Pour cette cinquante-neuvième édition de la Corrida Goyesca de Ronda, l’empresa avait d’abord choisi de programmer une « Monstruo », à savoir une corrida de huit toros. Paquirri blessé tombant du cartel, on revint à la formule originelle avec trois toreros pour six toros.
Côté bétail, rien que du suave bien sûr, avec des toros de Nuñez del Cuvillo (1º, 3º et 5º) et Juan Pedro Domecq (2º, 4º et 6º), de présence discrète et de jeux divers. Bons les 2º et 6º de Juan Pedro, ce dernier, « Señorito« , nº 113, castaño, honoré de la vuelta al ruedo posthume.
Morante de La Puebla, chef de lidia du jour, affronta en premier un Cuvillo de peu de race et de parcours. Des détails de classe au capote avec des véroniques au tracé somptueux puis une faena où le torero compensa par sa volonté le peu de présence d’un bicho à demi éteint. On n’en retiendra donc que les muletazos d’ouverture. Silence après une estocade atravesada. Le Juan Pedro sorti en quatrième position, de fade condition, ne valut pas mieux. On ne retiendra de la seconde prestation de Morante qu’une poignée de précieuses chicuelinas avant une faena plus volontaire que brillante.
José Maria Manzanares s’entendit parfaitement avec son premier, un Juan Pedro bien présenté, face auquel il composa une faena majoritairement droitière, le passage à gauche s’avérant de belle facture mais sans liaison. Deux oreilles après une bonne lame. Le Cuvillo sorti à la cinquième place manifesta une bonne noblesse que l’alivantin mit à profit lors d’une faena ambidextre d’inégale intensité. Oreille après un bon coup de rapière.
Le vainqueur du jour fut Cayetano qui empocha par deux fois les deux oreilles de ses opposants, la seconde fois après pétition de rabo. Le troisième, juste de présentation et de forces, s’avéra très noble. Reçu par larga cambiada de rodillas à la porte des chiqueros par le cadet de la famille Rivera Ordoñez, il fut bien mis en suerte au cheval puis toréé mains basses sur les deux bords. Final par ayudadas avant une bonne lame faisant apparaître deux mouchoirs au palco. Vint ensuite « Señorito » de Juan Pedro, un bon toro noble face auquel Cayetano se montra inspiré lors d’une faena variée, élégante et liée, brindée à son frère Francisco, présent ce jour mais encore convalescent, et rématée d’une estocade tendida. Concession d’un double trophée, le public enthousiaste réclamant un rabo que le palco, sagement, refusa de concéder. Vuelta pour « Señorito » et sortie a hombros de Manzanares et de Cayetano.
(Photos : Joaquin Arjona)