Belle entrée, soleil et fraîcheur, quatre novillos du Camino de Santiago (Jean-Louis Darré), le troisième le plus lourd et le plus impressionnant, le premier, de loin, le meilleur du lot. Les deux autres parfaits.
- Jamadi Ibañez (rose et or), au premier, une entière, une oreille ; au troisième, deux pinchazos, une entière, cinq descabellos, silence.
- Tibo Garcia (bleu marine et or), au deuxième, une entière en deux temps, un descabello, une oreille ; au dernier, trois quart de lame, un descabello, une oreille.
Extraordinaire «Estudiante», novillo du Camino de Santiago qui a ouvert la journée taurine d’Aignan. Parfait dans ses proportions et son armure, parfait dans son comportement, un véritable petit joyau que Jamadi Ibañez n’a sûrement pas su exploiter dans la totalité des ses possibilités. Mais pour autant, un novillo qu’il n’a pas expédié et qu’il a parfaitement toréé. Que lui reprocher à la cape, avec d’immenses véroniques et quelques demies pour faire plaisir aux amoureux des gestes artistiques. Des banderilles, plutôt bien posées avant un sympathique brindis au public et une faena diversifiée, sur les deux mains… Avec de temps à autres des cites de très loin, histoire de faire voir le toro au mieux de sa condition. Jamadi Ibañez s’est montré torero très compétent. Certes, tout le monde a compris qu’il lui manquait quelques heures de pratique. Et a encore moins compris que la présidence ne récompense pas d’une vuelta al ruedo cet immense novillo. Par contre avec « Cancionero », le plus lourd du lot, un animal compliqué qui avait tendance à changer la trajectoire initiale de sa course, toujours prêt à décocher un coup de corne, histoire de mettre la pagaille… Ce fut beaucoup plus compliqué avant de découvrir le bon sitio. Mais Jamadi parvint à faire oublier ses faiblesses pour apparaître comme un torero plus mûr.
Tibo Garcia, le protégé de Serge Almeras, entra dans ce concours avec la volonté de s’imposer. Avec un classicisme affirmé il commença sur une faena marquée par la lenteur de ses gestes et un temple extrême dans les quites qu’il pouvait distiller par la suite. Mais son classicisme ne tardait pas à payer. Pendant une dizaine de passes il se montra extraordinaire sur la main droite … Au point de s’y faire plaisir et d’insister et continuer. Son dernier novillo, applaudi comme tous ses frères dès son entrée, lui permit de dessiner d’excellentes demi-véroniques et de continuer ses démonstrations sur la main droite. Il y fut très apprécié. On le préféra sûrement avec le dernier où il démontra un esthétisme splendide, signant un nouveau festrival à droite et parvenant à une sobriétré étonnante sur la main gauche. Un Tibo Garcia dont on connaissait la valeur et que l’on souhaite voir ainsi tout au long de la saison taurine. Il n’avait pas oublié de brinder aux ganaderos français présents dans l’arène.
Très légitimement, il quittait les arènes, emporté en triomphe par ses admirateurs. Tout commence bien pour Tibo et on en est ravi.
Reseña et photos : Jean-Michel Dussol