscrit comme un triomphateur qui demeurera longtemps inégalable dans une dernière journée de feria au cours de laquelle sept oreilles sont tombées du palco.
Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.
Reportage photo (et photo du haut) : louise2z.