Arènes combles, soleil et fraîcheur. Six toros de Concha y Sierra, remarquablement présentés et redoutablement armés. Tous deux piques, à l’exception du quatrième et sixième, trois châtiments. Braves sous le fer. Le quatrième renverse la cavalerie.
- Javier Castaño (bleu marine et or), au premier, une entière, salut au tiers ; au quatrième, un pinchazo et une entière, silence.
- Manuel Jésus Pérez Mota (rose foncé et azabache), au deuxième, un quart de lame, silence ; au cinquième, un mete y saca, silence.
- Alberto Lamelas (bleu roi et or), au troisième, une entière, une oreille ; au dernier, une entière, une oreille.
Pas commode du tout les Concha y Sierra qui se retrouvent désormais chez Jean-Luc Couturier. Si l’on excepte les deux premiers de la course, vraiment très faibles, les quatre autres n’on cessé de poser de sérieux problèmes. C’est Alberto Lamelas qui, avec quelques onces de courage de plus que ses compagnons, peut s’offrir une oreille à chacun de ses adversaires. Tout a commencé avec « Creativo », troisième à sortir en piste. Creativo, un sérieux client qui ne tarde pas à le mettre en difficulté sur la main droite. La tête est chercheuse, les cornes pas commodes et il faut tout le courage du torero pour devenir le maître de ce duel. Progressivement c’est lui qui se transforme en dominateur. Il y avait là un garçon qui s’est battu une première fois… Une oreille en poche, il aurait pu expédier les affaires courantes avec un dernier Concha y Sierra un peu andarin, qui suivait la muleta sans grande conviction. Mais là aussi, par la façon de tenir le chiffon rouge, de le baisser, de ralentir sa course, il parvenait à faire humilier Camarero. Très vite on a compris que le garçon partait à la conquête de sa seconde oreille. Là aussi on a retrouvé le dominateur que l’on avait apprécié lors de la dernière Pentecôte à Vic… Le public était avec lui et le portait, et lui a pardonné un coup d’épée peu orthodoxe qui fut efficace.
Javier Castaño avec un énorme métier, un courage qui ne peut pas être mis en doute, et une belle honnêteté dans ces petites arènes, a affronté le Concha le plus puissant qui se permit de renverser la cavalerie. Sur la corne droite ce fut souvent un combat épique, dangereux et à faire frémir. Un courage qui n’a pas été apprécié à sa juste valeur. Mais Castaño est sorti avec les honneurs.
En cette belle journée ensoleillée mais fraîche, il y a eu un grand perdant, Manuel Jésus Pérez Mota. Privé d’un premier combat, il se retrouve handicapé avec son second adversaire. Jamais il ne trouvera le sitio, il cherche la distance sans y parvenir, il est même désarmé. Il est vrai qu’en face il a la plus belle estampe de la course, un toro à la Goya, très impressionnant avec des armures astifinas. De quoi faire fuir les plus courageux… Perez Mota est resté, serein et courageux sans pouvoir conclure.
Une journée qui a démontré que des Concha y Sierra qui tiennent sur leur pattes sont des taureaux à ne confier qu’à des matadors très compétents. Lamelas en sortant en triomphe avec ses deux oreilles a démontré qu’il appartenait à cette élite.
Reseña et photos : Jean-Michel Dussol
Reportage photos ci-dessous : Romain Tastet.