Mont de Marsan. 23 juillet (tarde). Le bonheur de Thomas Dufau.

Capture d’écran 2015-07-24 à 15.31.28Deuxième corrida de feria, soleil et chaleur, arènes combles, plus de billets, deux heure dix de spectacle.

Six toros de Juan Pedro Domecq plutôt bien présentés malgré quelques cornes astillése, tous deux piques et s’éteignant vite dans le cours de la faena. Tous très toréables.

  • Juan-José Padilla (saumon et azabache), au premier, une entière, silence ; au quatrième, une entière, une oreille.
  • José-Maria Manzanares (funèbre et azabache), au deuxième, un pinchazo et une entière, salut ; au cinquième, un mete y saca et une entière, ovation.
  • Thomas Dufau (rouge fané et or), au troisième, deux pinchazos et une entière, salut ; au dernier, un pinchazo, une entière et une oreille.

Capture d’écran 2015-07-24 à 15.31.58La feria de la Madeleine est enfin lancée… Les deux premières oreilles sont tombées hier. L’une valait plus qu’un triomphe pour Thomas Dufau. Il coupait enfin un trophée dans ses arènes du Plumaçon, à peine plus loin que le fond de son jardin. Jusqu’au bout de cette deuxième faena le public aura retenu son souffle. Tout le monde savait que le jeune torero landais faisait le maximum pour bouleverser la malchance qui le pursuit sur ce sable depuis plusieurs années. Mais hier, il est parti à la porte du toril. Une porta gayola suivie d’une immense tercio de cape. Par la suite il prendra aussi les banderilles avec style et efficacité. On sentait la volonté de gagner à chaque pas et lorsqu’il prend la muleta, c’est une faena à classer parmi les grands moments de la tauromachie. Commencée et finie sur la main gauche, avec toujours un énorme temple. Dans toutes les figures, il apparaîtra calme, sûr de lui, très calculateur, conduisant l’adversaire au millimètre. Ce toro s’appelait « Demagogo », il va suivre la muleta sans rechigner. Un combattant qui, comme tous les autres, va rapidement baisser de rythme, s’essouffler et ralentir toutes ses actions. Mais Thomas saura s’arrêter assez vite. L’arène retient son souffle. A la première rapière c’est la déception… Mais à la seconde tentative, l’acier s’enfonce. L’arène peut enfin exulter et célébrer son torero.

Lors de sa première sortie Thomas avait été parfait, chaleureusement porté et encouragé par l’ensemble du public. Un faena parfaite, mais là, le garçon ne comprend pas qu’il faut en terminer rapidement avec cet animal dont le rythme ne cesse de baisser…

Thomas se sera présenté en grand torero et moralement il ressort victorieux, triomphateur de cette journée.

Capture d’écran 2015-07-24 à 15.33.04La première oreille de la feria avait été coupée par Juan-José Padilla. Il a su éviter le piège des Juan Pedro Domecq en animant ses sorties par la pose des banderilles et une succession de petits détails lors de ses deux faenas. On retiendra pour sa seconde sortie un début de faena, à genoux, dessiné sans vulgarité et avec beaucoup de rythme. Un moment qu’il conduira avec goût jusqu’à couper l’oreille.

Capture d’écran 2015-07-24 à 15.32.40Incompréhensible de voir Manzanares sombrer dans le piège de ces « demi-toros ». Il s’est battu alors qu’il n’y avait rien à faire. Toujours très élégant lors des premières passes, voici un garçon qui veut faire bouger un bloc de marbre. La chose est impossible. Le public ne lui tiendra pas rancune de ce mauvais choix. Mais quel dommage de pas avoir pu lui voir exprimer tout son art.

De cette deuxième corrida de feria on retiendra ces Juan Pedro Domecq qui ont un peu trahi la fête en manquant de puissance et de gaz, ne pouvant pas tenir la distance d’un combat et s’épuisant beaucoup trop vite. Mais les trois toreros ont fait le maximum pour s’approcher de la réussite.

Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.