Valdemorillo. 8 février. Triomphe de Víctor Barrio.

Victor Barrio. Valdemorillo 2015La corrida d’hier à Valdemorillo a permis à Víctor Barrio (Photo : Javier Arroyo) de se signaler aux organisateurs, lui qui a très peu toréé en 2014 (4 corridas) après une carrière de novillero des plus prometteuses.

Au menu du jour cinq toros de Cebada Gago et un de Salvador Garcia Cebada (3°,  second fer de la maison inscrit à l’AGL), correctement présentés (de 480 à 530 kg) mais un peu justes de forces, le sixième affichant les meilleures dispositions.

Tous les bichos ne reçurent qu’une seule ration de fer, à l’exception du troisième qui en prit deux. A noter que le travail de destruction des varilargueros ne fut sûrement pas étranger au fait que la majorité des toros plièrent les genoux ou s’arrêtèrent en cours de dernier tiers, car toutes les piques furent données en arrière du point d’impact normal. Les spectateurs qui ne voient que les faenas feraient bien de regarder de plus près le tertio de varas. La suite en dépend très souvent. Quant aux picadors, soit ils sont maladroits, soit ils sont mal intentionnés. Dans les deux cas, ils n’ont rien à faire là. La corrida est certes menacée de l’extérieur, mais elle l’est aussi de l’intérieur, notamment par de tels comportements qu’il ne faut pas manquer de dénoncer. C’est ici chose faite.

Paulita n’eut pas, au sorteo, la chance de ses compagnons de cartel. Son premier s’avéra maniable mais un peu soso et garda la tête haute de bout en bout, mettant à mal les efforts du torero qui, malgré son envie de bien faire, ne put s’exprimer comme il l’aurait souhaité. A retenir les douces véroniques et demie de réception et une lame entière efficace bien que trasera et tendida. Salut. Le quatrième mit bien la tête dans les premiers capotazos, puis se décomposa au derniers tiers où il chargea court et se retourna promptement. A l’impossible nul n’est tenu. Entière delantera pour expédier ce « Bocero » qui fut arrastré sous les sifflets. Salut de Paulita visiblement déçu.

Manuel Escribano accueillit « Olivito » par une larga de rodillas au fil des planches avant de lui proposer cinq bonnes véroniques et demie. Après un quite par deux chicuelinas et demie, le torero de Gerena prit les banderilles pour deux poder a poder (le premier à cornes passées) et un quiebro contre les tablas. La faena ambidextre, de correcte facture, fut contrariée par le manque de forces et de transmission du Cebada qui s’éteint avant la fin. Escribano lui imposa cinq manoletinas avant de l’abattre d’une grande estocade. Oreille un peu généreuse. « Juncal III » sorti en cinquième position fut reçu d’une larga cambiada a porta gayola où le torero ne dut son salut qu’à un plongeon volontaire. Le garçon se releva très vite pour imposer à l’animal une bonne série de sept véroniques et revolera. Escribano reprit ensuite les bâtonnets pour deux poder a poder de correcte exécution et un violon al quiebro où les banderilles se trouvèrent malencontreusement fichées au milieu du dos. Débutée par cambio por la espalda au centre, la faena se poursuivit par deux séries droitières de bonne facture, la première agrémentée d’un joli changement de main par le devant, la seconde rématée d’un beau pecho genou à terre. Hélas le Cebada commença à se défendre sur place lors du changement de main, puis rompit le combat après que Manuel lui ait imposé quelques muletazos. Vuelta après une entière en place.

On sentait Víctor Barrio très mentalisé pour cet important challenge de début de temporada. La suite nous donna raison. Ainsi il se plaça au centre pour accueillir « Gallinero » par deux tafalleras superbes d’exécution, poursuivant la réception par deux chicuelinas et tafallera intercalée. Le « Salvador Garcia Cebada » partit ensuite sans mise en suerte sur le picador Oscar Bernal auquel il fit vider les étriers, lequel se vengea en lui trouant le cuir par deux fois, sortant sous les sifflets. L’entrée en matière gauchère ne s’avéra pas judicieuse car le bicho coupa le terrain sur les premières naturelles. Barrio changea de main pour imposer sa volonté à un toro qui refusait de se livrer. Sûr de lui le garçon construisit petit à petit sa domination sur l’animal qu’il exécuta de deux tiers de lame en place. Oreille au mérite. Le sixième, « Cachondito », ne vit pas dans un premier temps le torero qui l’attendait à genoux au centre. Lorsqu’il l’aperçut enfin, il chargea le capote avec une grande noblesse, permettant au garçon quatre largas cambiadas afaroladas de rodillas et demie. Suivit ensuite un joli quite très torero par gallosinas et gaoneras. Débutée de rodillas sur la corne droite, la faena s’y étoffa progressivement, Barrio baissant peu à peu la main malgré les forces justes d’un animal d’une grande noblesse dénuée d’innocence. Deux passages succincts à gauche avant retour sur la droite pour une série très profonde de derechazos avant final par bernadinas. Une petite pétition d’indulto fit hésiter le torero qui servit encore une série de la gauche avant finalement de monter l’épée pour une entière caidita. Deux oreilles légitimes et vuelta pour le noble « Cachondito », un toro qui comptera sûrement pour lancer la temporada de Victor Barrio.

Puerta Grande pour le garçon qu’il faudra suivre cette saison.

Reseña : Paco (devant sa télé).