Saint-Gilles. 24 juin. Toros de Cebada Gago.

Toros de Cebada Gago pour Manuel Escribano, Alfonso Oliva Soto et Camille Juan.

Les toros du jour, correctement présentés pour la catégorie de la plaza, ont donné du jeu, sans innocence, avec ce genio et cette pointe de sentido qui maintiennent un intérêt constant.

La terna du jour, quant à elle, a mis tout en oeuvre, avec des fortunes diverses, pour assurer le succès de cette tarde qui a vu Manuel Escribano et Camille Juan Sortir a hombros aux côtés de l’éleveur.

Après une minute de silence en mémoire du ganadero Cebada Gago père récemment disparu, Manuel Escribano ouvrit la tarde face à un cinqueño affiché à 495 kg sur la romaine qu’il salua par larga cambiada afarolada de rodillas avant de poursuivre par véroniques de rodillas d’abord, puis normales en allant vers le centre où il rémata par rebolera. Suivirent deux correctes rations de fer, le torero menant le bicho au cheval par chicuelinas al paso pour la première, puis dessinant un quite par tafalleras entre les deux rencontres auquel Oliva Soto répondit par delantales, véroniques, demie et rebolera après la seconde. La tarde était lancée, d’autant qu’Escribano assura lui même le second tiers par deux bons cuarteos et un quiebro cité assis sur le marchepied. Cette volonté affichée le fit tomber à genoux au centre du ruedo pour  une entame de faena par derechazos. Le garçon alterna ensuite les deux cornes en laissant le bicho l’entrainer progressivement vers le toril jusqu’à l’extinction prématurée du Cebada qui coupa court au débat assez vite. Entière rinconera et salut.

Escribano ne comptant pas repartir bredouille mit le paquet avec son second, un cuatreño plus léger affiché à 470 kg. Après un accueil par véroniques et demie de rodillas, l’animal s’échappa vers le picador où il poussa bien par deux fois, le torero intercalant un quite par gaoneras entre les deux rencontres. Second tiers toujours à charge d’Escribano qui signa deux bons cuarteos et un violin al quiebro. Brindée à Fabrice Torrito, la faena de menos a mas fut un bel exemple d’engagement. Initié par deux cambios por la espalda, le trasteo s’étoffa progressivement, le garçon baissant la muleta et courant la main de mieux en mieux, à droite comme à gauche. Conclusion par circulaire inversée et un desplante en jetant les outils avant une nouvelle lame rinconera d’effet rapide qui fit tomber deux mouchoirs du palco.

Alfonso Oliva Soto se situa à un autre niveau, mention bien pour la volonté mais médiocre pour un travail désordonné empreint cependant de détails intéressants mais noyés dans un ensemble qui resta très brouillon. Il se fit ainsi désarmer par son berrendo premier (525 kg et presque 5 ans) lors de la réception après d’estimables véroniques un genou à terre avant de mener le bicho vers le groupe équestre qu’il poussa par deux fois tête haute. Initiée par bons doblones, la faena se poursuivit par derechazos sans grande liaison. A gauche le Cebada envoya un derrote à hauteur de visage, un avertissement insuffisamment pris en compte par le garçon qui se fit ensuite attraper par ce bicho qui tournait court et qui apprit vite à repérer l’homme derrière le leurre, ce dernier lui ayant montré la voie par un placement hasardeux et une attitude codillera. Soto passa un long moment sur la corne mais fort heureusement seul le costume en pâtit. Entière en se jetant sur la tête et oreille pour l’émotion.

Après réception quelconque, le quinto ( 4 ans, castaño, 490 kg, petit format) prit deux légères rations de fer sans s’employer puis donna quelques signes de faiblesse. Oliva Soto (en jeans) demanda une chaise pour entamer sa faena et débuta par derechazos assis sur l’instrument avant de se lever pour d’autres derechazos, la chaise dans une main, la muleta dans l’autre. La suite fut courte et d’un intérêt limité, avec cependant quelques détails isolés. Nouvelle voltereta pour les raisons précédemment évoquées, sans conséquences à nouveau et terminaison par entière contraire. Vuelta.

Camille Juan fut la bonne surprise du jour. Bien qu’ayant peu de contrats au compteur, le garçon surprit par sa volonté et la maturité de son toreo. Il accueillit son premier (septembre 2007, 480 kg) par d’esthétiques véroniques genou plié avant de gagner le centre par véroniques, chicuelinas et demie terminale. Après deux courtes piques prises en poussant, le bicho éprouva le toreo de Camille par de rapides demi-tours, obligeant le nîmois à rompre. Malgré la charge pesante de l’animal, le garçon toréa avec sincérité et courage, laissant d’estimables muletazos ambidextres sur le sable gardois. Final par tiers de lame efficace. Vuelta.

Le sixième (cinq ans et demi, 520 kg) cherchant la sortie fut un peu long à fixer, d’où des capotazos de réception sur le voyage. Il poussa deux fois le cheval, tête haute la première fois, sortant seul du matelas la seconde. Doublant bien genou à terre, Camille l’entraina ensuite dans de profondes séries liées, à droite comme à gauche, main souvent basse et dans un terrain réduit. Un travail concis, achevé et efficace conclu par deux circulaires complètes, une circulaire inversée et deux trincherillas. Domination complète du garçon qui tua en toda ley d’une entière contraire perçante portée a recibir. Deux oreilles qui comptent dans la carrière du garçon qui mériterait de se voir offrir d’autres opportunités.

Manuel Escribano et Camille Juan quittèrent la plaza a hombros en compagnie de José Cabada Gago.

Note : temps lourd. Demi-entrée (concurrence avec Tarascon ?).

Les areneros de Fiesta Brava de Vergèze remirent au ganadero une devise noire avant la sortie du deuxième toro.

 Paco