Une tarde grise et venteuse, une chaleur venue d’Afrique (presque 30°). Des toros de Pagès-Mailhan d’origine Arranz par César Chico, un peu juste de présentation pour certains, tous nés entre mars et avril 2008 (une herbe de plus les aurait favorisés), pas très armés (leur encaste ne l’est pas en général mais …) et manquant souvent de moteur.
Et appelons un chat un chat, le lot de Castaño en particulier pouvait sembler douteux. De là à penser que peut-être … Certains aficionados ont franchi le pas et l’ont fait savoir en protestant dans les gradins. Le premier de la course, en tout cas, aurait pu (et/ou dû) être changé.
La tarde commença par deux hommages, l’un à Julien Lescarret qui entame sa temporada d’adieu, l’autre à une figura du mundillo, Paco Corpas, dont l’activité militante fit avancer la condition des toreros. Chacun fut gratifié d’un cadre souvenir.
Javier Castaño est passé par Saint Martin. Les présents n’en garderont pas un grand souvenir. RAS au capote face au premier de la tarde qui sortit les cornes en pinceaux puis cabecea dans le peto sans pousser à la première rencontre avant de se voir à peine égratigné à la deuxième. Muleta en mains, Castaño toréa sur les deux bords avec le pico de la muleta, prenant bien soin de ne pas tacher son costume. Vu la distance entre lui et le toro, le but fut très certainement atteint. Même précaution à la mort : pinchazo, épée dans le flanc, cinq descabellos. Silence gentil (ceux qui sifflèrent étaient dans le vrai !).
Face au quatrième, bizco et astillado, Castaño donna l’illusion que les choses allaient changer en prenant son toro dans les plis du capote, puis en l’emmenant vers le centre où il rémata par correcte demie. Après deux piques légères, c’est David Adalid qui se distingua en deux superbes poses face aux cornes. Le public l’obligea fort justement à saluer. De la faena, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Toréant avec le pico et sur le voyage, Castaño servit un trasteo principalement droitier et profondément insipide. On ne sait pourquoi il tint à tuer a recibir un bicho qui n’avançait plus. Bilan : un pinchazo et une entière caida, limite bajonazo, portée plus a l’encuentro qu’a recibir. Silence.
Julien Lescarret toucha le toro le plus brave de la tarde au cheval, bien que certaines réactions du bicho me laissèrent parfois penser qu’il y avait une certaine mansedumbre sous-jacente. Le landais joua le jeu du premier tiers comme si on était en concours. Le toro se prêta au jeu et vint trois fois au cheval, poussant correctement lors des deux premières rencontres, puis sortant très vite et sans sollicitation de la troisième. Julien le doubla avec métier avant de dessiner deux bonnes séries de derechazos, tenta la corne gauche qui s’avéra plus accrocheuse lors de la première série de naturelles, moins âpre sur la suivante. Julien termina en deux assauts d’une demi-lame tendida suivie d’une ration complète, tendida elle aussi. Le palco accorda une vuelta un peu généreuse à l’animal qui finit sa vie publique a menos. Julien quant à lui se retira sous quelques palmas.
Le quinto était très certainement le mieux présenté du lot. Hélas, il fut très mal piqué en trois rencontres, le cavalier fichant son fer au milieu du dos à trois reprises. Julien dessina ensuite un semblant de faena droitière qui ne fit guère passer le frisson dans les gradins. Seule l’entière en place foudroyante après un pinchazo mérite d’être retenu. Palmas et salut de despedida.
Miguel Angel Delgado (dont le père, banderillero connu était présent dans la cuadrilla) représentait la découverte du jour. Elégant, sûr de lui, il se montra à son avantage bien que semblant manquer un peu de personnalité. Il reçut le troisième par bonnes véroniques et demie puis le mena au cheval pour deux piques prises en cabécéant. Au dernier tiers, le garçon doubla intelligemment avant de donnertrois bonnes séries de derechazos. Ce fut tout car le toro s’avisa très vite et lui vint dessus lors du changement de main, tendance qui s’affirma lors du retour à droite. Delgado abrégea sagement d’une entière caidita complétée d’un descabello. Salut au tiers.
RAS au capote à l’entrée du sixième qui poussa un peu le cheval sans fixité lors de la première rencontre, puis sortit seul du second vaccin. Au second tiers, le bicho se montra poussif, tout autant lors de la faena (brindée à Juan Bautista). Delgado sut le convaincre de participer et le bicho se plia sans enthousiasme à la volonté du torero qui put ainsi dessiner quelques bonnes séquences principalement droitières. Final un peu brouillon par circulaire inversée, naturelles, molinete et pecho. L’entière contraire fit tomber le Pagès-Mailhan dont le jeune homme se vit attribuer un pavillon.
Paco