Au menu six toros de Patrick Laugier, inégaux de présentation et de comportement, le premier frôlant l’invalidité, assez faibles dans l’ensemble, à une ou deux exceptions près.
Marc Serrano ouvrit la tarde avec un premier face auquel il se changea en infirmier pour maintenir l’animal sur pieds. Larga cambiada afarolada de rodillas, correctes véroniques en gagnant le centre et rebolera pour commencer, puis un vaccin pour la forme avant d’attaquer un semblant de faena qui ressembla à un chemin de croix (on approche de Pâques) tant les génuflexions furent nombreuses. Difficile de reprocher quoi que ce soit au torero avec un tel matériel, sauf de s’octroyer une vuelta finale qui n’avait pas lieu d’être, surtout après une lame atravesada qui précéda un trasteo qu’il est superflu de détailler.
Mehdi Savalli a été le seul à égayer un peu cette morose tarde, bien que le final de sa prestation fût des plus indigestes. Après un accueil par véroniques, chicuelinas et demie, l’arlésien mena le bicho au cheval pour une pique désordonnée au cours de laquelle le Laugier contourna la pièce montée pour finalement l’envoyer au sol. Second tiers bien mené par Mehdi avec un cuarteo, un sesgo por fuera et un violin. Initiée par passe cambiada au centre, la faena connut quelques correctes séquences mais se détermina par un nombre incalculable de circulaires inversées qui me firent décrocher de son travail et regarder ailleurs. Les lecteurs réguliers savent ce que je pense de l’abus de cette suerte. Entière en place et deux oreilles (de festival).
Esau Fernandez eut du mal à garder le troisième dans le capote pour lui servir quelques véroniques avant qu’il ne prenne une pique en cognant dans le matelas. Débutée sur la corne gauche, la faena tourna court du fait du manque de forces du bicho qui finit par s’arrêter et se défendre sur place. Quelques suertes isolées laissèrent devenir le potentiel du garçon qui termina dans les cornes pour arracher quelques muletazos supplémentaires. Salut après entière caida.
Thomas Cerqueira dut se colleter avec un toro violent qui envoya d’entrée les pattes dans le capote puis qui poussa dans la première pique carioquée avant de reprendre une ration homéopathique pour la forme. Face au seul toro vraiment solide de l’envoi, le biterrois commença par doubler par le bas, puis utilisa une tauromachie de combat pour soumettre le bicho, sans y parvenir. Après un ensemble de demi-passes ne pouvait être baptisé faena, le garçon en termina difficilement d’une trois-quart desprendida suivi d’une autre trois-quart plus correcte, les deux lames entrecoupées de trois descabellos et de deux pinchazos. Palmitas de sympathie.
Cayetano Ortiz ne put (ou ne sut) rien faire au capote face au quinto, un toro abanto qui cogna dans le matelas sans s’y employer. Guère mieux muleta en main où j’ai trouvé le garçon fragile, toréant sur le voyage sans obliger un bicho non exempt de qualités mais qu’il fallait contraindre, ce qu’il ne fit jamais. Quelques enjolivures pendant la faena (passe de las flores, passe du mépris) et un final par bernardinas serrées qui fut le seul point fort du trasteo du garçon. Entière delantera et un toro qui résiste bravement à la mort, pliant souvent les pattes et se relevant pour repousser l’inéluctable. L’oreille accordée fut on ne peut plus généreuse.
Fabio Castañeda reçut bien l’ultime de la course par véroniques, puis le banderilla en deux cuarteos et un violin faciles. Commencée assis sur l’estribo, la faena dut être composée sur la corne droite, la gauche s’avérant trop accrocheuse. Les derechazos servis à ce bicho mansote furent souvent enganchés, l’animal se défendant et se feinant dans l’étoffe. Final par toreo encimista puis passes hautes aidées avant trois-quart caida hémorragique portée au troisième assaut. Oreille (de festival).
Paco