Céret. 15 juillet (tarde). Encerrona de Fernando Robleño.

La corrida de l’après-midi était un sacré défi à relever : combattre six toros, beaucoup de toreros l’ont fait, mais combattre six toros du type de ceux qu’élève José Escolar Gil, peu l’ont réalisé (Ferrera dernièrement avec six Victorino ou Castaño avec six Miura). Des gladiateurs, au sens noble du terme, sans la connotation péjorative dont parle l’ADAC dans son livret de présentation de Céret de Toros 2012. Des toreros, des vrais !

Ce 15 juillet, c’était donc au tour de Fernando Robleño de montrer qu’il fait partie justement de cette race de toreros capables de lidier des toros, des vrais et non des toritos imbéciles justes bons à figurer comme faire-valoir auprès des figuritas  actuelles qui dénaturent notre Fiesta.

Hommage fut rendu au garçon dès qu’il franchit la porte, seul devant tous, pour fouler une nouvelle fois le sable cérétan et y dessiner avec le pied une croix pour conjurer le mauvais sort après avoir auparavant touché de sa main le bois des tablas.

Appelé à saluer sous l’ovation après le paseillo, Fernando était prêt !

« Calerito », 5 ans bien sonnés (avril 2007), fit son entrée. Salué par de bonnes véroniques, il fut conduit vers le centre où une demie l’arrêta. Deux piques prises avec une bonne fixité, trasera la seconde, puis une faena courte initiée par trois grands derechazos et un pécho, poursuivie à gauche par deux séries de naturelles, plus centrée la seconde avec belle trincherilla finale. Un trasteo mesuré, adapté aux conditions du bicho et qui se termina sur la main droite par une dernière série avant entière caidita efficace. Oreille.

Plus violent fut « Caralegre », cinq herbes lui aussi, qui jeta ses pattes dans le capote du madrilène, lequel dessina d’estimables véroniques. Gabin Rehabi se tailla ensuite un beau succès en trois rencontres, correcte la première assez appuyée, plus courte la seconde dont le bicho sortit seul avant d’hésiter avant de s’élancer pour la troisième (courte et trasera), le jeune picador déployant toute son énergie pour l’inviter à charger et sortant ensuite sous l’ovation. Angel Otero Beltran salua ensuite après un second tiers mené avec le brio qu’on lui connaît. Nouvelle faena relativement concise, trois séries de la droite, trois de la gauche, au total une trentaine de muletazos souvent serrés, donnés avec la main mais aussi avec le cœur. Pinchazo, entière delantera caida. Salut au tiers.

« Chumbero » sortit du toril comme un TGV, fit voler les planches puis accepta une poignée de véroniques conclue par belle demie. Deux piques assez courtes prises en poussant, la seconde après un long moment de réflexion. Brindée à Carreño, la faena de menos a mas commença par une bonne série de cinq naturelles, aidées les deux dernières, puis se poursuivit par deux séries de derechazos profonds qui assurèrent la domination du garçon, lequel arracha ensuite trois naturelles de face qui firent lever les gradins. Entière rinconera fulgurante. Oreille avec forte pétition de la seconde, deux tours de piste et bronca pour le palco. 

« Cocinero » fut accueilli par esthétiques véroniques genou plié avant de prendre deux rations de fer, light la deuxième. Distrait puis mansote en fin de faena où il refusa le combat, le bicho passa sans laisser un grand souvenir. Court trasteo sur les deux bords achevé d’une entière rinconera portée au troisième assaut. Silence.

« Artillero » , sorti en cinquième position , posa problème dès son entrée. Après une ration de fer latérale et une autre dans le morillo, les deux sans s’employer, l’Escolar sema la panique chez les banderilleros qui clouèrent au petit bonheur et un par un quelques bâtonnets fleuris. Sifflets. Bien doublé vers le centre, le bicho s’avéra court de charge et Robleño n’insista pas. Entière en place et poursuite d’un bout à l’autre de la placita, le madrilène se collant aux planches en fin de parcours au lieu de sauter, au risque de se faire clouer contre la barrière par le toro qui fort heureusement s’arrêta avant. Manque de lucidité qui aurait pu se payer comptant. Vuelta pour se remettre de ses émotions.

« Caloroso », cardeño claro de 600 kg, clôtura la tarde. Réception sans grand lustre, deux piques correctes et quite d’Alvaro de la Calle (second sobresaliente) par deux véroniques et demie. Très concentré sur son combat final (il refusa la musique), Robleño composa une bonne faena, alternant les deux bords, templant parfaitement les charges de ce bon Escolar. Engagement total d’un torero qui se remit à nouveau de face pour des naturelles de verdad et qui termina d’une mauvaise lame et d’un descabello. Le public sous le charme réclama et obtint cette fois les deux oreilles, la seconde rachetant  la sévérité du palco au troisième toro. Personnellement j’aurais inversé les trophées entre le troisième et le sixième Escolar.

Délire final, public debout, torero sur les épaules d’un banderillero, ganadero sur les épaules d’un autre. Grand moment d’émotion pour Robleño et pour tous les acteurs de cette belle tarde. Pari réussi pour le torero qui se retira avec quatre oreilles en poche, … et pour l’ADAC qui sut lui accorder sa confiance.

Gabin Rehabi reçut les prix de l’ADAC, du club taurin de Bruxelles et du club taurin « La Muleta » d’Arles pour sa prestation face au second toro de la tarde.

Paco