Rencontre avec Michel Bouisseren, organisateur de la Feria de Boujan.

PAC_0632Après la conférence de presse de présentation de la Feria de Boujan, nous avons jugé opportun de rencontrer Michel Bouisseren pour entrer un peu dans les détails de l’organisation.

Voici la teneur de notre discussion.

Michel, peux-tu d’abord te présenter aux lecteurs de torobravo ?

Michel Bouisseren, aficionado depuis tout petit puisque j’ai suivi mes parents dans les arènes et je n’en suis jamais ressorti. J’ai 52 ans et ça fait donc 48 ans que je fréquente les arènes.

Au niveau professionnel, travailles-tu dans le domaine des toros ou es-tu extérieur au mundillo?

Je suis extérieur au monde des toros puisque je suis agent commercial dans le vêtement et la chaussure. J’ai un site taurin qui s’appelle « Brèves Taurines », j’écris pour la revue 7officiel de Montpellier (gazette économique de l’Hérault) mais je ne suis pas du monde taurin proprement dit.

As-tu organisé auparavant des spectacles taurins ?

Je n’ai jamais rien organisé auparavant. C’est la première Feria, si on peut dire en tant qu’empressa, que j’organise.

Qui, à part toi, s’occupe de l’organisation de la Feria ?

L’organisation se fait au travers d’une association qui s’appelle MB Aficion. La partie taurine, je la gère tout seul, et pour tout ce qui est à côté, c’est à dire le Campo de Feria, les spectacles, les restaurants, les bars, je me suis entouré de trois biterrois, deux qui sont dans l’événementiel et un qui a une régie publicitaire et une imprimerie.

MB AficionMB Aficion, est-ce une association type loi 1901 ou bien une société ? Et avec quel budget fonctionne-t-elle ?

C’est une association loi 1901 qui est faite de quatre copains. On n’a aucune subvention car on ne demande rien. C’est pour pouvoir monter des spectacles taurins qu’on s’est mis en association.

Comment est venue l’idée d’organiser une Feria à Boujan ?

Déjà dans l’Hérault les arènes où on peut organiser des novilladas avec mise à mort ne sont pas légion. Le projet initial était sur Pérols. La mairie a changé et ça n’a pas été possible. Quand je suis venu m’installer à Béziers, les seules arènes où on pouvait organiser ce type de spectacles étaient celles de Boujan sur Libron.

Est-ce que tu habites à Boujan ?

Non, j’habite à Béziers car je vis avec une biterroise depuis un an.

Au niveau de l’organisation de la Feria, quelles sont les principales difficultés que tu as rencontrées ?

Je découvre un monde nouveau donc j’apprends tous les jours, tant sur la partie taurine que sur la partie extérieure. On a eu la chance d’avoir un maire qui a tout fait pour que ce projet voit le jour. Les difficultés rencontrées, c’est principalement au niveau du budget sécurité de la rue qui est à la charge de l’organisateur, c’est à dire nous. On est parti sur un gros budget sécurité, c’était le seul moyen pour que le sous-préfet accepte ce projet.

Le budget pour le montage des cartels, pour l’achat des toros, est-ce un budget propre ou un budget qui vient des sponsors ?

C’est parti pour être équilibré avec le Campo de Feria et le Village Entreprises où on va vendre des Packs Entreprises pour les trois jours.

Il n’y a pas de mise de fond personnelle ?

Non, sauf si on est déficitaires. Dans ce cas, c’est nous qui mettrons ce qui manquera.

La Feria commencera le vendredi par une novillada sans picadors. Est-ce qu’il était judicieux de mettre la novillada sans picadors ce jour-là au lieu du samedi matin ou du dimanche matin?

Ce choix, il est économique pour faire vivre le Campo de Feria dès le vendredi après-midi avec une ouverture prévue à 13h00, et comme c’est lié avec des spectacles flamenco et le vendredi en début d’après-midi avec de la Doma Vaquera, c’était judicieux de mettre une non-piquée le vendredi après-midi.

Au niveau du calendrier, la date de Boujan entre en concurrence avec celle de Mauguio. Est-ce que vous avez eu des contacts pour essayer de décaler l’une ou l’autre des deux manifestations?

Au mois d’août, quand j’ai avancé sur le dossier, j’ai pris connaissance des dates de Nîmes et d’Astres, et je me suis calé entre les deux. Normalement la Romeria était, je crois, avant, mais la mairie a modifié la date de la Romeria, et du coup, c’est tombé en même temps. J’avais déjà réservé les toros, avancé sur beaucoup de choses. En plus, nous c’est trois novilladas sur trois jours alors que Mauguio c’est un spectacle. J’ai pris contact avec quelqu’un à Mauguio et depuis je n’ai plus de nouvelles.

badge-38-boujan-2015_sfAu niveau des ganaderias, la Feria a une connotation torista. Pourquoi ? Va-t-elle la garder si elle perdure ?

Moi j’ai une culture complètement torista, je suis un amoureux du toro bravo. Nîmes est ma ville de coeur, Partido de Resina à Nîmes c’est une institution, c’est une des peñas les plus importantes et j’avais vraiment envie des Partido. Pour la seconde, j’avais le choix en plus dans d’autres élevages comme Moreno de Silva mais pour une première année, je voulais essayer d’être assez cohérent et Cebada Gago apporte aujourd’hui une sécurité en novillada où les dernières années ont été superbes dans ce créneau.

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Si la Feria connaît le succès qu’on vous souhaite, est-ce que la Feria va se conserver dans le même esprit et avec la même structure, à savoir une novillada sans-picadors et deux novilladas piquées ?

Dans l’hypothèse où ça serait un véritable succès, l’intention c’est de renouveler dans le même esprit. J’ai rencontré des ganaderos que j’aime beaucoup comme Adolfo Martin, Baltasar Iban et autres. De toute façon on restera dans la même direction, de la mise en valeur de la pique, du toro bravo, de tout ce que j’ai énoncé tout à l’heure (lors de la conférence de presse) et si réellement la Feria est un succès, pourquoi ne pas passer à trois novilladas piquées.

Le choix des novilleros n’est-il pas compliqué étant donné que ce sont deux devises que beaucoup de toreros préfèrent éviter ?

C’est ce que j’ai cru au début. J’ai pensé que je n’aurai pas les têtes de l’escalafon, mais à ce jour  le seul refus que j’ai eu, c’est Gines Marin que Simon Casas veut préserver mais sinon, José Antonio Campuzano veut que Roca Rey torée la novillada de Partido parce qu’il la trouve magnifique.

Est-ce que les novillos seront visibles par les aficionados ? Si oui, où ? A Béziers ? Chez Margé?

Les novillos arriveront une semaine avant. Ils seront débarqués dans les corrales des arènes de Béziers que Robert Margé me prête gracieusement, et je pense qu’on va instaurer un système de visite pour que les aficionados puissent voir les lots pendant la semaine.

1150153_248608825318739_1951697533_nAvant de venir, les gens vont se poser des questions au niveau de la sécurité par rapport aux antis. Qu’avez-vous prévu ?

A Boujan il est prévu le même dispositif que pour la Feria des Vendanges 2014, c’était la condition pour monter cette Feria. On a un service de sécurité privé. C’était quasiment le plus gros de nos budgets pour la Feria et Gérard Abella (le maire) fera paraître des arrêtés municipaux pour avoir l’appui des forces de l’ordre en cas de besoin.

Est-ce que comme à Rodilhan le village va être bouclé, est-ce qu’il va y avoir un système de filtrage comme à Alès, ou est-ce que ça sera juste une présence policière ?

On va anticiper le fait que les antis vont venir et on va prendre des mesures pour filtrer à des entrées stratégiques du village pour que les aficionados, tant dans les arènes que dans le Campo de Feria,  soient tranquilles. On fera tout pour que les anti-corridas n’entrent pas dans le village.

Bien, merci Michel et le mot de la fin sera : Suerte !

Propos recueillis par Paco le vendredi 16 janvier 2014 à Boujan sur Libron.