Belle matinée vicoise avec des toros de Valdellan qui par leur présence et leur race ont enchantés les aficionados al toro.

On attendait le passage du novillo au toro, examen réussi pour ces Santa Coloma qui avaient porté haut les couleurs de la devise en novillada. Les aînés, solides sur leurs jarrets, ont pris hier 17 piques en 19 rencontres et affiché un tempérament qu’on aimerait voir plus souvent dans les ruedos. Hélas la terna du jour ne fut pas vraiment à la hauteur de ces Valdellan, à l’exception de César Valencia qui se battit comme un lion avec son peu d’expérience dans la catégorie.

Paulita, après deux véroniques de réception, fit piquer trois fois correctement son premier opposant mis éloigné progressivement du cheval puis le laissa dans les mains de ses banderilleros qu’il raccompagna jusqu’aux planches après chaque pose. Débutée par doblones genou ployé du plus bel effet, la faena prit corps par deux bonnes séries de derechazos, baissa d’un ton lors du passage à gauche pour s’étoffer ensuite lors du retour sur la corne droite. Travail de correcte facture hélas gâché par une mise à mort laborieuse : tiers de lame latéral dans le cou, demi-épée tendida à nouveau latérale et long cadrage pour trois descabellos. Salut pour le piéton et arrastre applaudi. Le Valdellan méritait mieux !

Dès son entrée, le quatrième se jeta comme un fou contre un burladero et s’y cassa la corne gauche. Il fut changé par un sobrero du même fer que le torero accueillit par trois véroniques et demie avant de le mener vers la pièce montée pour trois rations de fer, la première prise en poussant, le Valdellan sortant seul de la seconde pour ensuite recharger le uhlan qui termina sur une pique traserita. Paulita alterna ensuite les deux cornes pour quelques séries sans consistance, toro et torero à l’unisson dans la médiocrité. Entière delantera sur le côté après pinchazo. Silence.

Mehdi Savalli débuta sa matinée en dessinant quatre correctes véroniques et demie avant de mener son premier Valdellan vers son picador pour trois piques, poussant bien sur la première donnée latéralement, de moindre intensité la seconde et revenant seul vers le cavalier pour une troisième sur l’épaule repositionnée dans la foulée. Picador sifflé à sa sortie. Deux poder a poder et un violin al sesgo por fuera à charge de l’arlésien qui tenta ensuite de faire passer le toro dans les plis de sa muleta sans grand succès. De charge courte, le Valdellan aurait mérité une muleta autoritaire. Ce ne fut pas le cas et le bicho prit très vite le dessus sur le piéton qui en termina d’une quasi-entière en place suivie de quatre descabellos. Silence.

Désireux de se racheter, Mehdi accueillit le cinquième par deux largas cambiadas afaroladas de rodillas et quelques véroniques avant de le confier aux bons soins de son picador qui pompa et carioqua en trois rencontres, sortant lui aussi sous les sifflets du public. Après deux paires en poder a poder (la première à cornes passées) et un quiebro, le garçon brinda à Marcel Garzelli une faena d’inégale intensité, pas trop mal débutée par doblones genou plié mais souvent dessinée sur le voyage. Pas grand chose à se mettre sous la dent avant une entière caida, limite bajonazo, qui mit fin à la vie publique du Valdellan. Silence.

César Valencia a été le héros (malheureux car finissant blessé) de cette matinale. RAS au capote face au troisième avant trois bonnes piques, le bicho mettant les reins sur les première et troisième. Sortie applaudie du picador. Doublant bien pour gagner le centre, c’est ensuite les pieds vissés dans le sable que le garçon imposa plusieurs séries droitières guerrières, aguantant parfaitement les charges violentes du Valdellan et courant la main avec beaucoup de maîtrise. Après une courte tentative gauchère, Valencia revint sur la corne droite pour deux séries tout aussi dominatrices. Demi-lame en place et oreille de poids.

Le sixième fut mené vers le centre et fixé par demie, puis présenté au cheval pour un tiers de piques de grande intensité salué par la musique : grosse poussée lors de la première rencontre où cheval et cavalier firent preuve d’un remarquable équilibre, partant de loin ensuite sur le picador qui le reçut dans l’arrière du matelas (pas de pique), superbe pique prise de loin puis une dernière rencontre alors que le cavalier faisait tourner sa monture (pas de pique). Sortie du varilarguero sous une belle ovation. Une rencontre supplémentaire eut été judicieuse. Maître de la piste au second tiers, le Valdellan s’imposa au dernier, Valencia jouant une partie de gagne-terrain qui tourna à l’avantage du cornu, le garçon ne déméritant pas et se battant sur chaque muletazo. Quelques tandas méritoires et un Valdellan qui resta dominant, empêchant Valencia de le cadrer. Le jeune torero, en désespoir de cause, tenta une estocade al encuentro et se fit prendre par le bicho.

Moment de grande intensité dramatique avant évacuation de Valencia vers l’infirmerie. Paulita acheva le travail d’une entière tendida. Vuelta pour le toro et oreille promenée sous l’ovation par la cuadrilla de Valencia au grand complet, les picadors remarquables ce matin rejoignant les banderilleros pour un hommage unanime.

Une matinale qui restera dans l’histoire ganadera vicoise.

Reseña et photos : Paco.