Bayonne. 6 septembre (tarde). On a frôlé l’ennui.

Capture d’écran 2015-09-07 à 07.02.33Des Garcigrande sans saveur laissent une seule oreille à Joselito Adame.Une belle entrée, arènes combles, soleil et fraîcheur, trois heures vingt de spectacle.

Sept toros de Garcigrande, bien présentés, généralement bien armés, de 500 à 567 kilos. Brave sous le fer, sans jamais mettre la cavalerie en péril.

Leonardo Hernandez à cheval, ouvre la course, une oreille.

  • Sébastien Castella (rouge et or), une entière, salut et ovation ; au quatrième, deux entières basses, salut.
  • Ivan Fandiño (jaune et or), au deuxième, deux pinchazos, trois quarts de lame, avis, salut ; au cinquième, une entière, un descabello, salut.
  • Joselito Adame (bleu marine et or), au troisième, une entière, salut ; au dernier, un entière a recibir, une oreille.

« Corrida de expectacion… Corrida de décepcion » se plaisent à dire nos amis espagnols. C’est un peu ce qui s’est passé, hier à Bayonne avec, sur le papier, un des plus beaux cartels de la temporada. Une dernière corrida sauvée, si l’on peut dire, au dernier moment sur un grand coup d’épée à recibir de Joselito Adame. Cette réussite vaudra la seule oreille de l’après-midi. Autant dire que pour le reste on s’est un peu ennuyé avec cette course de Garcigrande, certes bien présentée, avec un peu de moteur, mais défaillante sérieusement au niveau de la caste et de l’agressivité. Une corrida un peu longue, avec en entrée le rejoneo de Leonardo Hernandez qui s’offre une oreille.

Capture d’écran 2015-09-07 à 07.01.24Sébastien Castella aura été parfait, trop bien même mais avec de belles réussites à la cape. Avec son premier il dessine une petite faena sympathique, mais sans aller au fond des choses et qui est loin de monter dans les tendidos. Ce n’est rien d’autre qu’une petite démonstration entre amis. Peut-être, avec son deuxième adversaire, retiendra-t-on son coup de gueule vis-à-vis de la musique. Depuis Mont-de-Marsan, les orchestres ont pris la vilaine habitude de jouer des morceaux du répertoire classique qui n’ont rien à voir avec la tauromachie. Une sorte de snobisme qui a fait qu’hier Castella, que l’on gratifiait d’un grand air du répertoire, s’est arrêté de toréer et à demandé au chef de changer de partition, soutenu dans cette demande par la majorité de l’arène. On était aussi en présence d’un Castella maîtrisant parfaitement son sujet. Moment agréable, mais sans plus.

Capture d’écran 2015-09-07 à 07.02.02La même chose, dans l’intensité, se répète avec Ivan Fandiño. Le basque hérite d’un premier toro compliqué. Mais très vite, il lui impose une muleta très basse, traînant sur le sable et avançant avec une infinie lenteur. Fandiño est surprenant dans ses naturelles interminables. On traverse quelques grands moments. Avec son second, il n’en sera pas de même, le toro est sans saveur, sans le moindre gramme de poivre, tout est fade, consensuel. C’est une faena qui manque totalement d’intérêt, le Garcigrande n’ayant rien pour nous intéresser ou nous faire vibrer.

Capture d’écran 2015-09-07 à 07.01.05Joselito Adame demeure une valeur sûre du toreo de cape. Il l’a prouvé une nouvelle fois. Il sera là pour calmer une petite panique qui saisit l’arène avec le comportement un peu brute de son premier adversaire. Avec sa faena, il pèsera sur le toro, mais sans plus, se contentant de faire joli et agréable. Le torero veut intéresser son public à un combat toujours aussi terne. Avec le dernier, « bis repetita placent ». On est prêt à s’ennuyer fermement, le torero semble le comprendre, qui ne fait pas durer son combat… Il prend l’épée et c’est l’éclair, la petite illumination de l’après-midi, un parfait recibir saupoudré de quelques zestes d’encuentro.

La corrida de Garcigrande ne laissera que des regrets. Il manquait du gaz, de la caste et un peu de piment pour donner du goût à la chose.

Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.