On aurait pu s’en tenir à une reseña normale, alors pourquoi ce titre ?
La photo permettra d’amorcer le débat sur la dérive des corridas de rejon.
Comment en effet, comme ce fut le cas ce dimanche à Séville, donner deux oreilles à un rejoneador qui met ses montures en péril. Certes, il s’agit plus de bousculades que de véritables accrochages, mais que se passerait-il si les cornes des toros étaient limpias et non épointées (ou comme on le voit trop souvent tronçonnées) ?
Le sachant, les rejoneadores prennent beaucoup de risques, trop certainement, tout cela pour rendre la course SPECTACULAIRE, délaissant les fondamentaux pour le superficiel. La corrida de rejon se transforme en un spectacle de cirque où l’on fait cabrer le cheval, on le fait asseoir, on le fait marcher sur les postérieurs, et j’en passe. Certes, la haute école a sa place dans la piste et les figures telles que le passage, le piaffer, les changements de pieds au temps, etc, font partie du spectacle.
Quant aux façons de clouer les banderilles, il y aurait beaucoup à dire. Combien voit-on de poses à l’étrier ? Bien peu. Bien souvent le cavalier est tourné vers la croupe de sa monture et cloue en se penchant vers un toro bien dépassé par le cheval.

Ne parlons même pas du respect dû au TORO ! Outre l’afeitado, signalons le nombre souvent excessif de harpons, transformant le pauvre animal en pelote d’épingles.
Bien peu de cavaliers placent eux mêmes leurs opposants et laissent faire les peones, peones qui ont souvent un comportement inacceptable, se précipitant dès le rejon de muerte enfoncé pour faire perdre l’équilibre au toro et le puntiller très vite, réclamant ensuite en criant ou en sifflant des trophées pour leur patron.
Alors je m’adresse au public et lui recommande de bien regarder ce qui se passe en piste et surtout de ne pas encourager un rejoneador qui privilégie le clinquant à la lidia. Si on n’applaudit pas un cavalier qui fait toucher ses montures (voire si on le siffle), qui cloue à cornes passées, et autres dérives, peut-être reviendra-t-il à ce qui fit le succès de rejoneadores comme Manuel Vidrié : la vérité dans le combat et le respect de l’animal qui les fait vivre.
Quant à la corrida de rejon de dimanche, qui fut prétexte à ce « coup de gueule », en voici le résultat brut, sans commentaires …
- Rui Fernandes : silence et oreille.
- Diego Ventura : oreille et deux oreilles.
- Andrés Romero : silence et deux oreilles.
Puerta del Principe (imméritée) pour Diego Ventura.
Sortie a hombros par la Puerta des Cuadrillas pour Andrés Romero.