Pour cette corrida des fêtes d’Istres, Bernard Marsella avait choisi de présenter une corrida en lieu et place de la traditionnelle novillada. Des toros donc, venus de Salamanca et porteurs du fer d’Adélaide Rodriguez (encaste Lisardo Sanchez), de présentation correcte, et même plus que correcte, pour la catégorie de la plaza, homogènes sur la romaine mais hétérogènes au calendrier (voir tableau ci-dessous). Corrects d’armures aussi pour la majorité, avec un bémol pour le premier aux cornes vite astilladas et un sixième sûrement arreglado (voire …) dont la corne droite saigna après un passage au cheval. Quasiment tous firent leur boulot au premier tiers avec des nuances que nous détaillerons plus bas.
David Mora reçut donc « Vaporito » par belles véroniques et demie en tablas avant de le mener au cheval pour une première pique d’inégale intensité, le bicho se collant d’abord au matelas sans s’employer, puis s’allumant sous le fer pour une poussée a mas. Deux piques plus légères suivirent, la seconde ne s’imposait pas. Le torero de Borox nous gratifia ensuite d’un joli quite par chicuelinas et demie. Après deux poses de bâtonnets (le palco faisant l’économie de la troisième paire tout au long de la tarde), Mora, une main sur la barrière, entama sa faena par passes hautes, puis baissa la main pour des séries droitières templées adaptées à la bonne noblesse du Rodriguez, lequel pécha un peu par manque de forces et d’alegria dans la charge. Un petit extraño sur la première naturelle mit fin aux intentions gauchères du torero. Final donc droitier avec deux séries de derechazos supplémentaires et quatre manoletinas, le tout agrémenté d’une trichera par ci ou d’une passe de las flores par là. Quasi-entière en place, un peu tendida, deux descabellos. Palmitas qui auraient pu se transformer en oreille si le torero avait passé plus de temps à senestre.
Abanto sortit le quatrième qui mit un peu de temps à prendre les leurres avant de s’engager dans le capote de Mora pour véroniques compas ouvert, puis pieds joints, suivies de delantales et de deux esthétiques demies. Deux piques légères en poussotant et un Adelaida se révélant mansote avec une tendance marquée à fuir le combat. Faena ambidextre intelligente du garçon qui sut capter son opposant et le garder dans une muleta sise à mi-hauteur du fait du manque de potentiel physique de l’animal. Les derechazos furent serrés, les naturelles plus souvent servies avec le pico et en perdant parfois du terrain. Terminaison par deux circulaires inversées et trincherilla, entière caida et une oreille primant l’ensemble des deux prestations.
Arturo Saldivar ne fut certes pas le mieux servi au sorteo. Quoi qu’il en soit, le garçon me laissa un peu sur ma faim : pas de toreo fleuri à la mexicaine, et surtout un manque de domino et de volonté. Saldivar reçut ainsi le second par des capotazos brouillons, puis intercala un quite par chicuelinas et farol entre deux légères rations de fer. Initiée par un cambio por la espalda au centre, la faena d’inégale valeur connut quelques courtes séquences où le jeune torero baissa la main, à droite surtout, car le passage à gauche s’avéra plus compliqué avec de nombreuses reculades. Plus intéressé par l’esthétique que par la lidia, le mexicain ne sut s’imposer. Malgré quelques jolis détails, l’ensemble ne fut guère convainquant. Entière trasera et tendida, trois descabellos. Silence.
Véroniques esthétiques faute d’être autoritaires face à ce « Cabanillo » astifino en diable dont les deux poignards arborés en guise de cornes pouvaient en inciter plus d’un à la prudence. Un peu débordé à la réception, tout autant à la mise en suerte face à la cavalerie, Saldivar laissa échapper le bicho qui fut puni d’une grosse pique carioquée après picotazo. Absense de lidia de la cuadrilla qui à l’instar du maestro afficha ses déficiences. A décharge, l’animal chargeait avec une franchise de faux-cul ! Débutée une main sur les tablas, la faena tourna court très vite, le Rodriguez obligeant son opposant à enclencher la marche arrière en permanence. Le mexicain n’insista pas et prit l’épée de mort pour mete y saca et deux-tiers en place. Palmas y pitos.
Thomas Dufau commença par perdre son capote lors d’une tentative de large cambiada afarolada de rodillas. Il ne renouvela pas la tentative et se contenta d’amener le bicho vers le centre par véroniques, l’y fixant ensuite par demie. Après deux courtes piques prises sans enthousiasme, le cornu afficha sa faiblesse par nombreuses génuflexions avant de se refuser toute intention de charge. Peu aidé par son opposant, le landais signa quelques séries ambidextres de note moyenne avant d’expédier le faiblard salmantino d’une entière rinconera. Division d’opinions.
« Poussif » fut le maître-mot de la lidia du sixième : poussives furent les véroniques de réception, tout autant fut la charge de l’animal au cheval lors de l’unique rencontre. Quite du montois par chicuelinas et rebolera puis à nouveau une faena poussive, monotone, avec des hésitations à gauche entrainant des reculades et un « Vaporiso » qui, avec le sentido de ses cinq ans et huit mois, ne se priva pas de prendre l’ascendant sur le piéton. Seule vraie note positive : l’estocade entière dans le sitio adéquat (après pinchazo). Palmas.
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Paco