Après les décevantes partitions précédentes jouées par les toros du mono-encaste, on attendait peu de celle proposée par les Nuñez del Cuvillo (origine Juan Pedro Domecq, Carlos Nuñez et Osborne).
Il semble qu’on se soit trompé car les bichos d’hier, sérieusement présentés, ont donné plus que le jeu attendu, à l’exception du fade sixième. Le second reçut une ovation à l’arrastre. Mais ne nous y trompons pas, on reste dans la corrida moderne avec des toros bien faits, zélés au cheval et qui « servent » dans la muleta, y répétant avec bonté et noblesse.
Quant aux volteretas, elles ne sont pas dues à un excès de caste des toros mais plutôt à un excès de confiance des piétons. Bref, une corrida plus agréable à suivre que les précédentes (Victorino mis à part) où paradoxalement il ne se coupa aucune oreille, principalement à cause de l’épée. Après une corrida comme celle-là, les figuras vont faire la queue pour toréer les Cuvillo et le ganadero voir son carnet de commandes se remplir.
Francisco Rivera Ordoñez « Paquirri » laissa un peu trop piquer son premier toro qui laissa au cheval les forces qui lui manquèrent au dernier tiers. Sa faena resta dans une constante neutralité et le silence qui en résultat après une lame très en arrière fut évocateur.
Le quatrième sortit seul de ses visites au cheval et attrapa le banderillero Juan Garcia (10 cm dans la jambe droite). Bon dans la muleta, il fut gaspillé par un « Paquirri » junior loin de faire flotter fièrement la devise du paternel. Nouveau silence après une lame correcte et des questions à se poser.
José Maria Manzanares (photo : Arjona) toréa en premier « Encumbrado« , un authentique bonbon qu’il reçut fort bien au capote, signant ensuite un esthétique quite par chicuelinas. Le torero d’Alicante se fit plaisir et régala l’oeil des aficionados lors d’une élégante faena ambidextre où il sut ménager les temps, le toro répondant parfaitement aux sollicitations du diestro. Hélas cette faena de deux oreilles fut gâchée par un mauvais maniement des aciers et le garçon salua sous l’ovation.
Le cinquième fut un autre bon toro face auquel Manzanares se confia, trop peut être car une voltereta vint le rappeler à l’ordre. Le torero reprit ensuite la main pour donner de grandes tandas, deux à droite et une à gauche où ne manquèrent ni la profondeur, ni le temple. José Maria tenta un recibir pour rémater en beauté son travail mais à nouveau l’épée fit défaut et le trophée jusque là acquis s’envola. Vuelta.
David Galvan paraissait un peu contracté par le défi à relever. Il se détendit petit à petit et ses muletazos gagnèrent en profondeur, notamment à gauche, mais l’ensemble manqua cependant de consistance. Silence après une estocade en deux temps.
Après les cinq premiers bonbons, le sixième fut la dragée au poivre de la course. Peu enclin à collaborer, mirón, incertain dans ses charges, il parvint à attraper le garçon qui subit une impressionnante voltereta avant d’être chargé au sol, s’en sortant sans mal par miracle. Le pundonor du torero le fit se placer dans les cornes pour poursuivre un trasteo qui aurait pu lui valoir un pavillon si l’épée avait été au rendez-vous. Vuelta.