Céret. 14 Juillet. Toros de Moreno de Silva.

Premier événement de cette feria de Céret 2012, la despedida d’El Fundi, lequel reçut une belle ovation à son entrée en piste où il s’avança seul, ses camarades restant en retrait, puis à l’issue du paseillo lorsque le public le rappela pour une belle ovation. A noter qu’un musicien exécuta en solo au tible (si je ne me trompe pas, sorte de hautbois traditionnel en usage dans les coblas) un morceau de musique pour le futur retraité du toreo.

El Fundi reçut ensuite son premier Moreno de Silva par quelques véroniques, subissant un petit extraño en fin de réception. Trois piques pour le bicho (en place la première, trasera la seconde, latérale la troisième) et un début de faena qui confirma les doutes du torero de Fuenlabrada, à savoir un toro qui cherchait l’homme derrière le leurre à chaque muletazo. Le Fundi d’il y a 20 ans aurait tenté de soumettre la fiera, le combattant usé par tant de dures tardes d’aujourd’hui préféra abréger. Mete y saca en prenant les boulevards extérieurs, tiers de lame à l’identique et le Moreno se coucha. Maladroit à la puntilla en une douzaine d’assauts, le subalterne fit relever l’animal sous une belle bronca avant que le Fundi n’en finisse d’un descabello. Bronca.

Le quatrième était heureusement d’un autre tonneau. El Fundi le reçut par bonnes véroniques et demie avant que le bicho n’échappe à la cuadrilla pour prendre un picotazo devant la porte d’arrastre. Mis en suerte à distance, le Moreno revint se frotter à la cavalerie pour quatre rations de fer, courtes et traseras les deux premières, correcte la troisième, symbolique l’ultime qui ne s’imposait pas et dont il sortit seul. Brindée à l’assistance, la faena commença par doblones autoritaires vers le centre. Exclusivement droitier (à gauche le bicho ne voulait rien savoir),  le trasteo fut d’inégale valeur, le torero alternant séries lentes et templées, main basse, et séquences plus brusques. Entière contraire delantera après pinchazo hondo et oreille de despedida sur pétition non majoritaire. Cadeau de départ !

Javier Castaño est le belluaire en forme du moment. Il sut capter dans son capote un toro distrait qui chercha d’emblée la sortie et le fixa au centre par belle rebolera. Autre torero en forme du moment, Toto Sandoval attendu par l’aficion à chacune de ses sorties, et le picador ne fit pas défaut, piquant superbement par trois fois le Moreno avant de l’appeler pour une dernière rencontre, transformant cette dernière en regaton d’un beau mouvement de poignet qui fit tourner le palo à 180° pendant la dernière charge. Sortie ovationnée. Salut de la cuadrilla au final du second tiers pour trois bonnes poses dont deux à charge de David Adalid, très performant lui aussi. La faena ambidextre qui suivit fut un modèle d’intelligence torera, le garçon alternant les deux bords avec élégance, notamment lors d’une belle série de quatre naturelles longues et templées. Pinchazo hondo suivi d’une entière contraire tendida nécessitant un descabelle . Salut au tiers qui aurait pu être une oreille.

Le quinto fut changé après deux piques légères par un sobrero du même fer. Personnellement je l’aurais maintenu en piste, la boiterie ne me semblant pas si évidente que cela. Question d’appréciation et de pression d’une certaine partie du public. On ne gagna pas au change car ce quinto bis, après deux légères rations de fer, se montra dangereux, ayant une fâcheuse tendance comme le premier de la tarde à venir sur l’homme. Castaño fit front, dessinant quelques estimables séries sur le piton gauche, le droit s’avérant infréquentable. Demi-lame delanterita, deux descabellos. Silence.

Serafin Marin ne laissera pas un grand souvenir de son passage dans le coso cérétan. Bien au capote, il toréa par deux fois fuera de cacho avec la muleta, composant la figure et avançant la ceinture vers le bicho sitôt les cornes passées pour donner l’impression d’un engagement qui ne fut jamais au rendez-vous. Le troisième fut ainsi reçu par bonnes véroniques et demie avant de s’échapper vers le cheval qu’il renversa. Mal lui en prit car l’homme au castereño se vengea en lui administrant quelques rations de fer assassines. Soso dans la muleta (peut être accusant le châtiment), le Moreno ne permit que quelques séries ambidextres sans grand intérêt, le torero se mettant au même niveau de soseria que son opposant. Long à fixer pour la mort, le bicho défuncta d’un bajonazo de catégorie après deux pinchazos entrecoupés d’un avis. Silence.

Belle entame au capote avec cinq véroniques et demie puis un tiers de pique où le piquero accompagna le Moreno vers le centre pour quatre rations d’inégale intensité. Peu à retenir d’un dernier tiers où le torero  joua beaucoup du pico et toréa à distance respectueuse un bicho pétri de qualités que le catalan ne sut exploiter. Bien en dessous du Moreno, Marin ne laissera dans la mémoire des présents qu’une bonne série de quatre naturelles. C’est peu ! Demi-lame tendida, quatre descabellos entrecoupés d’un avis. Palmas (qui ne s’imposaient pas).

A la fin de la course, Tito Sandoval reçut le prix de l’ADAC, en compagnie de David Prados Martin et celui du Club Taurin de Bruxelles. Le Prix Tio Pepe 2011 de la Fédération des Sociétés Taurines de France (FSTF) lui fut aussi remis par Roger Merlin, Président de l’entité.

Paco

PS : n’étant pas aussi bien placé que l’an dernier, la qualité des photos est moins bonne. Ceci explique cela.