Intéressante novillada avec des bons utreros de Rehuelga qui animèrent cette matinale en mettant en avant une caste et une noblesse de bon aloi, mais qui, si l’on veut aller au bout de l’analyse, manquèrent un peu de cette « chispa » qui leur aurait fait rejoindre l’excellence. Plusieurs d’entre eux furent applaudis à l’arrastre.
David Martin Escudero est resté dans une honnête moyenne face à un premier novillo qui aurait mérité qu’on tire le bras pour allonger sa charge. La réception par véroniques fut de correcte facture avant un passage par le cheval pour deux rations de fer prises en poussant un peu mais sans fixité. Quite d’échauffement pour Lilian Ferrani par delantales et demie. Sans être animé de mauvaises intentions (car il ne joua pas des cornes), le Rehuelga se mit por dentro dès les premiers muletazos et se colla au novillero à la fin de chaque série, à droite surtout, une attitude dont le garçon ne sut comment se dépêtrer, et qui le mit souvent en difficultés. Son toreo un peu codillero n’arrangea pas la situation. Un retiendra quelques bonnes passes trop isolées pour constituer un ensemble cohérent. Final en deux assauts pour deux lames tendidas et latérales complétées par deux descabellos. Palmas.
La réception du quatrième par véroniques genou plié fut élégante, et Lilian Ferrani revint ensuite au quite par chicuelinas et larga après deux légères rencontres au cheval. La faena du novillero de Galapagar fut de moindre niveau que la précédente, le garçon se contentant de muletazos sur le voyage sans tenter de peser sur son opposant. Il s’embrouilla dans son toreo et rendit une copie plutôt médiocre. Le desplante après les manoletinas finales ne fut en rien justifié. Entière traserita après deux pinchazos, deux descabellos. Silence.
Lilian Ferrani composa quant à lui la partition la plus propre de cette matinée. Volontaire, appliqué, il fut efficace et élégant, et sa sortie a hombros ne fut en rien usurpée. Face au deuxième, il dessina de jolies véroniques templées avant de le mener vers Nicolas Bertoli pour deux rations de fer d’inégale intensité prises en s’employant. Gines Marin intervint ensuite au quite par trois chicuelinas et demie, Lilian répliquant par tafalleras et demie. Débutée par statuaires, la faena se fit essentiellement sur la corne droite, la gauche s’avérant moins fréquentable. Le torero local sut baisser la main avec élégance et conduire la charge d’une main ferme, intercalant quelques jolis détails dans la trame de son travail tels capeina, molinete ou changement de main. Entière en place après trois manoletinas et oreille méritée.
Le ton monta face au quinto accueilli par une larga cambiada a porta gayola hasardeuse car le novillo ne chargea pas le capote dès sa sortie, obligeant Lilian à se replacer. Quelques bonnes véroniques suivirent la remise sur pieds. Gabin Rehabi fut ensuite sifflé par le public pour deux piques violentes qui ne se justifiaient pas. On aurait préféré une troisième rencontre. Quite de Gines Marin par trois véroniques templées et belle demie. Initiées par deux cambios por la espalda, la faena ambidextre de Lilian fut variée et élégante, le garçon s’appliquant à construire à base de gestes épurés et sincères un trasteo de note supérieure, avec quelques fioritures bienvenues mais quelquefois le petit défaut de ne pas suffisamment courir la main. Final par belle entière contraire portée a recibir, descabello et deux trophées pour Lilian aujourd’hui prophète en son pays. Vuelta (peut être un peu généreuse) pour le Rehuelga.
Après ses succès de début de saison et sa notoriété croissante, on attendait Gines Marin. Malgré quelques gestes de classe le garçon a déçu. Face au troisième, les véroniques de réception furent élégantes et templées, malgré un désarmé à la troisième, et la demie tout autant. Après une pique tracera et un picotazo, Martin Escudero signa un quite par gaoneras et revolera. La faena qui suivit permit de voir que le jerezano avait la fibre artistique, mais son trasteo ambidextre manqua de liaison et quelquefois d’engagement, notamment à gauche où le pico fut omniprésent. Salut au tiers après une demi-lame tendida efficace.
Après réception un peu sèche par véroniques et demie, le sixième poussa sur la première rencontre jusqu’à obtenir la chute, puis reçut un picotazo trasero. Débutant par passes hautes, Gines Marin servit quelques bonnes séries droitières templées. Le passage à gauche fut compliqué par les génuflexions d’un Rehuelga finissant a menos. Le garçon opta pour un toreo encimista pour arracher les derniers muletazos, achevant ensuite sur demi-lame tendida après pinchazo. Palmas.
Reseña et photos : Paco.