Istres. 17 juin. Corrida de rejon.

Toros de Carmen Lorenzo et San Pelayo, bien présentés pour ce type de spectacle (point trop afeités mais souvent d’armures commodes). Tous donnèrent du jeu à des degrés divers, collaborant sans innocence et posant parfois quelques problèmes que la terna du jour sut résoudre.

La tarde commença par une minute de silence à la mémoire de Madame Fano, ganadera locale récemment disparue.

Que la famille trouve ici l’expression de ma profonde sympathie.

Rui Fernandez entama cette corrida équestre avec un toro gacho qu’il sut d’emblée capter dans la queue de sa monture avant de clouer deux rejones de castigo, en place le premier, dans l’épaule le second, ce qui peut expliquer le fait que l’animal ne put aller au bout de ses intentions au dernier tiers. Trois banderilles citées de face avec les traditionnelles poursuites templées en appuyer au galop, pirouettes devant le frontal puis trois roses dont la pose se termina par un salut du cheval genou à terre. Hélas final moins réussi par rejon de muerte très latéral complété de trois descabellos. Palmas. Le quatrième manqua de fixité dans ses charges et rompit souvent ses poursuites. Deux rejons de castigo, en place cette fois, précédèrent la pose de cinq banderilles posées al quiebro après cites de face. Suivirent deux roses et une paire de banderilles à deux mains clouée un peu de côté. Deux descabellos après rejon de muerte en place. Le public, pourtant prompt à s’enthousiasmer, ne réserva que quelques applaudissements au portugais, trouvant sûrement (comme moi) que cette dernière faena pécha par manque de variété et de transmission.

Diego Ventura joue dans une autre catégorie. Torero jusqu’au bout des éperons, il sut capter l’attention d’un bicho pas facile qui mesura la barrière à plusieurs reprises, refusant de se fixer le cheval et chargeant par brusques accélérations. Le centaure mit de l’ordre dans tout ça lors de la pose du rejon de castigo, fixant le Carmen Lorenzo pour ne plus le lacher. Suivit une première pose de banderille en entrainant l’animal dans un tour complet du ruedo templant sa charge par appuyers, mufle du toro touchant quasiment la cuisse de la monture. Ventura récidiva sur le même principe lors de la pose de la seconde, puis en cloua deux en citant de face, pirouettant ensuite face au frontal. Loin de s’en tenir là, Diego cloua ensuite trois courtes, puis une paire de courtes à deux mains, s’adornant par deux fois en suerte du téléphone. Le rejon contraire efficace libéra deux mouchoirs des mains du président. Le cinquième bouscula le cheval sur un manque d’attention du cavalier avant que celui-ci ne se reprenne pour planter deux rejones de castigo à l’endroit adéquat. Suivirent quatre poses de banderilles variées avec appuyers au galop à deux pistes, pirouette, quiebro, cite à trois mètres. Encore trois courtes avec monture touchée, puis deux roses avant un final difficile avec les aciers : tiers de lame, pinchazo, tiers de lame et descabello. La récompense se réduisit donc à un salut au tiers.

Francisco Palha est un garçon bouillant, accrocheur mais j’ai trouvé personnellement que ses faenas manquaient de variété. Bien capté dans la queue de la monture, le troisième toro s’avéra souvent distrait, même après la pose du rejon de castigo. Le défaut se retrouva lors des poses de banderilles où il fut un peu long à fixer. Quatre poses al quiebro, une al cuarteo dans un style efficace mais un peu brusque (défaut de jeunesse). Une cinquième pose al violin, bien maitrisée, puis deux courtes conclurent le second tiers avant un rejon de muerte concluant, le garçon sautant de sa monture pour un desplante genou à terre face au bicho agonisant. Oreille. A l’identique fut le trasteo au sixième toro de la tarde : deux rejones de castigo en place, cinq banderilles, trois courtes et deux pinchazos précédant rejon de muerte hémorragique. Forte pétition d’oreille et un pavillon pour récompenser la volonté du jeune portugais.

Temps chaud, deux tiers d’arène, tarde agréable pour conclure cette feria.

 Paco