Les toros de Dolores Aguirre, toujours très attendus car créant de l’émotion en piste, ont déçu par leur comportement, affichant un manque de caste inquiétant.
Cette ganaderia que l’on vit très intéressante il y a trois ans à Saint Martin de Crau ne cesse de voir ses performances baisser. Les mansos con casta que l’on aimait voir lidier se sont transformés en l’espace de trois temporadas en mansos sin casta, si l’on excepte la course 2014 de Vic qui restera dans les mémoires notamment grâce au sixième toro, « Cantinillo », qui permit à Alberto Lamelas de se mettre en valeur par sa vaillance et sa volonté.
Le quatrième Aguirre cérétan, le plus imposant du lot, fut sûrement ce qui se fait de pire en matière de manso sin casta, fuyant capes et picador. Un bicho qui fut à deux doigts de se voir condamné à l’infamie des banderilles noires.
Passons la course par le détail.
Fernando Robleño mena son premier opposant vers le centre où il le fixa par une media avant de le conduire vers le cheval pour une première rencontre où le bicho leva un peu le groupe. Les trois rations de fer qui suivirent furent symboliques avec trois picotazos et trois sorties sans sollicitation. Faiblard, de charge courte, il ne permit au madrilène que trois séries droitières de moyenne intensité. A gauche, point d’investissement. Après quelques derechazos arrachés à l’unité, Robleño se défit de son opposant d’une entière traserita et tendida. Salut au tiers.
Le quatrième évoqué plus haut fut « horrible » selon les propres mots de la ganadera lors de la tertulia. Fuyant tout ce qui bougeait, il dut être poursuivi autour du ruedo par le lancier de service qui finit par lui administrer une ration de fer après maintes cavalcades. Robleño tenta de le faire passer dans l’étoffe mais dut renoncer très vite face aux refus du bicho. Demi-lame, descabello et palmas au torero pour avoir essayé.
Alberto Aguilar parvint à caser deux véroniques et demie lors de la réception du second qui sauta vers le picador lors de la première rencontre avant d’être coincé en carioca pour deux rations de fer traseras. L’Aguirre compliqua ensuite la tâche des banderilleros en levant la tête lors des poses. Doublant bien son adversaire en début de faena, Aguilar parvint à le garder dans sa muleta pour trois séries de derechazos, le bicho s’y révélant de charge incertaine. Le garçon parvint ensuite à lui allonger la charge à gauche pour dessiner d’estimables naturelles aidées. Après bref retour à droite, Alberto expédia l’animal d’une entière contraire trasera et latérale complétée d’un descabello. Salut après refus de la vuelta par le public.
Le quinto, qualifié lui aussi « d’horrible » par la ganadera, ne permit rien au capote, à part une revolera, poussa un peu sur la première pique trasera avant de sortir seul du peto lors des deux picotazos qui suivirent. Salut du banderillero pour une paire por dentro très exposée. Face à ce toro compliqué qui jouait du couvre-chef, Aberto Aguilar signa quelques valeureux derechazos avant de se résoudre à prendre l’épée de muerte pour demi-lame tendida complétée de deux descabellos après que le puntillero ait fait relever l’animal. Silence.
Alberto Lamelas s’est montré une nouvelle fois vaillant face à l’adversité. Hélas son peu de contrats ne lui permet pas d’avoir une cuadrilla de qualité et la lidia s’en ressent, son analyse de la piste aussi. Après quelques véroniques et demie un peu brouillonnes, le péonage laissa partir le bicho sur le picador pour une première ration trasera qui fut suivie de trois autres de moindre intensité, la dernière en partant du centre. La cuadrilla, brillant à nouveau par son inefficacité, ne sut retenir le bicho qui fusa vers le picador qui sortait, lequel lui administra une dernière ration trasera pour défendre son cheval. Panique en piste lors du second tiers où le toro se rendit maître du ruedo, chargeant avec beaucoup de rapidité des piétons complètement dépassés. Pas un membre de l’entourage de Lamelas ne fut ensuite capable de lui dire que c’était dans la querencia de l’Aguirre, près du toril, que la faena devait se faire. Le garçon n’ayant pas assez d’expérience pour analyser la situation, chercha donc tout autour du ruedo le sitio adéquat, laissant des derechazos par ci par là avec une volonté qu’on ne peut que louer. Enfin rendu près du toril, il parvint à dessiner trois valeureuses séries, deux à droite et une à gauche. Mais c’était un peu trop tard. Grande entière contraire, pétition que le palco refusa de valider et vuelta pour le torero. Petite bronca au trio présidentiel. Personnellement un trophée en récompense des efforts consentis ne m’aurait pas particulièrement dérangé.
Le sixième toro resta sans lidia au capote, reçut trois piques traseras, sortant seul de la dernière. La (trop) longue faena qui suivit fut d’inégale intensité, le torero laissant deux bonnes séries droitières et tout autant à gauche, sans que vraiment la mayonnaise ne prenne, faute d’un réel engagement de l’Aguirre qui, comme ses frères, lorgna vers les planches puis s’y dirigea très vite. Lamelas lui arracha à l’unité des derechazos puis des naturelles, alors qu’il eut été plus judicieux de prendre l’épée. Quand il le fit, ce fut pour loger une demi-lame rinconera qu’il compléta d’un descabello. Silence.
L’ADAC, qui distribue depuis quelques années des prix aux meilleurs picadors, souhaita récompenser le travail de trois des lanciers du jour : Victoriano García Sánchez, Juan Carlos Sánchez et David Prados virent ainsi leur labeur valorisé.
Le Club Taurin de Bruxelles, pour sa part, choisit d’honorer David Prados pour son premier tiers face au sixième Aguirre.
Reseña et photos : Paco.