Pour cette première corrida de la Feria de Pâques, on retiendra comme souvenir majeur les images de la tauromachie de Frascuelo.
Tout commença par un défilé aux accents traditionnels avec Reine d’Arles et représentants des différentes entités locales, gardians salariés, éleveurs de chevaux Camargue, etc qui se rangèrent tout autour de l’ovale pour y entendre un discours sur la sauvegarde de nos traditions.
Après un hommage aux personnages du monde taurin disparus depuis la dernière feria, le paseillo put avoir lieu.
Des toros du jour, porteurs du fer de Dos Hermanas (Patrick Laugier et ses filles), on retiendra une bonne noblesse hélas entachée d’une grande faiblesse, notamment au niveau des trois premiers qui ne permirent pas aux toreros du jour de vraiment s’exprimer. Les trois suivants, à condition d’être savamment ménagés, autorisèrent quelques gestes que chacun goûta suivant sa sensibilité.
Les puristes auront apprécié une fois de plus la tauromachie sobre de Frascuelo où le geste est juste, pur, millimétré et d’une grande honnêteté. Il accueillit ainsi son premier par une série de douces véroniques, le fit piquer à deux reprises avant de servir des muletazos ambidextres à montrer dans toutes les écoles de tauromachie. Les naturelles citées de face furent très toreras (malgré quelquefois l’utilisation du pico), les trincherillas savoureuses et le changement de main par devant du début de faena des plus goûteux. Le torero ne put hélas pas trop baisser la main, vu la faible condition physique de son opposant, ce qui aurait donné encore plus de profondeur à sa courte faena. Demi-lame contraire, puis entière contraire pour en finir. Palmas.
Les véroniques d’accueil et revolera face au quatrième furent du même tonneau. Mal piqué en deux rencontres pour quatre blessures, le bicho fut invité dans un quite de Frascuelo par deux chicuelinas et demie. Le madrilène composa ensuite une nouvelle faena ambidextre où toujours le geste fut juste et élégant, la jambe de sortie en avant, la ceinture et le poignet toujours au rendez-vous. Comment un tel torero a-t-il pu passer à côté d’une immense carrière ? Après une demi-lame en place, des longueurs au descabello firent s’envoler l’oreille qui jusque là semblait acquise. Palmas.
Curro Diaz est un torero élégant mais qui pèse peu sur ses opposants. Le garçon est plus apte à accompagner les charges qu’à les commander. Face à son premier toro protesté par le public pour sa faiblesse frôlant l’invalidité, il ne put rien faire et point n’est besoin de commenter davantage. Final en deux temps avec l’acier. Silence.
Face au quinto, RAS au capote, puis après deux correctes rencontres au cheval, une faena d’inégale intensité où les meilleures tandas furent droitières, mais hélas toujours trop sur le voyage. Le garçon a pourtant une belle ceinture et un beau poignet, mais son toreo manque d’engagement. On retiendra donc quelques séries de belle plastique avant un final par atravesada perçante et demi-lame delanterita. Silence.
Roman Perez s’est montré hier volontaire face à ses deux toros. Un peu sec au capote face à son premier qui ne brilla pas non plus par sa grande force, il laissa Marco Leal saluer après deux très belles paire de banderilles avant de se lancer dans une faena où son principal travail consista à arracher des muletazos à un bicho qui n’avançait pas. Demi-ration tendida et latérale pour la conclusion. Silence.
Après quelques capotazos corrects, le sixième prit deux rations de fer homéopathiques avant d’être embarqué dans une faena un peu besogneuse. Roman courut bien la main par moments et sa volonté n’est pas à mettre en doute. Quelques bonnes tandas droitières sont à retenir d’un ensemble conclu d’un grand coup d’épée pouvant justifier l’oreille accordée.
Reseña et photos : Paco.