Après les Saltillo du premier jour et avant les Albasserada de la tarde, l’ADAC avait choisi de présenter la rame Graciliano de Santa Coloma avec des novillos des Herederos de José Maria Escobar et de Mauricio Soler Escobar, deux fers d’encaste minoritaire et donc tout à fait dans la ligne suivie par les cérétans depuis leur quart de siècle d’existence.
Déboulèrent donc dans la placita catalane de beaux novillos bien roulés et bien armés et dont le physique s’apparentait plus à celui d’un toro que d’un novillo. Il est des plazas où les bichos qui sortent en corrida (pour figuras) sont moins bien présentés que les Escobar de cette matinale.
El Dani avait gagné grâce à sa vaillance en 2011 face aux novillos de Moreno de Silva le droit de refouler le sable de Céret. Il le fit cette année avec moins de bonheur que l’année précédente. Le garçon hérita en premier d’un utrero faiblard qu’il sut capter dans son capote avant de le mener vers le cheval pour deux courtes rencontres. Le palco voulut jouer le jeu d’une troisième mais l’Escobar peu intéressé par la pièce montée ne vint pas malgré les multiples et trop longues sollicitations. Lorsqu’il se décida enfin à charger, ce fut pour recevoir une piqûre qui n’apporta rien à l’affaire. De véritable faena il n’y eut point, l’animal par faiblesse se défendant sur place. La majorité des muletazos fut enganchée avant que le novillo ne finisse par s’arrêter. El Dani voulut le contraindre à charger, en vain. Après deux pinchazos portés sans engagement, le garçon réussit à loger une entière contraire entrainant une mort un peu longuette. Palmas pour la volonté.
Le quatrième manifesta une bonne noblesse hélas entachée de soseria. Après quelques correctes véroniques de réception, l’Escobar visita par trois fois le cheval pour autant d’égratignures, puis entra dans la muleta sans envie, rendant la faena ennuyeuse. El Dani tenta d’animer son opposant mais ce dernier joua les pétards mouillés. Notre pensum s’acheva après deux demi-lames delanteras et cinq descabellos. Silence.
Imanol Sanchez, que je découvrais ce jour, est un garçon volontaire mais basto avec plus un physique de rugbyman (sans que cela revête un caractère péjoratif) que de torero. Il accueillit son premier adversaire par quelques capotazos sans grand intérêt avant de le mener au cheval pour une pique latérale suivie d’une seconde en place. Réservé, il refusa la troisième et après un (trop) long moment, le palco arrêta le tiers. Second tiers à charge du torero qui cloua correctement deux fois en cuarteant et une troisième fois al violin. Brusque dans ses charges, le bicho accrocha souvent la muleta, puis s’en prit à la taleguilla du garçon et la mit en lambeaux. Peu d’options pour Sanchez qui se défit du bicho d’une trois-quart traserita et tendida habile. Salut au tiers.
Sortit en cinquième position un Escobar qui trainait la patte et qui fut donc changé pare un sobrero du même fer. Imanol reçut le nouvel arrivant par capotazos brusques, puis le bicho partit sur la cavalerie sans mise en suerte pour une pique et deux picotazos. Trois poses assez quelconques du natif de Zaragoza puis une faena sans dominio où le garçon se contenta d’accompagner la charge, plutôt mal, sans chercher à prendre la direction des affaires. Entière delantera tendida habile de nouveau. Trois essais au descabello avant que l’Escobar ne se couche seul. Silence.
Emilio Huertas nous a donné les seules bonnes choses de la matinée, même si tout ne fut pas parfait, loin de là, car le garçon torée souvent fuera de cacho. Son premier tenta plusieurs fois de sauter au callejon avant de rejoindre le capote du protégé de Tomas Campuzano pour quelques estimables véroniques. Deux piques traseras précédèrent deux belles paires de banderilles d’Angel Otero Beltran appelé à saluer. Doublant bien par le bas en début de faena, Huertas donna ensuite une série de derechazos plus esthétique que sincère. Le garçon poursuivit sur la même corne pour deux séries supplémentaires, réduisant parfois la distance et courant toujours bien la main. A partir de ce moment, le bicho se décomposa, devenant tardo et plus violent. Essai à gauche pour trois naturelles enganchées et un derrote avant retour à droite pour une estimable série de derechazos. Belle entière delanterita. Oreille.
Le sixième bénéficia d’un accueil par capotazos temples avant de foncer deux fois de suite sur le picador, lequel manqua la cible par deux fois à la réception du bicho. José Otero Beltran (le frère d’Angel) salua lui aussi après la pose de deux bonnes paires de bâtonnets. Huertas commença à senestre une faena d’inégale intensité, le garçon avançant et reculant sur ses placements (tantôt dans le sitio, tantôt fuera de cacho) mais, point positif, gardant toujours la maîtrise de l’action. Conclusion un peu longue par deux-tiers contraire, pinchazo hondo, un tiers caida et six descabellos, deux avis ponctuant ce difficile final. Silence.
Paco
Note : Placido (Tito) Sandoval enleva une fois de plus le prix au meilleur picador de la matinée.