Dax. 15 août (matin). Le grand duel El Juli-Pepe Moral.

unnamed-3Troisième corrida de feria, arènes combles, nuages, pluie et soleil, deux heures dix de spectacle.

Six toros de Domingo Hernandez, bien présentés, irréprochables au moral, mais un peu faibles. Tous deux piques, parfaits à la muleta.

  • El Juli (rouge et or), au premier, une entière, un descabello, deux oreilles ; au quatrième, trois-quarts de lame, une oreille.
  • José Maria Manzanares (bleu nuit et azabache), au deuxième, une entière, silence ; au cinquième, une entière, salut.
  • Pepe Moral (vert et or), au troisième, une entière, deux oreilles ; au dernier, un pinchazo, une entière, une oreille.

Et s’il s’était passé quelque chose de grand, dans le arènes de Dax… Si l’on avait assisté à l’avènement d’un nouveau torero dans les terres du grand Nord car Pepe Moral est connu de tous les Andalous. Il s’est permis de faire trembler El Juli, le piquant au vif et l’obligeant à l’une des rares porta gayola de sa carrière. Les deux quitteront en triomphe les arènes, mais le grand Juli n’a pas pu creuser l’écart. La contestation est bien ancrée.

unnamedEl Juli est arrivé avec des envies de triomphe… Cela se ressentait à son brindis au public qui répondit par une énorme ovation. Ce fut la démonstration d’un grand torero… Classique à la cape, des quite très épurés, inventifs ou retrouvés comme ces chicuelinas et cordobinas. Mais avec la muleta il sera impressionnant dans son sitio. Pour le premières passes changées dans le dos, il va s’installer au centre de la piste et n’en bougera plus. Un mètre tout au plus de déplacement. Il va réduire progressivement son adversaire. Ses naturelles se dérouleront dans un silence religieux. Il exploite à merveille une somptueuse corne gauche. El Juli est impérial.

Sa deuxième faena n’atteindra pas un tel niveau. Il est vrai que le Domingo Hernandez n’a pas la classe de son frère.

unnamed-2Pepe Moral va apporter un souffle égal dans cette arène. Il surprend tout d’abord par trois véroniques à l’élégance parfaite, un bon goût dont il ne se départira pas dans les quites et lorsqu’il prendra la muleta. Ses pechos sont impressionnants, ses passes d’une lenteur irréelle. Les gestes sont déliés et harmonieux. Il fera l’essentiel de sa faena sur la main gauche. Soudain, elle prend de l’importance alors que la lumière baisse, annonçant un déluge… Une grande épée et la pluie noie l’arène. L’abat d’eau ne refroidit pas l’ardeur de l’aficion qui vient de trouver une nouveau «monstre» et exige avec force mouchoirs les deux oreilles. Pepe Moral reviendra avec la même envie de toréer. Il brindera à Manzanares et donnera un récital de lenteur et d’harmonie… «C’est de la sorcellerie» disait un de mes voisins. L’Andalou le dominera parfaitement, mais son dernier toro n’avait pas la classe du précédent.

unnamed-1José Maria Manzanares sera resté en retrait comme s’il ne voulait pas se mêler d’une confrontation qui ne le concernait pas. On aurait souhaité un peu plus de volonté dans son comportement.

Reseña et photos : Jean-Michel Dussol

Reportage photos : louise2z