Le cartel de Samadet avait réuni une bonne chambrée d’aficionados dont un certain nombre venus du sud-est pour supporter Philippe Cuillé, et d’Espagne pour soutenir le jeune Alvaro Garcia qui faisait ses débuts en piquée.
Les utreros camarguais (d’origine Miranda de Pericalvo) soufflèrent le froid et le chaud, les trois premiers affichant une faiblesse peu vue auparavant dans la ganaderia, les trois derniers, de présentation supérieure aux précédents, évoluant avec plus de forces et de genio.
Borja Alvarez (remplaçant Guillermo Valencia) accueillit le novillo d’ouverture par correctes véroniques et demie, puis le fit ménager par son picador en deux rencontres symboliques, le bicho ayant auparavant fléchi à plusieurs reprises. Suivit une faena ambidextre volontaire, (forcément) dessinée à mi-hauteur, non dénuée de temple et de douceur mais manquant de transmission faute de matière première. Silence après une demi-lame tendida et trasera portée au quatrième assaut.
Le quatrième fut reçu de rodillas par larga cambiada afarolada suivie de quelques véroniques, chicuelina et demie. Deux vraies rations de fer cette fois pour un bicho qui s’employa correctement, puis un quite de Vanegas par deux douces véroniques et revolera. La faena qui suivit, initiée par deux bonnes séries droitières, se dévalua progressivement par un passage à gauche un peu sec, puis par des passes hautes qui n’avaient rien à faire là, le garçon ne profitant pas assez de la bonne corne droite et délaissant les fondamentaux pour une séquence de toreo superficiel. Mise à mort longuette par vilaine atravesada, pinchazo, entière contraire, trois descabellos et une poignée de coups de puntilla. Silence.
Manolo Vanegas hérita pour premier opposant d’un novillo qui fléchit à plusieurs reprises mais qui paradoxalement souleva un peu le cheval à la première rencontre puis partit du centre à la deuxième pour s’employer à nouveau, laissant dans l’épreuve la plus grande partie de ses forces. Après un quite brouillon d’Alvaro Garcia qui cafouilla ses chicuelinas, Manolo prit les bâtonnets pour deux cuarteos et un poder à poder de correcte facture. Initiée par jolies passes hautes genou ployé, la faena tourna vite court, le bicho derrotant au final des premiers muletazos et finissant très vite parado. Après une poignée de muletazos arrachés dans les cornes, le jeune vénézuélien se retira en silence après en avoir terminé d’une atravesada hémorragique.
Le beau quinto fut salué par quelques bonnes véroniques, revolera et demie avant de prendre deux rations de fer, traserita et latérale la première, plus courte la suivante, les deux prises en poussant. Après un quite d’Alvaro Garcia par deux véroniques et demie, Manolito reprit les fuseaux pour un poder a poder, un violin al quiebro et une pose à reculons. Débutée par trois derechazos de rodillas, la faena fut d’inégale intensité, les deux adversaires gagnant du terrain à tour de rôle. Impossible à gauche, le Cuillé collabora sans innocence à droite, bousculant une paire de fois le garçon, heureusement sans conséquences. On retiendra quelques derechazos en courant bien la main et une passe cambiada serrée (et improvisée). Final encimista suivi de manoletinas et une possible oreille au bout de l’épée qui hélas s’envola à cause des quatre pinchazos précédant une entière foudroyante. Vuelta.
Alvaro Garcia est un garçon un peu vert, doté d’un bon poignet mais d’une ceinture un peu raide. Quelques correctes véroniques au centre à la réception de son très faible premier qui chuta à la sortie d’une unique pique et qu’il dut ménager au dernier tiers pour qu’il reste sur ses aplombs. Toreo ambidextre de circonstance, tout en douceur avec quelques passages liés et templés, à gauche notamment, mais ne justifiant pas la pétition de ses supporters après l’entière trasera portée au second assaut. Vuelta.
Le beau sixième fut salué par correctes véroniques et demie, prit deux piques d’inégale intensité avant de finir avisé au dernier tiers. Le garçon se fit avertir une première fois lors des premières bonnes séries droitières et eut le tort ensuite de vouloir enchaîner plus de muletazos que le bicho voulait bien en prendre. Où il fallait remater après le troisième muletazo le garçon poursuivit, et ce qui devait arriver arriva.
Nouvelle cogida et deux trajectoires de 12 et 15 cm dans la cuisse. Alvaro Garcia resta en piste pour en finir avec son adversaire qu’il coucha d’une trois-quart trasera, tendida et latérale. Vuelta de la cuadrilla après pétition tandis que le garçon gagnait l’infirmerie par ses propres moyens.
Reseña et photos : Paco.
Fiche du spectacle.
Samadet. 22 mars. Feria de la Faïence. Trois-quart d’entrée. Température fraîche.
Novillos de Philippe Cuillé.
- Borja Alvarez : silence et silence.
- Manolo Vanegas : silence et vuelta.
- Alvaro Garcia : vuelta et vuelta de la cuadrilla sur blessure du torero.
Note : blessure d’Alvaro Garcia durant la faena au sixième novillo. Cornadas de 12 et 15 cm dans la cuisse droite.