Belle entrée, soleil, un peu de chaleur, deux heures trente cinq de spectacle.
Six novillos de Joselito, bien présentés de 406 à 463 kilos, tous deux piques prises avec bravoure. Compliqués à la muleta mais toréables.
- Louis Husson (noir et argent), au premier, une entière, un descabello, silence ; au quatrième, trois-quarts de lame, salut.
- Joaquin Galdos (marron et or), au deuxième, une entière foudroyante, une oreille ; au cinquième, trois pinchazos, une entière, silence.
- Pablo Aguado (bleu marine et or), au troisième, un pinchazo, une entière, salut ; au dernier, une entière, deux oreilles.
Bayonne a découvert Pablo Aguado, un jeune sévillan, débordant d’art, d’harmonie et de temple, une sorte de Curro Romero, ou plutôt un torero de détails. A l’heure ou tout se ressemble, Pablo Aguado apporte une touche de personnalité, une signature différente.
Le garçon ne cache pas sa volonté de toréer dans la catégorie de artistes et pourtant il était venu à Bayonne affronter des novillos de Joselito. Ils étaient loin d’être commodes et pourtant Pablo s’est jeté dans la bataille avec un énorme cœur et a tout bouleversé. Une porta gayola suivie d’une série de faroles à genoux. Mais s’il y eut ces moments de vraie lutte, ce ne fut pas le comportement d’un portefaix. Car Pablo Aguado nous a livré quelques trincheras de haute facture. Par instant, il a distillé le toreo dans le temple, la lenteur et l’harmonie. Il a terminé sur un splendide recibir. On peut dire, sans se tromper, qu’avec le dernier toro il a sauvé la novillada, le public accompagnant de la voix chacune de ses dernières passes.
Une course souvent compliquée comme le sont souvent les toros de Joselito. Agressifs le plus souvent, mais parfois sosos. Ce fut le cas du premier adversaire de Pablo qu’il avait brindé à Joselito. Après avoir mis un peu de panique chez les cuadrillas, il devint un peu terne. Le sévillan fut alors contraint de lui arracher les passes, une à une toujours avec ce souci de faire beau et artistique. Les aficionados ont compris ses efforts et l’ont souvent soutenu de la voix. Pablo Aguado s’est construit, hier, un beau cartel à Bayonne. On n’oubliera pas ce phénomène à la croisée de Morante, Curro, Salvador Vega et Finito.
Joaquim Galdos sait qu’il doit se battre pour arriver. Le péruvien l’a démontré une nouvelle fois. Pour sa première sortie, il a toréé avec une immense décontraction, maîtrisant totalement son adversaire sur la main droite, et il a su nous faire oublier que son novillo ne cessait d’aller à menos. Galdos nous fit froid dans le dos avec une impressionnante porta gayola à la sortie de son second adversaire. Il poursuit avec un tercio de cape qui réduit vite le novillo. A la muleta il va nous livrer un festival de rythme lent et de temple. Mais il devra s’arrêter, le toro n’avançant plus en fin de faena. Dommage qu’il échoue à la mort.
Louis Husson était chef de lidia. Mais il semble qu’il y ait quelque chose de cassé dans la mécanique. Très moyen à la cape, il est souvent mal à l’aise lors de la faena, surtout dans les naturelles. Il sera par contre séduisant dans les premières passes de sa seconde sortie en citant de loin de longs derechazos qu’il construit avec une muleta très basse. Malheureusement il deviendra rapidement brouillon.
Mais dans cette matinée, ensoleillé où la chaleur revenait peu à peu, Pablo Aguado a signé un très grand moment de tauromachie.
Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.