Après le combat mémorable de 2014 entre Alberto Lamelas et « Cantinillo » de Dolores Aguirre, on attendait la confrontation 2015 entre le torero et le mythique fer.

Mais l’histoire se répère rarement, et si la corrida finale de la Feria du Toro n’a pas manqué d’intérêt, il n’eut pas l’intensité dramatique de la précédente. Au menu des mansos con casta, superbement présentés pour certains, solides en 18 rencontres (légères certaines) et qui vendirent chèrement leur peau, faisant transpirer les piétons.

Rafaelillo eut du mal à fixer le manso premier qui poussa correctement sous deux piques (appuyée la première, carioca pour la seconde) et qui très vite chercha l’abri des planches après une série sur chaque corne. Le murciano lui imposa une série droitière supplémentaire avant de s’en défaire d’une atravesada perçante. Deux descabellos. Silence.

Face au quatrième, Rafael dessina quelques bonnes véroniques et une demie puis ne put empêcher son adversaire de partir vers le picador pour une pique poussée sur la corne gauche. Mis correctement en suerte, il revint au cheval pour deux légères rations de fer, la dernière en venant du centre. On retrouva ensuite en Rafaelillo le vieux guerrier des ruedos habitués aux combats de tranchée. Après trois séries de la droite avec un extraño bien maîtrisé et une paire de derechazos allurés servis main basse, le torero changea de main pour un essai gaucher non transformé. C’est donc à droite qu’il poursuivit sa faena agrémentée d’une paire de desprecios dominateurs. L’Aguirre partit ensuite lui aussi vers les planches et c’est dans ce terrain que Rafaelillo lui vola les derniers muletazos. Estocade caida pour le final, deux descabellos. Salut au tiers.

Sanchez Vara entama sa tarde par une réception par véroniques et demie, puis mena « Burgales » vers son picador à quatre reprises pour trois piques bien administrées et parfaitement dosées (le cavalier sortit sous les applaudissements). Vint ensuite un second tiers animé avec le désormais traditionnel saut à la garrocha très apprécié du public, Vara clouant la première paire dans le mouvement, puis les deux suivantes en poder a poder et violin. Le torero de Guadalajara tira ensuite trois bonnes séries de derechazos et une de naturelles avant que le bicho ne se dégonfle et se couche après un pinchazo. Aussitôt relevé par un peon, il fut victime de longueurs à l’épée mais aussi au descabello et à la puntilla, se couchant et se relevant à plusieurs reprises. Silence.

Le quinto fut reçu à l’identique, piqué légèrement, puis banderillé par Vara en trois poder a poder, magnifique le dernier avec une pose dans le berceau. Hélas « Carafea I » était lui aussi un manso qui abandonna très vite le combat, ne permettant au torero que quelques muletazos sur le trajet de ses fuites. Bajonazo au second assaut. Silence.

Alberto Lamelas avait tenu à être présent malgré sa blessure d’Alès. Le public l’en remercia par une chaleureuse ovation à l’issue du paseo. Son premier combat avorta au premier tiers, le bicho s’assommant proprement contre l’étrier du picador. Groggy, il ne put continuer le combat et fut remplacé par un sobrero du même fer. RAS au capote face au nouveau venu, puis un tiers de pique chahuté où Gabin administra une troisième ration de fer après la sonnerie déclenchant l’ire du public (bronca). Les années se suivent et ne se ressemblent pas ! A la décharge du garçon, le palco eut tort de changer prématurément le tiers, car une troisième pique s’imposait. On le vit au second tiers où l’Aguirre sema la panique dans une cuadrilla pas à la hauteur de sa tâche. Alberto Lamelas prit ensuite la situation en main et révéla la noblesse qu’une lidia déplorable avait masquée. Le toro se livra progressivement sur les deux bords sous les applaudissements du public qui n’en attendait pas tant au départ. Hélas une mise à mort en trois temps (entière caidita après deux pinchazos) ruina tout espoir de trophée. Arrastre applaudi et vuelta pour Lamelas.

RAS à nouveau au capote face au dernier toro de la feria qui subit une lidia désordonnée au premier tiers (une pique sans mise en suerte, une pique sur le côté, un picotazo en sortant seul et une pique dure pour terminer – picador sifflé) comme au second avec une cuadrilla tout aussi inefficace qu’au premier toro. Le bicho faisant des fusées dans la muleta, difficile de construire une faena. Quelques derechazos et naturelles au hasard des charges et une trois-quart caida en guise de conclusion. Silence.

Reseña et photos : Paco.