Petite entrée, un quart d’arène, deux heures trente de spectacle, temps couvert, et sombres, fraîcheur matinale.
Sept novillos d’El Parralejo, bien présentés, même si certains manquèrent de gabarit qu’ils compensèrent par leur présence en piste. Le dernier remplacé par un sobrero du même fer. Tous de une à deux piques, les premiers, quatrièmes et cinquième. Le seul toréable avec plaisir à la muleta le troisième, récompensé d’une vuelta.
- Alvaro Lorenzo (rouge et or), au premier, un pinchazo et une entière, salut ; au quatrième, une entière, salut et ovation.
- Louis Husson (noir et argent), au deuxième, une entière, treize descabellos, avis, silence ; au cinquième, quatre pinchazo et une entière, silence.
- Joaquime Galdos (marron et or), au troisième, une entière foudroyante, deux oreilles et vuelta au novillo ; au dernier, une demi-lame, avis, une oreille. Sortie en triomphe.
Soudainement, dans le gris des nuages matinaux, un éclair. La main gauche de Joaquim Galdos ouvre une longue série de naturelles, de l’harmonie et surtout beaucoup de sérénité. Le jeune Péruvien s’est alors déplacé dans une sorte de nirvana de la tauromachie. Comment savoir quelle était la plus belle des passes qui s’ouvrait, se dessinait et se rematait sur ce sable. On était soudainement transporté dans le bonheur avec cette première musique de la matinée. Suavité, douceur, les adjectifs manquent pour décrire cette symphonie de bon goût.
Ce qui étonne ce sont les deux premiers Parralejo, plutôt terne et sans saveur et vint ensuite « Insólito », premier novillo à mettre les reins et à pousser au cheval. Par la suite il fut d’une noblesse irréprochable. Le talent, le style et la profondeur firent le reste. Joaquim Galdos a une nouvelle fois confirmé ses qualités de torero.
Le fer fut sans appel, comme les deux oreilles qui mirent quelques instants à jaillir du palco. Voilà de quoi se reconcilier avec le monde entier.
Lorsqu’il revint ce ne fut pas le même combattant. Mais tout de même Galdos, souvent obligé d’arracher les passes, améliora son adversaire qu’il avait brindé à Juan Mora. Quelques belles séries à droite et surtout des naturelles parfaites, dessinées avec un corps un peu trop relâché qui lui valurent d’être désarmé a deux reprises. Sa faena ne fut pas du même niveau, mais avait les mêmes qualités. Un grand moment. Galdos fut le soleil de cette matinée.
Alvaro Lorenzo, mal servi à sa première sortie, ne put rien faire malgré toute sa volonté de tenir le novillo sur ses pattes. Lorsqu’il revint, il sut parfaitement exploiter les quelques qualités de son adversaire. Il nous montra une muleta faite de douceur et de lenteur qui n’eut pas toutes les qualités de profondeur requises. Faute en était à l’animal qui alla a menos et termina soso. On peut penser que son travail méritait mieux qu’un salut et une chaude ovation.
Louis Husson complétait ce cartel. Mais en cette matinée il conjugua le manque de chance et un évident manque de profondeur dans son torero. Il survola plus qu’il pesa. Certes il n’eut pas les meilleurs novillos. Mais le jeune novillero est toujours à la recherche d’une pallier supplémentaire à franchir.
Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.
Reportage photo (et photo du haut) : louise2z