Mont de Marsan. 25 juillet (tarde). Deux oreilles arrachées aux toros de l’enfer.

Capture d’écran 2015-07-25 à 23.15.40Quatrième corrida de feria, arènes quasi combles, soleil et petit vent frais, deux heures trente de spectacle.

Six toros de Cebada Gago, les quatre derniers très bien présentés. Deux piques, le premier et le second, trois pour le dernier, quatre châtiments pour le troisième, le quatrième et le cinquième. Toujours très violents et très compliqués à la muleta.

  • Rafaelillo (rouge et or), au premier, une entière, vuelta ; au quatrième, une entière foudroyante, une oreille.
  • Javier Castaño (blanc et or), au deuxième, une entière, salut ; au cinquième, une demi-lame et un descabello, silence.
  • Manuel Pérez Mota (blanc et or), au troisième, une entière, une oreille ; au dernier, une entière, deux descabellos, avis, ovation d’adieux.

A souligner la chaude ovation pour Juan-José Esquivel après un tercio de piques héroïque au quatrième toro combattu par Rafaelillo. Maestro et picador feront une vuelta commune.

Les cris de ce qui pouvait être une forte manifestation d’anti-taurins, arrivaient jusqu’aux arènes.

Après le bonheur distillé, vendredi, par la muleta d’Enrique Ponce, le Pumaçon a repris contact avec la dure réalité de la corrida. Des Cebada Gago sortis de l’enfer qui vont déferler tout l’après-midi sur une partition en dix-neuf piques, quinze étant distribuées en quatre toros. On était entré dans la légende, dans ces corridas dont seuls quelques vieux grimoires gardent encore connaissance. Des images fortes, impressionnantes, comme Rafaelillo qui repart au combat avec un léger coup de corne à la cuisse… Ou Manuel Pérez Mota qui se retrouve littéralement déshabillé, la taleguilla réduite en lambeaux. On est dans la geste moyen-âgeuse où seul compte le courage.

Capture d’écran 2015-07-25 à 23.15.23Rafaelillo, à ses débuts, se retrouve un peu débordé en maniant la cape. Surpris par cette violence qui se dégage de l’animal, et pourtant pas le plus terrible. Il doit aborder sa faena en affirmant sa volonté. Il ouvre une longue série de passes de châtiments qui s’avèreront efficaces, mais il ne parviendra jamais à régler totalement la corne gauche qui tente de faire des ravages. Elle finira par l’atteindre, heureusement sans gravité.

C’est un drôle d’animal qui lui échoit ensuite. Il rentre avec violence sur la pique de Juan-José Esquivel avant de revenir à deux reprises avec un immense galop. Il finira en témoignant une bravoure exemplaire lors du dernier châtiment. Dans tout ce tercio le cavalier démontre une parfaite maîtrise qui lui vaut l’ovation du public tandis que joue la musique. On est entré dans une autre dimension. Nouvelle ovation, et enthousiasme lorsque Rafaelillo invite Juan-José Esquivel pour partager sa vuelta après avoir coupé une oreille.

Capture d’écran 2015-07-25 à 23.14.46Javier Castaño sera demeuré un peu en retrait, comme s’il hésitait à rentrer dans cette joute, rencontre angoissante de la vie et de la mort. Toutefois il parviendra à voler quelques splendides muletazos au deuxième Cebada… On craint soudainement la cornada. Uniquement la peur. Pour sa deuxième sortie il sera plus classique, offrira quelques changements de mains et dominera une ou deux minutes avant que le combat ne se dégrade.

Capture d’écran 2015-07-25 à 23.15.07Manuel Jesus Pérez Mota a très probablement incarné l’héroïsme de cet après-midi. D’abord parce qu’il a dû surmonter les difficultés d’un toro au comportement manso pendant un large temps, puis progressivement l’obliger au combat, finissant par le dominer, régalant l’arène de splendides pechos. Sur les dernières passes, à la sortie d’une manoletina, il est sérieusement bousculé et en partie déshabillé, mais cette leçon d’héroïsme valait bien une oreille. Un trophée qu’il gardera avec émotion, comme étonné de cette réussite et profondément heureux

Il lui faudra quelques temps pour s’adapter et s’imposer sur le dernier Cebada de la course. Maître un instant, il finira par être débordé et dominé par des cornes qui, à chaque passe, tentent de le clouer au sol. C’était hier la course des courageux, de ceux qui savent ce qu’est se battre.

Reseña et photos : Jean-Michel Dussol


Mont de Marsan 25 juillet 2015 par dm_51df339eeac23